dimanche 11 mai 2014

JUSTICE. Le mystérieux meurtre d’un expert de Drouot aux assises

Le dimanche 13 mars 2011, Jimmy Drulhon, expert en livres anciens notamment pour Drouot, était retrouvé par un ami mort égorgé dans son lit. Sur fond de prostitution gay, un jeune Roumain comparaît à partir de lundi à Paris pour ce crime, qu’il nie.
Le dimanche 13 mars 2011, Jimmy Drulhon, expert en livres anciens notamment pour Drouot, était retrouvé par un ami mort égorgé dans son lit. Sur fond de prostitution gay, un jeune Roumain comparaît à partir de lundi à Paris pour ce crime, qu’il nie.
Quand son ancien amant, resté très proche et qui a un double des clés, retrouve Jimmy Drulhon, 65 ans, tué dans son appartement de la rue d’Assas, dans le très chic 6e arrondissement de Paris, le mystère semble complet. Pas de traces d’effraction ni de lutte. Un profil génétique dans une tache de sperme et des empreintes, mais inconnus.
Le téléphone et l’ordinateur portable de la victime, un appareil photo, ses cartes de paiement et papiers d’identité ont disparu.
C’est l’agenda de l’expert, la téléphonie et sa carte bancaire qui donneront des pistes. A la date du 11 février, Jimmy Drulhon a ainsi noté: «SqH IV - Renc. Daniel (Rom)». Puis le 7 mars: «dîner chez moi avec Daniel». Et le 10 «dîner chez moi avec Alain. Arrivée Daniel chez moi puis clash. Bye bye».
La première entrée met les policiers sur la piste d’un lieu de rencontres gay, souvent tarifées, du 4e arrondissement.
Les relevés téléphoniques montrent de leur côté que quelques jours après la première mention d’un «Daniel», Jimmy Drulhon a été appelé par un numéro mobile roumain, qu’il a lui-même contacté à plusieurs reprises.
Enfin, sa carte bancaire a été utilisée après son décès, notamment le soir du meurtre, dans une station service près de Paris puis à un péage autoroutier à Metz et le lendemain sur une aire d’autoroute à Baden Baden, en Allemagne.

« Le coupable parfait »

La vidéosurveillance montre que la personne ayant tenté un retrait dans la station service circulait à bord d’un véhicule immatriculé en Roumanie. La police allemande, qui avait contrôlé ce même véhicule le 14 mars, fournit l’identité des trois passagers.
Des recoupements concentrent rapidement les soupçons sur Laurentiu Daniel Ghintu, aujourd’hui âgé de 35 ans. Un mandat d’arrêt est lancé en juin et le jeune homme se présentera spontanément à la police à Nice le 19 juillet.
Il reconnaît la relation avec Jimmy Drulhon, y compris la dispute du 10 mars, et les vols, mais dément farouchement l’avoir tué.
Selon lui, il s’est rendu ce jour-là chez Jimmy Drulhon et a dérobé ses affaires pendant que ce dernier prenait une douche après une relation sexuelle. Puis, les deux hommes se seraient rendus au jardin du Luxembourg tout proche, où ils se seraient séparés. Ni son ADN ni ses empreintes ne correspondent à ceux retrouvés chez la victime.
Mais pour les enquêteurs, des contradictions dans ses déclarations sur la journée du crime et le faisceau de présomptions sont suffisants pour le renvoyer aux assises.
«C’est le coupable parfait, mais il n’y a aucun élément matériel objectif», martèle au contraire un de ses défenseurs, Fabrice Epstein. «Le fameux bye bye, ça fait pas grand-chose pour envoyer quelqu’un derrière les barreaux pour 20 ans».
Le procès doit durer jusqu’à vendredi, l’accusé risque la perpétuité.
 

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