samedi 8 janvier 2011

Arrivé par hasard à Dunkerque, il y grandit comme il peut et finit par dériver, jusqu'au viol, jusqu'aux assises...

Le type qui est dans le box de la cour d'assises est un colosse au regard de braise, ...


musculature impressionante sous son blouson à capuche mais les yeux fixés au plafond quand le président Duchemin lui pose des questions trop directes.
Yannick Taccoen, vingt-sept ans bientôt, n'a pas toujours eu la vie stable de ses années dunkerquoises. En 2009, quand il a été arrêté pour viol, il avait un travail, une compagne, des enfants. « Vous aviez tout pour être heureux », lui dit le président. Mais Taccoen rappelle d'où il vient : « Je n'ai pas toujours été comme ça... » Né à Yaoundé d'un père qui ne le reconnait pas, d'une mère qui meurt bien vite, il est posé au hasard des volontés de la famille et atterrit presque par hasard à Rosendaël, à 12 ans, où il prend au passage le nom du type qui partage un temps la vie de sa tante. « A 15 ans, il a été abandonné trois fois », dit Fabien Chapon, son avocat.
La vie fait de lui un jeune homme difficile. « Dix condamnations à vingt-sept ans, dont quatre pour faits de violences, c'est beaucoup », fait remarquer le procureur. Taccoen regarde en l'air : « Je n'ai pas toujours été comme ça... » Mais en face de lui, il y a trois jeunes femmes traumatisées. Ses trois victimes. A la première, à peine dix-neuf ans, il a volé son portable, avec violences, devant l'amie de chez qui elle sortait, dans la nuit du 8 mai. En partant, après l'avoir battue, il lui aurait lancé : « Si tu déposes plainte, je sais où habite ta copine... »
Un silence écrasant
La deuxième est un peu plus âgée. Trente-cinq ans, peut-être. Elle travaillait dans la nuit du 28 mai, quand Taccoen l'a agressée, jetée à terre, frappée à coups de poings : « Il a voulu enlever mon pantalon, je lui ai dit que je le ferais moi-même et c'est ce qui l'a décontenancé. Il est parti...
» Elle semble tellement destabilisée. L'impression de revenir de très loin, peut-être...
Puis vient la troisième. Dix-neuf ans, elle aussi. C'est la fameuse copine de l'agression du 8 mai. Hasard ou pas ? Elle pense plutôt que non. Lui assure que oui : « Je l'ai suivie dans la rue, au hasard. » C'est vrai que c'était le même quartier. Et aussi la nuit. La jeune fille sortait de son travail, ce 13 juin, au "Cactus-Café", sur la digue de Malo. Il sortait de boite, il avait bu - cette fois-là aussi. Elle rentrait chez elle, à dix minutes de là. Elle arrivait dans sa rue...
« J'ai senti son soufflle... Il m'a attrappée par l'épaule... » Son joli visage tout fin se trouble, elle s'acroche, se bat contre les larmes, bon sang que c'est dur... « Je me débattais, j'ai crié, alors il m'a frappée, frappée à coups de poings... » Le président montrera les photos prises dans les jours qui ont suivi : elle est difforme. Méconnaissable.
A la barre, elle essaie de faire front. Elle raconte « le sang, la peur, la panique... » Et le viol.
Dans la salle, c'est un silence écrasant. Un moment suspendu. « Il avait sa main sur mon nez et ma bouche, je ne respirais plus... J'ai pensé, c'est bon, je pars... » Mais elle n'était qu'évanouie. Alors elle est là, devant lui, courageuse et bouleversante. C'est peut-être pour cela qu'il craque, un peu plus tard. « Je ne voulais pas faire mal ! Qu'est-ce qui m'a pris ? Qu'est-ce que je vais dire à mon fils, maintenant ?... » Dans ses pleurs, il demande pardon, jure qu'il veut payer... Il paiera de douze ans de réclusion, peine un peu inférieure aux réquisitions et « mesurée », dit Me Chapon. « Il ne fera pas appel. » •
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Dunkerque/actualite/Secteur_Dunkerque/2011/01/08/article_arrive-par-hasard-a-dunkerque-il-y-grand.shtml

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire