Ce 28 septembre 2012, dans l’après-midi, Mohamed E. est en quartier libre. Le militaire fait un tour au centre commercial avec un ami. Il est plus de 18 heures quand sa mère lui téléphone.
Au bout du fil, elle est affolée. Depuis la fenêtre de son appartement de l’avenue du 8 mai 1945, elle a vu le petit frère de Mohamed, Sid-Ahmed, se battre contre plusieurs jeunes. Blessé, il serait rentré rincer le sang qu’il avait sur le visage, et aurait demandé à sa mère où était le poing américain. Il serait redescendu sans qu’elle puisse l’en empêcher
Au niveau du tramway Marie Curie, près du lycée du même nom, Sid-Ahmed règle ses comptes avec des jeunes du quartier des Granges d’Echirolles. A l'origine de l'affaire, un mauvais regard entre l'un de ces jeunes d'Echirolles, Wilfried Noubissi, et un ami de Sid-Ahmed. Une rivalité pour une fille.
Mohamed, le grand frère de 20 ans, ne tarde pas à arriver sur les lieux, accompagné de plusieurs amis du quartier de la Villeneuve prévenus par téléphone. Il leur a dit avoir besoin d’eux pour "dépatouiller une embrouille". Muni d’une bombe lacrymogène, Mohamed asperge Wilfried. La bande des Granges prend la fuite.
Mais la Villeneuve ne tient pas à en rester là. Les jeunes veulent "mettre les choses au clair". Vers 20 heures, ils se rendent dans le quartier des Granges à bord de plusieurs scooters. Wilfried est là lui aussi, accompagné de quelques amis et de son grand frère, Kevin. Ce dernier gifle Mohamed, lui fait remarquer qu’il s’est attaqué à plus jeune que lui, et lui demande de s’excuser.
Une bagarre éclate, avant que Mohamed ne finisse par présenter ses excuses. Avant de partir, un de ses amis "s’est pris la tête" avec les gamins des Granges, d’après un jeune présent ce jour-là. "Il a dit (à "un jeune Noir des Granges") qu’il reviendrait pour lui donner des coups mais qu’il ne voulait pas se bagarrer maintenant."
L'affrontement
Il n’est pas encore 21 heures, la nuit est tombée. Place des Géants, dans le quartier de la Villeneuve, une vingtaine de jeunes traîne encore. C’est le groupe de Mohamed, qui pense avoir subi "une défaite" et veut sauver l’honneur. Mohamed dira avoir voulu empêcher les petits frères de faire des bêtises. On décide de retourner aux Granges, en scooter pour certains, à pied pour d’autres. C’est "l’effet boule de neige" dont parlera Mohamed aux enquêteurs.
A Echirolles, Wilfried et ses amis vont dîner. En traversant le parc Maurice Thorez pour se rendre à leur voiture, ils croisent trois ou quatre jeunes armés. Les hostilités reprennent. Les gars de la Villeneuve venus à pied arriveront quelques minutes plus tard pour regarnir les rangs.
La rixe dure moins de cinq minutes. Certains jeunes de la Villeneuve sont alcoolisés. L’un d’eux vient de descendre une bouteille de vodka, qu’il cassera sur le crâne de Sofiane Tadbirt. Il s’est pris un coup et "instinctivement, sans faire exprès j’ai tapé. C’est involontaire comme quand on se fait piquer par une guêpe et qu’on a un geste de réflexe. Je ne sais pas qui était dessous", confiera-t-il aux policiers. Dans les rangs de la Villeneuve, il y a aussi un couteau, un ou deux marteaux, un pistolet à grenaille, une massette, un tournevis. Il y a même un chien. Un "staff" ou un "pitt", d’après un jeune de la Villeneuve.
A Echirolles, Wilfried et ses amis vont dîner. En traversant le parc Maurice Thorez pour se rendre à leur voiture, ils croisent trois ou quatre jeunes armés. Les hostilités reprennent. Les gars de la Villeneuve venus à pied arriveront quelques minutes plus tard pour regarnir les rangs.
La rixe dure moins de cinq minutes. Certains jeunes de la Villeneuve sont alcoolisés. L’un d’eux vient de descendre une bouteille de vodka, qu’il cassera sur le crâne de Sofiane Tadbirt. Il s’est pris un coup et "instinctivement, sans faire exprès j’ai tapé. C’est involontaire comme quand on se fait piquer par une guêpe et qu’on a un geste de réflexe. Je ne sais pas qui était dessous", confiera-t-il aux policiers. Dans les rangs de la Villeneuve, il y a aussi un couteau, un ou deux marteaux, un pistolet à grenaille, une massette, un tournevis. Il y a même un chien. Un "staff" ou un "pitt", d’après un jeune de la Villeneuve.
"Il a essayé de partir en courant, à partir de ce moment-là, c'est parti en cacahuète"
Ils sont près d’une quinzaine. D’après la police, ils auraient été galvanisés par cet effet de groupe, persuadés que cela leur garantirait l’anonymat si les choses tournaient mal. En face, les jeunes des Granges, non armés, ne sont que quatre. Wilfried et trois autres amis ont en effet quitté les lieux, sur les conseils de Kevin.
"Une scène de guerre"
Des témoins décrivent une lutte violente, des râles et des cris de rage. "Franchement, je n’ai pas cherché à comprendre, je lui ai rentré dedans… à celui qui est décédé… un Noir… coups de poing et coup de pied", raconte un jeune de la Villeneuve à la police. "Après il a essayé de partir en courant, à partir de ce moment-là, c’est parti en cacahuète". L’un des accusés décrira deux mêlées, l’une sur Sofiane, l’autre sur Kevin.
Un ami de Kevin, appelé par téléphone pour leur venir en aide, raconte avoir découvert "une scène de guerre". "J’ai tourné Kevin sur le dos, raconte le jeune homme. J’ai pris sa tête dans mes mains, il tremblait, les yeux sont révulsés, j’ai ôté son gilet, c’est alors que j’ai vu sur le côté une plaie enflée où il avait pris un coup de couteau". Les médecins légistes concluront que la plaie à l’arcade sourcilière constatée sur son corps pouvait correspondre au tir d’un projectile de type grenaille, tiré à une distance de l’ordre de 15 à 20 millimètres.
Kevin Noubissi est mort pendant son transfert à l’hôpital, à 21 heures 45. Pour sa mère, il était un garçon facile à élever. Un jeune homme sans histoire, qui avait réussi ses études (il souhaitait s’inscrire à l’Institut d’administration des entreprises de Grenoble). Depuis le décès de son père, il avait pris une place importante dans la famille.http://france3-regions.francetvinfo.fr/alpes/isere/grenoble/kevin-et-sofiane-sur-quels-faits-les-jures-vont-trancher-844387.html
Un ami de Kevin, appelé par téléphone pour leur venir en aide, raconte avoir découvert "une scène de guerre". "J’ai tourné Kevin sur le dos, raconte le jeune homme. J’ai pris sa tête dans mes mains, il tremblait, les yeux sont révulsés, j’ai ôté son gilet, c’est alors que j’ai vu sur le côté une plaie enflée où il avait pris un coup de couteau". Les médecins légistes concluront que la plaie à l’arcade sourcilière constatée sur son corps pouvait correspondre au tir d’un projectile de type grenaille, tiré à une distance de l’ordre de 15 à 20 millimètres.
Kevin Noubissi est mort pendant son transfert à l’hôpital, à 21 heures 45. Pour sa mère, il était un garçon facile à élever. Un jeune homme sans histoire, qui avait réussi ses études (il souhaitait s’inscrire à l’Institut d’administration des entreprises de Grenoble). Depuis le décès de son père, il avait pris une place importante dans la famille.http://france3-regions.francetvinfo.fr/alpes/isere/grenoble/kevin-et-sofiane-sur-quels-faits-les-jures-vont-trancher-844387.html
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