mardi 1 avril 2014

Les curieuses annotations littéraires d'Agnelet

Devant les assises d'Ille-et-Vilaine, l'ex-amant d'Agnès Le Roux a juré que les mentions de sa main sur des livres de La Pléiade n’étaient pas liées à des événements clés du Palais de la Méditerranée
À l'entame de la troisième semaine de débats devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, Maurice Agnelet a passé, hier à Rennes, un après-midi difficile. Interrogé sur l'un des piliers de l'accusation - les annotations de sa main retrouvées sur des livres de La Pléiade et paraissant renvoyer à des événements clés de l'affaire Le Roux - l'ancien avocat a paru approximatif et souvent fuyant.
Le 17 mai 1977, alors qu'il se trouve en Suisse avec Agnès Le Roux pour transférer une partie des fonds versés à sa maîtresse par Fratoni, il inscrit sur un ouvrage de Montaigne " PM PV(Palais de la Méditerranée, le casino de la Promenade des Anglais, Palais Vénitien les murs de l'établissement)Amitiés ".
>>LIRE AUSSI.
Le 30 juin 1977, jour de la trahison d'Agnès qui vote contre sa mère et lui fait perdre le fleuron familial, " Sécurité PM PV " sur un livre d'André Gide.
Le 7 octobre 1977, jour de la seconde tentative de suicide d'Agnès"Classement dossiers PM PV". Enfin le 2 novembre 1977, alors que sa maîtresse vient de se volatiliser, "Reclassement dossiers PM PV. Liberté".
Depuis trente-sept ans, Agnelet nie une quelconque responsabilité dans la disparition de la jeune héritière de casino.
« La vérité est toujours bonne à prendre »
Sans surprise, il répète que les annotations sont strictement littéraires et renvoient aux seules œuvres. Le mot amitié aurait trait à celle qu'entretenait Montaigne avec La Boétie. La sécurité ferait écho aux écrits de Gide. Mais pourquoi ajouter en leitmotiv PM PV à des dates déterminantes dans la vie d'Agnès et du casino familial ?
>>LIRE AUSSI.
D'une voix de vieillard fatigué et las d'être harcelé, Agnelet invoque une mémoire défaillante. Il multiplie les digressions, feint de se battre avec un micro capricieux. Il entame un long monologue, hors sujet, puis lance tout à trac : quelle était la question ?
L'avocat général Philippe Petitprez comme le président Philippe Dary ne se laissent pas démonter. « Le 7 octobre 1977,s'étonne ainsi le président,vous venez de signaler la seconde tentative de suicide d'Agnès et vous classez les dossiers PM PV ? L'accusé rit, reprend son thème favori, sans lien direct avec l'échange en cours, du vote d'Agnès qui, même favorable à sa famille, « n'aurait pas permis la reconduction de sa mère à la tête du Palais de la Méditerranée ».
Ce procès est une « aberration »
« Après votre condamnation à Aix, intervient à la partie civile Me Hervé Temime, Renée le Roux n'était pas satisfaite. Elle ignorait toujours où était le corps de sa fille. La vérité, elle est toujours bonne à prendre, même tard ». Agnelet ne saisit pas la perche. « Je ne sais pas où est Agnès », tonne-t-il soudain, comme excédé. « Je ne l'ai pas tuée ».
>>LIRE AUSSI.
L'accusation s'énerve à son tour, son défenseur, Me François Saint-Pierre« n'a pas à émettre des hypothèses mais à prouver des faits. Ce procès est une aberration, il n'y en a pas deux comme celui-là… »

Aucun commentaire: