Dans le milieu, son surnom était Mario. Julian Moldoveanu, 40 ans, s’est toujours défendu d’être le chef de bande mais, lundi, les magistrats de la 5e chambre du tribunal correctionnel de Bordeaux l’ont condamné comme tel.
Cette équipe, qualifiée d’association de malfaiteurs, s’était spécialisée dans des vols quelque peu inhabituels. Ici, pas de magrets, de blocs de foie gras ou de grands crus mais du chocolat, des chewing-gums et des lames de rasoir. Le tout en quantité industrielle. Lorsqu’ils ont été arrêtés à Bordeaux par les policiers du groupe de voie publique de la direction départementale de la sécurité publique, les voleurs étaient en possession de trois sacs contenant au total 90 kg de tablettes de chocolat, 120kg de paquets de chewing-gums ainsi que des recharges de lames de rasoirs dans leur emballage d’origine. « Nous nous sommes arrêtés à Bordeaux pour voler », reconnaît Julian Moldoveanu. « Je regrette beaucoup mais je n’avais pas le choix. J’étais avec ma famille et je n’avais pas de travail. »
Des maillots de bain féminins
Les policiers bordelais ont mis un coup d’arrêt à la bande qui écumait le sud de la France, d’Avignon à Marseille, d’Aubagne à Toulouse en passant par Montpellier et la Gironde.Le 9 février 2016, le va-et-vient de ces hommes déchargeant des sacs de leur voiture dans leurs chambres d’hôtel à Artigues-près-Bordeaux intrigue le personnel de l’établissement. Une planque est montée discrètement par la police qui interpelle un peu plus tard l’ensemble de la bande, à la sortie d’un supermarché à Talence. Dans leur véhicule, les policiers découvrent 11kg de lames de rasoirs et des paquets de chewing-gums.
Conduits en garde à vue, ils sont fouillés et là, quelle n’est pas la surprise des enquêteurs, découvrant que les hommes portent sous leurs vêtements des maillots de bains féminins une pièce, enfilés à l’envers !
40 000 euros en cinq mois
Grâce à une technique parfaitement maîtrisée, les malfaiteurs glissaient les objets volés dans le dos du porteur de maillot sans que l’on s’aperçoive de rien. Lors de leurs premières auditions, ils ont bien tenté d’expliquer que « c’était par goût de la mode » mais cette version a fait long feu.Car les policiers ont rapidement retracé l’itinéraire des voleurs grâce aux GPS trouvés dans leurs véhicules. Ils faisaient les marchés et avaient une cliente attitrée à la tête d’une épicerie à Marseille. Cette commerçante peu scrupuleuse achetait du chocolat et des chewing-gums sous le manteau.
« Vous ne vous êtes pas posé de question ? », demande le président du tribunal Alain Reynal, qui calcule le chiffre d’affaires de la bande à près de 40 000 euros en l’espace de cinq mois. « C’est pas mal, observe le magistrat. Surtout qu’il n’y a pas de charges ! » Le vice-procureur Marc Ottomani parle de « friandises d’enfants et de délits d’adultes » pour décrire la mode opératoire « de cette mafia roumaine ».
Les avocats de la défense (Mes Marlène Durand, Maud Sécherresse, Aurore Baudry, Stéphanie Vignollet et Christian Blazy) dénoncent une détention provisoire « injustifiée » pour des vols de chocolat et plaident la clémence. Le tribunal a eu plutôt la main lourde
http://www.sudouest.fr/2017/02/01/trois-ans-de-prison-pour-le-chef-du-gang-du-chocolat-3158028-2737.php
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