jeudi 6 mars 2014

Marseille : quinze ans de réclusion pour le meurtre de sa mère

"La première victime, c'est la femme que j'aimais le plus au monde, c'est ma mère. Je lui demande pardon." Ultimes paroles de Kader Medjebeur, 47 ans, meurtrier de Kheïra, tuée de six balles par un fils qu'elle appelait "mon enfant de Dieu".
Cet agent de sécurité parricide a été condamné, hier, à 15 ans de réclusion criminelle. Les jurés ont écarté l'irresponsabilité pénale de cet accusé atteint d'une paranoïa. C'est ce que leur demandait l'avocate générale Nadine Perrin en requérant 15 à 18 ans de réclusion criminelle. Les jurés ont adopté une mesure de suivi sociojudiciaire durant dix ans à compter de sa libération et ont fixé à sept ans la peine encourue en cas d'inobservation des obligations, notamment la prise d'un traitement stabilisateur contre sa maladie mentale.
Une précaution prise en raison du caractère incurable de la pathologie dont souffre Kader Medjebeur et des risques qu'elle fait planer sur d'autres membres de sa famille.

"Ma mère me traite comme un salaud"

Son avocat, Me Frédéric Monneret avait vigoureusement plaidé son acquittement en raison d'une irresponsabilité pénale, conséquence de troubles psychiques ayant aboli son discernement au moment des faits. "Ne soyez pas influencés par les apparences raisonnables, a-t-il lancé aux jurés. Il a un jugement annihilé par des troubles mentaux. Au moment des faits, il pense être trahi par sa mère et sa famille."
Croyant - à tort - que la promesse de donation à son profit de la maison familiale du quartier du Charel à Aubagne ne se ferait plus, "je sens alors le monde qui se retourne contre moi, ce n'est plus moi le maître à bord". Et poursuivant le récit d'une "explosion pulsionnelle" : " Cette fois-ci, ça ne va pas se passer comme ça. Ma mère me traite comme un salaud qui veut la mettre dehors. Mon corps s'est rigidifié, j'ai sorti une arme et j'ai tiré".
L'avocate générale ajoute que, ce 28 juillet 2011, les deux dernières balles sont tirées alors que sa mère est déjà au sol. "C'est à la fois très aggravant, selon Nadine Perrin, mais on peut aussi l'interpréter comme quelqu'un qui ne réfléchit plus".

"Les fous n'ont rien à faire en prison"

Les jurés avaient à arbitrer l'opposition d'experts psychiatres, les uns ayant conclu à l'abolition du discernement de cet homme - ce qui aurait induit un acquittement et une hospitalisation d'office -, les autres ne retenant qu'une altération du discernement. Une altération devant se traduire par une atténuation de la condamnation. "Les fous n'ont rien à faire en prison, a martelé Me Monneret. Et ce n'est pas faire un cadeau que d'envoyer les malades en psychiatrie. Il est plus facile de sortir, un jour, de prison avec la décision d'un juge d'application des peines, que d'un hôpital, ce qui nécessite plusieurs expertises."
Défenseure de trois des quatre soeurs et du vieux père de l'accusé, Me Nicole Pollak s'est dite inquiète, "non pas de la froideur affective de Kader Medjebeur mais du fait qu'il n'évolue pas". L'avocate s'est fait le porte-voix de cette famille démantibulée dans laquelle Kader "se prend pour la locomotive".
Elle a livré la crainte de ces femmes : "On ne sait pas ce qu'il a dans la tête et tout le monde considère que c'est un paranoïaque difficile çà soigner". Une peur qui s'ajoute au calvaire : "Elles ont dû nettoyer le sang de leur mère sur le sol et les murs de la maison familiale, cela fait partie de la peine et de leur souffrance".

http://www.laprovence.com/article/actualites/2779047/marseille-quinze-ans-de-reclusion-pour-le-meurtre-de-sa-mere.html

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