mardi 2 février 2016

Assises de Nancy : « Il s’est acharné sur moi »

Depuis deux jours, la présidente Thouzeau, toque blanche sur la tête, le cuisine à petits bouillons, thermostat 3, et il pourrait être à point ce mardi. Mohammed Tourabi, Nancéien de 40 ans, qui a longtemps assuré que son ex-compagne était venue quasiment s’empaler à 23 reprises sur son couteau, ce 6 décembre 2012, chemine en effet doucement mais inexorablement vers la vérité. Interrogé, Hier, il a assuré avoir fait « n’importe quoi ». Reconnaîtra-t-il enfin aujourd’hui avoir porté les coups ?
Ces coups, Sabrina, séparée au moment des faits depuis 5 mois, les a décrits. Un témoignage difficile car livré à seulement quelques mètres de l’homme qui, en lui administrant notamment plusieurs coups de lame à la gorge, a voulu la tuer ce soir-là.
« Si j’ai arrêté avec lui, c’est parce qu’il n’était jamais à la maison, jamais présent. Ni pour moi, ni pour notre fille. C’était un père aimant mais tout le temps absent. Et j’ai arrêté aussi parce qu’il avait aussi été violent. Je me suis lassée, en fait. Il venait de trouver un travail à Paris, je ne voulais pas aller là-bas. Ce soir-là, je suis sortie chercher un kebab. Je ne l’ai pas vu me suivre. Quand je l’ai aperçu, j’ai été tétanisée. J’ai pris ma fille (de 3 ans) dans les bras, il me l’a arrachée. Et puis il a commencé à m’asséner des coups de couteau et à me taper dessus. Il s’est acharné sur moi quand j’étais au sol. J’entendais la petite qui hurlait ‘’ Maman ! Maman ! ‘’. Je les entendais tellement, ces cris, que je ne sentais pas la douleur. Ma fille, c’est ma vie, je ne voulais qu’il la prenne… ».
Tourabi, persuadé que son ex-compagne le trompe, est alors comme fou. Il faudra l’intervention courageuse du patron du kebab, à qui l’agresseur crie plusieurs fois ‘’ Laisse-la moi ! ‘’, pour éviter un drame mortel.

« Jalousie morbide »

« J’ai eu peur », reprend Tourabi, « je ne comprends pas comment j’en suis arrivé là. Je demande pardon… ».
Ce mardi, il a aussi été question de l’état mental de l’homme au moment des faits. L’expert qui l’a examiné dans les geôles de garde à vue conclut à une « altération du discernement ». Il évoque « une organisation de la personnalité sur un mode sensitif, proche du registre paranoïaque ». Le psy parle d’une hypertrophie du moi, d’une psychorigidité, d’une pensée peu souple, d’une intolérance au point de vue d’autrui. « L’autre apparaît comme un objet malfaisant qu’il faut faire disparaître… ». Il relève une jalousie « pathologique, ancrée, morbide. Qui s’appuie sur des interprétations erronées ».
Un autre psychiatre viendra témoigner ce matin. Il conclut dans le même sens. Le contrôle des actes de Tourabi aurait été entravé. Important car la loi prévoit que la peine doit alors être réduite d’un tiers. Réquisitions, plaidoiries et verdict aujourd’hui.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/02/02/assises-de-nancy-il-s-est-acharne-sur-moi

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