dimanche 19 avril 2015

Centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville : une mère dénonce les coups portés par des surveillants à son fils

C’est une lettre de trois pages qui vient d’être adressée au procureur de la République. Comme une bouteille à la mer, un appel au secours. Celui d’une mère, Nathalie. Son fils de 24 ans n’est pas un tendre. Le jeune homme est écroué pour « violences aggravées » au centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville depuis mars 2012. C’est derrière les barreaux nancéiens qu’il a d’ailleurs développé des troubles psychiatriques et choisi de se convertir à l’islam. Purger sa peine, payer sa dette à la société, l’habitante de Neuves-Maisons le conçoit. « Mais pas de se faire tabasser par des surveillants ! » Le 1er avril, son fils aurait refusé de réintégrer sa cellule à l’issue de la promenade tout en insultant les agents. Ces derniers usaient de la force pour maîtriser le condamné qui essuyait alors plusieurs coups de poing.
« Il m’a appelé le lendemain depuis le téléphone de la prison pour m’expliquer ce qu’il avait subi », rapporte sa mère. « Il m’a dit avoir reçu des coups de toute part avant d’être jeté en cellule disciplinaire. Sans même avoir vu un médecin. Par réflexe, il a placé sa tête sur le côté pour éviter que le sang qui coulait abondamment de son nez sans doute fracturé, ne lui obstrue les voies respiratoires. Il aurait pu en mourir ! » Dans le courrier AR qu’elle a posté au procureur ainsi qu’au juge d’application des peines et à la direction interrégionale de la pénitentiaire à Strasbourg, Nathalie entend « dénoncer les mauvaises pratiques de certains surveillants ». La Néodomienne précise au magistrat « qu’il est urgent de faire quelque chose » car, faute d’enquête, « je ne donne pas cher de sa survie en prison ». Visiblement, la justice aura entendu son cri puisque dès le 3 avril, le parquet de Nancy ouvrait une enquête préliminaire. Le surveillant suspecté d’avoir dérapé a été suspendu par son administration. La police, elle, a débuté les auditions et des enregistrements de vidéosurveillance ont été saisis.
Des témoignages adressés au contrôleur général des lieux de privatisation de liberté
Ce n’est pas la première fois que des proches et/ou des détenus se tournent vers la justice – procureur ou doyen des juges d’instruction avec constitution de partie civile – ces deux dernières années pour dénoncer des traitements qu’ils estiment violents, au sein du centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville.
Avocate à Nancy, Me Boudiba est le conseil de deux détenus ayant dénoncé eux aussi des violences. L’un d’eux âgé de 47 ans, doit comparaître devant le tribunal correctionnel en juillet, pour répondre de l’agression violente d’un surveillant à coup de stylo, en 2013. Mais le quadragénaire à la santé précaire s’est à son tour retourné judiciairement contre l’agent pénitentiaire après plusieurs arrêts cardiaques – engendrés ou non – par ces « violences en réunion » qu’il dénonce alors qu’il avait été admis à l’hôpital pour y recevoir des soins. « J’ai sollicité la vidéo relative à ces faits car elle est absente du dossier alors que l’enquête s’y réfère », indique Me Boudiba, évoquant « le principe du contradictoire qui veut que j’en prenne également connaissance afin de voir ce qu’il s’est réellement passé ».
Me Vaxelaire, un deuxième avocat nancéien, porte le dossier d’un autre détenu âgé de 22 ans qui évoque une « une série d’humiliations et de violences en 2013 et 2014 ». « Une enquête est en cours ». Un 3e avocat est également saisi pour la défense des intérêts d’un autre détenu. Là encore, pour des violences présumées mettant en cause un personnel pénitentiaire. Soit quatre plaintes entre les mains d’avocats dont les clients ne se connaissent a priori pas mais qui, chacun de leur côté, dénoncent des violences.
Plusieurs témoignages en ce sens sont déjà parvenus sur le bureau parisien du contrôleur général des lieux de privatisation de liberté. Une autorité indépendante chargée de veiller au respect des droits fondamentaux des personnes détenues qui soulignait en fin d’année dernière, « une récurrence de témoignages concordants concernant des faits similaires » ainsi qu’« un climat général tendu au sein du centre de Nancy-Maxéville entre les détenus et certains personnels surveillants ». Jointe hier, l’administration pénitentiaire n’a pas donné suite.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2015/04/18/centre-penitentiaire-de-nancy-mxeville-une-mere-denonce-les-coups-portes-par-des-surveillants-a-son-fils

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