mercredi 3 décembre 2014

Localisation des radars sur Facebook : 15 automobilistes fixés sur leur sort

Ont-ils enfreint la loi ? Ou sont-ils victimes, comme ils le dénoncent, de l'"hypocrisie" de la loi ? 15 automobilistes qui signalaient les radars sur une page Facebook vont être fixés sur leur sort ce mercredi. Des suspensions de permis de 15 jours à 4 mois ont été requises
C'est un procès inédit dont on va enfin connaître l'épilogue. Quinze membres d'un groupe Facebook "antiradar" vont être fixés sur leur sort ce mercredi. Le tribunal correctionnel de Rodez va en effet indiquer si ces automobilistes ont droit, ou non, de signaler sur le réseau social, la localisation des radars sur les routes de l'Aveyron.
Des suspensions de permis de 15 jours à 4 mois avaient été requises à leur encontre. Le procureur s'en était notamment pris à Facebook, une "blogosphère où tout serait permis et où dénoncer les gendarmes donnerait un statut de héros". La défense des prévenus a, au contraire, dénoncé une "hypocrisie" de la justice, en faisant valoir que les systèmes d'aide à la conduite fournissaient les mêmes informations.
 
L'avocat a demandé à la relaxe
Ces dispositifs" sont les grands absents de ce procès" avait lancé dans sa plaidoirie l'
avocat Rémy Josseaume, expert en droit automobile, qui défend 11 des 15 prévenus. L'avocat a demandé "la relaxe ou une dispense de peine" pour eux après avoir ironisé en lançant peu avant l'audience : "Voilà les terroristes du Net".

Les quinze prévenus répondent de "soustraction à la constatation des infractions routières". Parmi eux, huit sont également poursuivis pour "outrages" après avoir qualifié les gendarmes sur la page Facebook de noms d'oiseaux. A l'encontre de ces derniers le procureur a requis des peines d'amende de 300 à 500 euros.
"Je ne comprendrais pas que nous on morfle et pas les autres"

Créée en 2012, la page Facebook du groupe "qui te dit où est la police en Aveyron", comme il se fait appeler, écrit notamment à l'attention des internautes: "Tu vois une camionnette bleue, un radar, des motards... viens le signaler"!

Ce type de pages réunit "entre 600.000 et 800.000 membres sur Facebook", assure Me Josseaume. L'avocat a plaidé qu'aucune loi n'était en fait violée, car selon lui le groupe sur Facebook ne peut pas être assimilé à un "détecteur de radars", dont l'utilisation est passible d'une amende de 1500 euros et d'un retrait de six points sur le permis.
"Mettre en danger la vie d'autrui"
A l'audience, un des prévenus avait souligné qu'il y avait "énormément de groupes Facebook de ce type en France. Mais on n'indique pas que des radars... On signale aussi de la neige ou des bêtes sauvages ou des bouchons", avait-il relevé. Un autre prévenu a affirmé que "des gendarmes avaient également ce genre de page Facebook" signalant les radars. "Je ne comprendrais pas que nous on morfle et pas les autres", s'est-il plaint.

Les associations pour la
sécurité routière voient, elles, un dangereux instrument dans ce groupe Facebook. "La vitesse tue et le fait qu'on essaie de déjouer les systèmes de contrôle, c'est se mettre en danger et mettre en danger la vie d'autrui", estime Bernard Stasiowski, directeur de l'Association prévention routière dans l'Aveyron.
 

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