« J’ai un peu de peine après ce qu’on vient d’entendre », lâche Me Grosset, pourtant à la partie civile. Dans le box : une toute jeune fille de 20 ans, frêle et douce, longue queue-de-cheval brune dans le dos. Présentée en comparution immédiate, elle répond de vol avec violences en récidive. Mercredi, elle a été pincée dans une supérette de Maxéville, alors qu’elle venait de glisser subrepticement dans son sac, déodorants et autres eaux de toilette.
Dans le bureau du vigile où se trouvait également la directrice du magasin, la jeune femme a fait usage de sa bombe lacrymogène. « Une réaction guidée par la peur », hausse des épaules, Me Laurence Nicolas, avocat de la défense.
« Pourquoi avoir une bombe sur vous ? », interroge le président Humbert. « Au cas où je me fasse agresser », répond la prévenue, sans domicile fixe. Vrai que sa vie ne semble pas douillette. Depuis le décès de son père survenu il y a 10 ans, son parcours est chaotique. Recueillie un temps par son grand-père, elle a ensuite rejoint son demi-frère, puis sa demi-sœur. Des cohabitations qui n’ont pas fonctionné. Elle se débrouille aujourd’hui pour trouver des hôtes de fortune…
« Cela étant, je ne comprends pas pourquoi accompagner le vol de violences. Il n’y avait aucune raison », se reprend Me Juliette Grosset, au soutien des intérêts du vigile. « Mon client est un jeune étudiant qui travaille pour financer ses études ! Son ITT est d’un jour, mais il est arrêté pour deux semaines. Et il devra aller consulter un spécialiste, ses yeux le brûlent toujours ».
« Je veux bien qu’on fasse dans le pathos mais la rapine est son mode de vie ! », recadre le procureur pas vraiment en empathie avec la jeune prévenue « Car si son casier comporte une seule mention, une série de décisions est tombée depuis, qui n’ont pas été transcrites ». Il requiert 8 mois ferme et son maintien en détention.
« C’est un peu la double peine ! Ma cliente est SDF, elle doit donc être écrouée. Alors qu’un tas de délinquants condamnés à deux ans ferme, bénéficient d’aménagement et ont droit à de multiples avertissements, avant de mettre un pied en prison », plaide Me Nicolas. Le tribunal prononce une peine de 6 mois dont 4 assortis de SME sans maintien en détention. Obligation lui est faite de chercher une formation ou un travail.
http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2015/03/21/maxeville-elle-gaze-le-vigile
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