Le type qui est dans le box de la cour d'assises est un colosse au regard de braise, ...
musculature impressionante sous son blouson à capuche mais les yeux fixés au plafond quand le président Duchemin lui pose des questions trop directes.
Yannick Taccoen, vingt-sept ans bientôt, n'a pas toujours eu la vie stable de ses années dunkerquoises. En 2009, quand il a été arrêté pour viol, il avait un travail, une compagne, des enfants. « Vous aviez tout pour être heureux », lui dit le président. Mais Taccoen rappelle d'où il vient : « Je n'ai pas toujours été comme ça... » Né à Yaoundé d'un père qui ne le reconnait pas, d'une mère qui meurt bien vite, il est posé au hasard des volontés de la famille et atterrit presque par hasard à Rosendaël, à 12 ans, où il prend au passage le nom du type qui partage un temps la vie de sa tante. « A 15 ans, il a été abandonné trois fois », dit Fabien Chapon, son avocat.
La vie fait de lui un jeune homme difficile. « Dix condamnations à vingt-sept ans, dont quatre pour faits de violences, c'est beaucoup », fait remarquer le procureur. Taccoen regarde en l'air : « Je n'ai pas toujours été comme ça... » Mais en face de lui, il y a trois jeunes femmes traumatisées. Ses trois victimes. A la première, à peine dix-neuf ans, il a volé son portable, avec violences, devant l'amie de chez qui elle sortait, dans la nuit du 8 mai. En partant, après l'avoir battue, il lui aurait lancé : « Si tu déposes plainte, je sais où habite ta copine... »
Un silence écrasant
La deuxième est un peu plus âgée. Trente-cinq ans, peut-être. Elle travaillait dans la nuit du 28 mai, quand Taccoen l'a agressée, jetée à terre, frappée à coups de poings : « Il a voulu enlever mon pantalon, je lui ai dit que je le ferais moi-même et c'est ce qui l'a décontenancé. Il est parti...
» Elle semble tellement destabilisée. L'impression de revenir de très loin, peut-être...
Puis vient la troisième. Dix-neuf ans, elle aussi. C'est la fameuse copine de l'agression du 8 mai. Hasard ou pas ? Elle pense plutôt que non. Lui assure que oui : « Je l'ai suivie dans la rue, au hasard. » C'est vrai que c'était le même quartier. Et aussi la nuit. La jeune fille sortait de son travail, ce 13 juin, au "Cactus-Café", sur la digue de Malo. Il sortait de boite, il avait bu - cette fois-là aussi. Elle rentrait chez elle, à dix minutes de là. Elle arrivait dans sa rue...
« J'ai senti son soufflle... Il m'a attrappée par l'épaule... » Son joli visage tout fin se trouble, elle s'acroche, se bat contre les larmes, bon sang que c'est dur... « Je me débattais, j'ai crié, alors il m'a frappée, frappée à coups de poings... » Le président montrera les photos prises dans les jours qui ont suivi : elle est difforme. Méconnaissable.
A la barre, elle essaie de faire front. Elle raconte « le sang, la peur, la panique... » Et le viol.
Dans la salle, c'est un silence écrasant. Un moment suspendu. « Il avait sa main sur mon nez et ma bouche, je ne respirais plus... J'ai pensé, c'est bon, je pars... » Mais elle n'était qu'évanouie. Alors elle est là, devant lui, courageuse et bouleversante. C'est peut-être pour cela qu'il craque, un peu plus tard. « Je ne voulais pas faire mal ! Qu'est-ce qui m'a pris ? Qu'est-ce que je vais dire à mon fils, maintenant ?... » Dans ses pleurs, il demande pardon, jure qu'il veut payer... Il paiera de douze ans de réclusion, peine un peu inférieure aux réquisitions et « mesurée », dit Me Chapon. « Il ne fera pas appel. » •
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Dunkerque/actualite/Secteur_Dunkerque/2011/01/08/article_arrive-par-hasard-a-dunkerque-il-y-grand.shtml
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire