Jour 2 : lundi 2 mars
10 heures: la sinistre soirée du 24 mars 2013Audrey Chabot passe alors le week-end avec son fils de 13 ans, habituellement placé en foyer. Son compagnon, qui entretenait une liaison avec elle depuis deux ans mais ne vivait pas avec elle, vient boire l'apéro. La jeune femme sort acheter des tickets de jeu à gratter et son compagnon ouvre le congélateur pour préparer un repas au fils d’Audrey Chabot.
Il voit deux sacs poubelles. Le premier contient une serviette éponge entourant quelque chose mais même avec un couteau il n'arrive pas à l'ouvrir. Il parvient à ouvrir le second paquet et voit apparaitre le crane d’un nourrisson. Paniqué il le remet dans le frigo et demande à l'adolescent d'appeler son grand-père. Le garçon fond en larmes et demande ce qu’il se passe. Quand Audrey Chabot revient son compagnon a fermé la porte de l’appartement et il lui hurle : Qu’est-ce que tu as fait ?
Elle parvient à entrer par la fenêtre et en voyant la porte du congélateur entrouverte elle comprend. Pour protéger son fils elle demande à son compagnon : " tu as trouvé le gigot ?" Elle s’empare alors d’un couteau et tente de se suicider. Son compagnon la désarme et son fils place tous les couteaux de la cuisine dans la poubelle.
Pendant que son compagnon emmène l’adolescent et alerte la gendarmerie, Audrey Chabot prend sa voiture et veut se suicider sur la route, un appel de son père la dissuade. Elle retire alors de l’argent" car on en a besoin en prison" et elle retourne chez elle ou elle prépare son sac. A l’arrivée du gendarme de permanence, elle montre un cabas sur le canapé qui contient les deux bébés congelés et elle lui dit : " j’ai recommencé..."
Jour 1 : vendredi 27 février
16h45 : les deux visages d'Audrey ChabotIl y avait deux Audrey Chabot selon tous ceux qui la côtoyaient. Ses employeurs dans le PMU ou au Spirit bar d'Ambérieu décrivent une jeune femme avenante, toujours souriante, extrêmement dynamique, ponctuelle, appréciée des clients. "C'était un tracteur" résume un témoin pour souligner l'énergie communicative de la serveuse. "Dans mon travail, je me sentais plus libre, c'était un exutoire pour moi" explique la jeune femme.
Mais dans sa vie privée, Audrey Chabot se révèle immature, incapable de gérer ses émotions et de s'assumer. A plusieurs reprises, elle évoque le "manque de confiance en soi" et la "honte" qui expliqueraient en partie ces grossesses cachées et non assumées. Sans pouvoir expliquer l'absence de prise de contraceptif, abandonné peu de temps après sa sortie de prison.
Dilapidant les 10 000 euros de son pécule à sa sortie de prison, elle pique dans la caisse du PMU, vole des chèques à son compagnon et "tape" régulièrement son meilleur ami pour acheter à manger.
Alors qu'elle devait suivre des soins psychologiques en sortant de prison, elle abandonne, n'en suit aucun et ment à sa conseillère d'insertion. De quoi susciter les remarques acerbes de l'avocat général qui lui reproche d'avoir "menti" et "trompé" la justice, des avis "très favorables" ayant été émis en prison pour sa libération anticipée. "Je voulais faire bonne figure auprès des éducateurs, j'avais une pression sur les épaules pour qu'on me redonne mon fils. Je ne l'avais que très peu revu depuis qu'il avait deux ans. Je ne voulais pas le décevoir" se défend l'accusée.
Son meilleur ami confirme à la barre la "personnalité double" d'Audrey Chabot : "son visage changeait brutalement, elle se murait, prenait peur."
Personne dans son entourage ne se doutait qu'elle avait été enceinte à deux reprises. Ni son compagnon ni son employeur qui a fourni aux gendarmes une vidéo. En tenue estivale, elle apparait avec seulement un léger embonpoint, un mois avant la naissance du premier bébé qu'elle a tué quelques jours après sa naissance. Après lui avoir donné un prénom, et même avoir envoyé son fils acheter des couches pour ce bébé censé être "celui d'une amie".
Depuis son incarcération il y a deux ans, l'accusée suit des soins psychologiques chaque semaine. "Je travaille sur moi, j'arrive maintenant à expliquer les choses. Je me sens le droit d'exister, de plus me laisser faire. Maintenant j'ai conscience que j'ai besoin de ça."
Audrey Chabot a également révélé sa décision de se faire "ligaturer les trompes" pour devenir stérile.
10h55 : Audrey Chabot, en pleurs, s'explique
Le procès d'Audrey Chabot s'est ouvert vendredi matin à 9 heures devant la cour d'assises de l'Ain. Petite et menue, cheveux blonds mi-longs, elle est entrée, tête baissée, dans le box des accusés. Très tendue, la gorge nouée, elle a écouté, les yeux dans le vague, le récit de la découverte des corps des deux bébés dans son congélateur, le 24 mars 2013 à Ambérieu.
La voix brouillée par les pleurs, elle a expliqué: «j'avais conscience d'être enceinte mais je faisais comme si de rien n'était. J'étais convaincue que mon compagnon ne voulait pas d'enfant. J'avais pris la pilule au début puis j'oubliais. Je me déshabillais rarement pendant les rapports sexuels. Je grossissais peu mais si on m'interrogeait je disais que je mangeais trop. Quand j'ai tué et congelé les bébés j'allais leur parler, ça me semblait important et je m'en voulais».
http://www.leprogres.fr/ain/2015/02/27/suivez-en-direct-le-proces-des-bebes-congeles
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