mardi 3 février 2015

Procès du Carlton : premier témoignage de prostituée, sans DSK

Dominique Strauss-Kahn, qui ne doit être entendu que la semaine prochaine au tribunal de Lille sur les accusations de "proxénétisme" aggravé qui pèsent sur lui, a eu l'autorisation de s'absenter ce mardi. Ses avocats n'en sont probablement pas mécontents, puisque les juges ont entendu pour la première fois une des prostituées qu'il a connues.
Cette jeune femme, qui a aujourd'hui quitté cette activité, est une des deux professionnelles qui se sont constituées parties civiles. Souvent au bord des larmes, elle a trouvé des mots durs et précis pour décrire la réalité de la prostitution. Elle a raconté avoir pris l'initiative de devenir prostituée en Belgique en 2007, en raison de difficultés financières consécutives à un divorce.
Je me suis retrouvée seule avec mes enfants, trop jeunes pour être scolarisés, j'ai cherché du travail mais avec le prix de la garde, il ne me restait pas assez. J'ai répondu à une annonce dans un journal", a-t-elle raconté.
"J'ai dû recomposer le numéro de téléphone plusieurs fois. J'ai regardé le frigo et il était vide. Je me suis dit qu'il fallait que je me lance. En route vers le premier rendez-vous, il a fallu qu'on s'arrête, parce que j'ai été brutalement indisposée tellement j'étais morte de trouille".
Elle a raconté être devenue ensuite hôtesse dans un bar détenue par Dominique Alderweireld dit "Dodo la saumure" en Belgique. "Ça me permettait d'avoir une activité pendant que les enfants dormaient et de m'occuper d'eux la journée".
La jeune femme a été amenée à se rendre avec d'autres femmes dans des rencontres sexuelles à Lille organisées entre "Dodo la saumure" et René Kojfer, officiellement "chargé des relations publiques" du Carlton et en réalité de ces questions de prostitution.
Les femmes, trois ou quatre, rencontraient autant d'hommes dans un logement proche du Carlton. Il s'agissait de René Kojfer, de Hervé Franchois, propriétaire du Carlton et de Francis Henrion, le gérant, a-t-elle dit. "Ils vous invitaient pour le déjeuner ?" a demandé le président. "Oui. Et nous, on était peut-être le dessert", a-t-elle répondu.
Les filles étaient payées normalement 200 euros chacune, mais à une reprise, René Kojfer, décrit comme avare par plusieurs témoins, ne lui a finalement remis que 120 euros avec ces mots : "les temps sont durs", s'est-elle souvenue.
D'une manière générale, elle n'en veut pas à René Kojfer ou aux autres. "C'était classe, c'était pas la grosse boucherie, ce n'était pas une ambiance où on se sentait diminuée". Mais elle déplore que circule chez ceux qu'elle a connus l'idée qu'elle aurait choisi d'être prostituée. "Quand on paye pour un acte physique, c'est imposer un choix que l'autre n'a peut-être pas.

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