dimanche 16 novembre 2014

Il tabasse l’homme qu’il soupçonne d’avoir agressé sa soeur

À la barre du tribunal correctionnel de Reims, ce vendredi, Jean-François S., la voix étranglée par l’émotion, vacille : « Je regrette ! J’ai failli tuer quelqu’un… Honnêtement, s’il avait tenté de me frapper, je crois que j’aurais pu aller encore plus loin. »
Deux jours plus tôt, cet homme de 35 ans, parfaitement inséré sur le plan socioprofessionnel et père de deux enfants, est alerté par son épouse. La petite sœur de Jean-François, âgée d’une quinzaine d’années, dit s’être fait violer. Elle désigne son agresseur présumé. Jean-François l’appelle. « Je lui ai demandé : T’as violé ma sœur, fils de p… ? Et il m’a répondu : J’aurais pas dû faire ça… Après, je n’ai plus rien entendu et j’ai foncé. » Accompagné de sa femme enceinte qui tente de le dissuader, le grand frère s’en va rendre la justice. À sa manière.
Une heure de route plus tard, arrivé dans les Ardennes, Jean-François, muni d’une petite batte de base-ball, sonne chez l’agresseur et, sans préavis, le frappe. Une première fois avec la batte, la suite avec les poings. Son expédition punitive achevée, Jean-François embarque sa victime et s’en va expliquer tout ça aux policiers du commissariat de Reims.

Culpabilité et incrédulité

Ces derniers enquêtent. Et, rapport gynécologique à l’appui, concluent vite que la petite sœur de Jean-François n’a pas été violée. Elle-même confirmera que le rapport sexuel qu’elle avait eu était consenti. Celui qui avait voulu dire à Jean-François « Je n’aurais pas dû coucher avec ta sœur », se voit décerner une ITT de trente jours.
La lecture du rapport des policiers fait tomber de très haut le prévenu. Désorienté par son « coup de folie », il exprime regrets, culpabilité et incrédulité. Certaines fêlures d’enfance remettent quelque peu en perspective son degré aveuglement : des années auparavant, son petit frère a été victime d’un pédophile ; plus récemment, son grand frère et sa mère sont tour à tour décédés ; son père est malade : Jean-François se retrouve chef de famille, titre plutôt pesant.
Si la substitut du procureur note « des tonalités de sincérité » chez le prévenu, elle l’invite « vivement » à s’interroger sur « cette colère qui est un danger : pour la victime, pour vous et pour votre famille ! » Un an de prison requis, dont six mois avec sursis. Me Diallo, avocat de la défense, tout en reconnaissant la nécessité de condamner son client, estime que son incarcération serait « contre-productive ».
Les juges tranchent : un an de prison, dont huit mois avec sursis, contre Jean-François. La partie ferme de sa peine sera aménagée, lui permettant d’éviter la prison. Obligation de soins et interdiction d’entrer en contact avec la victime. Celle-ci n’avait pas réclamé de dommages et intérêts, demandant seulement à ce que le bouillant grand frère le laisse « tranquille ».
http://www.lunion.presse.fr/region/il-tabasse-l-homme-qu-il-soupconne-d-avoir-viole-sa-soeur-ia3b25n440416

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