dimanche 22 mars 2015

Le ripou présumé du 36 dénoncé pour un autre vol

Les investigations se poursuivent tous azimuts dans l'affaire du vol de 52 kg de cocaïne, au cours de l'été dernier, au sein des locaux de la prestigieuse police judiciaire parisienne, sise quai des Orfèvres, à Paris.
Vendredi, un policier de la sûreté départementale de l'Essonne a été entendu pendant quarante-huit heures par les enquêteurs de l'inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. Proche de Jonathan Guyot -- policier au sein de la brigade des stupéfiants et principal suspect de ce vol --, il a été relâché sans poursuite.

Mais, selon nos informations, un nouveau rebondissement est intervenu dans ce dossier très sensible. Un autre policier, celui-ci du commissariat du XIXe arrondissement, a avoué, fin janvier, devant les juges d'instruction que l'ex-policier des stups lui avait demandé, au mois d'avril 2014, de « vendre de la drogue » pour son compte. Entendu, Patrick B., 31 ans, en poste au sein de la brigade de nuit, a livré un récit laissant peu de doutes sur le « comportement » du principal mis en cause.

« Nous n'étions que tous les deux, il ( NDLR : Jonathan Guyot ) m'a fait comprendre qu'il cherchait des sorties, donc des moyens de sortir de la came, il n'a pas précisé les produits, ni les quantités, témoigne Patrick B. Je me suis demandé ce qu'il se passait, à quoi il jouait. Mais, pour moi, il était aux stups et il voulait se faire de l'argent. [...] J'ai répondu que je n'étais pas intéressé par cela, que j'avais d'autres projets dans la vie. »

«Je lui ai demandé si on ne risquait pas de se faire attraper, il m'a dit que c'était tranquille et sans risque»

Puis Patrick B. va plus loin : « Jonathan m'a dit qu'il avait environ un demi-kilo d'herbe de cannabis et environ 1 kg de résine de cannabis à faire partir, poursuit-il. J'espérais la moitié des gains, mais rien n'a été évoqué. Evidemment, il m'avait bien dit que je toucherai quelque chose. Je lui ai aussi demandé si on ne risquait pas de se faire attraper, il m'a dit que c'était tranquille et sans risque. Qu'il n'y avait qu'un peu de matière. Il ne m'a pas dit d'où la drogue provenait. Cependant, je me doutais qu'il l'avait obtenue d'une manière ou d'une autre de par son travail. En termes d'échantillon, il m'a filé une belle barrette de 10-12 g. Je vous avoue que j'ai essayé de trouver des clients par le biais de mes tontons ( NDLR : indicateurs ). Il m'a fallu environ une semaine pour me rendre compte que c'était un très mauvais plan de jouer à ça. C'était trop risqué, je suis quand même fonctionnaire de police. Je lui ai dit que c'était mort. Après cela, il ne m'a plus jamais sollicité. »

Au regard des déclarations de Patrick B., les policiers font alors le lien avec un autre vol déjà commis dans les locaux de la brigade des stups, entre le 21 mars et le 17 avril 2014. A l'époque, 130 g de cocaïne, 1,2 kg de résine de cannabis et 1 200 € en argent liquide, saisis au cours d'une affaire, avaient subitement « disparu »... « Maintenant, je fais le rapport entre ce vol et la proposition de Jonathan, entre les quantités et les dates, tout porte à croire que ça correspond », concède encore Patrick B. qui a été mis en examen avant d'être placé sous contrôle judiciaire.

Jonathan Guyot, surnommé John mais aussi Raptor ou encore Guillotine, a, de son côté, pendant ses auditions « chargé » plusieurs de ses ex-collègues de la brigade des stups. Entendu de nouveau au début du mois de février par les juges d'instruction, le brigadier a avancé l'idée que des « policiers du 36 voulaient le piéger », avant de donner le nom du groupe auquel ils appartenaient. Il a accablé ses anciens partenaires en expliquant qu'il avait entendu, pendant l'affaire de la saisie des 52 kg de cocaïne, des gardés à vue dire que certains pains avaient été dérobés. Jonathan Guyot a affirmé qu'au cours de la même opération ses ex-collègues « ont découvert la somme de 60 000 € ». Mais il a sous-entendu lors de l'instruction que certains d'entre eux auraient dérobé une partie des sommes saisies.

S'il nie toujours le vol qui lui est reproché, Jonathan Guyot, qui ne semble pas à l'abri du paradoxe, a présenté des excuses à sa femme et à ses proches : « J'ai accéléré ma mort et j'ai entraîné mes proches avec moi, reconnaît-il. Je leur ai fait faire des choses que je regrette et qui, aujourd'hui, me portent préjudice. »


http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-ripou-presume-du-36-denonce-pour-un-autre-vol-22-03-2015-4625467.php

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