DIRECT - Le procès Bissonnet entame ce mercredi sa 8e journée devant les assises de l'Hérault. Place aujourd'hui aux experts qui ont analysé l'alarme de la maison des Bissonnet, et aux enquêteurs chargés des gardes à vues dans cette affaire.
Rappel : Bernadette Bissonnet, ex pharmacienne âgée de 57 ans, a été tuée le 11 mars 2008 dans sa villa de Castelnau-le-Lez. Son corps a été découvert vers 22 h par son époux, de retour d'une réunion au Rotary Club. Elle a reçue deux coups de fusil dans leur propriété cossue.
Trois co-accusés, Méziane Belkacem, Jean-Michel Bissonnet et Amaury d'Harcourt sont jugés dans ce procès. Méziane Belkacem, "l'homme à tout faire" des Bissonnet, comparait pour "assassinat", accusé d'avoir
porté le coup mortel sur Bernadette Bissonnet. Jean-Michel Bissonnet est soupçonné d'être le commanditaire de ce meurtre. Il comparaît pour "complicité d'assassinat". Amaury d'Harcourt a avoué avoir jeté l'arme du crime dans la rivière Le Lez par amitié pour Bissonnet. Il comparaît également pour "complicité d'assassinat".
9 h 05 - Reprise de l'audience.
Le président M. Mocaer lit un courrier du médecin de Diane d'Harcourt, fille d'Amaury d'Harcourt. Souffrant de dépression, son état "serait compatible" à une audition en visioconférence et non directement devant les assises de l'Hérault.
9 h 10 - Le président appelle à la barre un technicien.
Ce dernier est cité comme témoin. Il a posé le système d'alarme dans la maison des Bissonnet à Castelnau-le-Lez.
Le président M. Mocaer : "Que pouvez-vous dire à propos de cette affaire ?"
Le témoin : "Rien !" L'homme semble impressionné devant le président, les avocats et les jurés.
M. Mocaer : "Vous ne voyez pas pourquoi vous avez été cité comme témoin ? vous êtes impressionné ?"
Le technicien : "Oui !"
M. Mocaer : "Quel lien avez-vous avec M. Bissonnet ?"
Le technicien : "J'ai installé le système d'alarme chez lui."
M. Mocaer : "Pouvez-vous nous parler de ce système d'alarme ? Expliquez-nous comme cela fonctionne ?"
Le témoin est impressionné. Il a du mal à articuler. Difficile d'entendre ce qu'il dit.
Le président : "Monsieur, respirez, ne soyez pas impressionné. Dites-nous quel système est mis en place ?"
Le témoin : "Y a plusieurs groupes, trois au total, un à l'extérieur, un au rez-de-chaussé, un à l'étage."
M. Mocaer : "Le système protège-t-il tout le jardin ?"
Le témoin : "Non."
M. Mocaer : "Précisez."
Le témoin : "Près du garage, dans le jardin."
M. Mocaer : "C'est la partie gazonnée du jardin qui est protégée ?"
Le témoin : "Oui."
M. Mocaer : "Est-ce que l'allée est sous alarme ?"
Le témoin : "Non."
M. Mocaer : "Est-ce que les bâtiments annexes comme le garage et la petite maison sont sous alarme ?"
Le témoin : : "Uniquement le garage est sous alarme."
M. Mocaer : "Donc, toutes les allées dans le jardin ne sont pas sous alarme ?"
Le témoin : "Oui !"
Le technicien décrit par la suite le système d'alarme dans le jardin. Il fonctionnerait avec des faisceaux.
9 h 25 - M. Mocaer : "Et à l'intérieur de la maison. Comme le système fonctionne ?"
Le technicien : "C'est un système volumétrique. Il se déclenche quand une masse se déplace."
Le président : "Et la sirène, est-elle forte ?"
Le technicien : "A l'extérieur, elle n'est pas très forte. Par contre, elle est très forte à l'intérieur de la maison."
Le président le questionne sur la commande de cette alarme.
Le technicien : "Il y a un clavier à l'intérieur de la maison."
M. Mocaer : "Faut-il faire un code ?"
Le témoin : "Pour l'arrêter oui, pas pour l'enclencher."
Le président : "L'alarme déclenche aussi un appel téléphonique ?"
Le témoin : "Oui."
M. Mocaer : "A quel endroit ?"
Le témoin : "A Perpignan, à une société qui gère ce type d'appel."
S'en suit une discussion sur la procédure mise en place après l'appel téléphonique.
9 h 35 - On s'interroge sur le déclenchement de l'alarme
Le président : "Vous souvenez-vous si l'alarme a été déclenchée le 11 mars ?"
Le technicien : "Non, je ne me souviens pas."
Le président relit les déclarations du technicien aux gendarmes suite à l'assassinat de Mme Bissonnet. A cette époque, il avait dit que le système d'alarme dans la maison des Bissonnet avait été activé le 11 mars à 20 h 23 03 sec.
Le président : "Et, il a été désactivé à 22 h 15 ?"
Le témoin : "Oui, il a été désactivé par l'utilisateur."
Le président : "Le système a été désactivé par quoi ?"
Le témoin : "Par un clavier à l'intérieur de la maison."
Le président : "On ne peut pas désactiver ce système d'un autre endroit ?"
Le témoin : "Non."
9 h 40 - Me Phung, l'avocat du frère de la victime, prend la parole.
Me Phung : "Pour déclencher l'alarme, il faut forcément une intervention humaine, il n'y a pas de déclenchement automatique ?"
Le témoin : "Oui."
Me Phung : "La désactivation de l'alarme à 22 h 15 est-elle aussi manuelle ?"
Le témoin : "Oui."
9 h 45 - Me Abratkiewicz : "Ce soir-là, l'alarme ne s'est pas déclenchée. Pourquoi ?"
Le témoin : "Y a certains endroits qui ne sont pas protégés par l'alarme, et dans la maison, l'alarme n'est pas activée. "
Me Abratkiewicz : "Pouvez-vous nous confirmer que l'allée qui mène à la maison n'est pas protégée par une alarme ?"
Le témoin : "Oui."
L'avocat général Georges Gutteriez se tourne vers le témoin. "Peut-on régler le volume de l'alarme dans la maison ?"
Le témoin : "Non !"
10 h 05 - Jean-Michel Bissonnet est interrogé sur le fonctionnement de l'alarme dans sa demeure à Castelnau.
"Le 10 mars, nous avons mis en marche les trois zones (du système d'alarme) avant de nous coucher. Et au réveil, on a enlevé ces trois zones. Le soir, il n'y avait que la zone 1 (celle du jardin), on n'a pas mis l'alarme dans la maison. L'alarme dans la maison n'a jamais été mise le 11 mars."
10 h 15 - 10 h 30 - Le soir où Bernadette Bissonnet a été tuée, l'éclairage extérieur ne s'est pas enclenché.
Jean-Pierre Clouscard, professeur d'université, est appelé à la barre. Il a été missionné par le juge d'instruction. "Je suis entré en contact avec les enfants de Jean-Michel Bissonnet, Marc et Florent. Ma mission : vérifier l'éclairage extérieur de la maison.(...) On était en troisième journée de pleine lune (le soir du drame). J'ai essayé de faire les vérifications un jour de luminosité identique, le 4 août. "
Avec une voix qui porte dans toute la salle d'audience, l'homme expose les résultats de son travail. "L'éclairage de l'allée est un éclairage qui n'a rien à voir avec les alarmes. C'est un éclairage de facilité. Plutôt que d'appuyer un bouton, on a un détecteur. Sauf pour une partie : le portail. "
Il explique comment, quand le portail s'ouvre ou se ferme, l'éclairage s'allume dans le jardin de la demeure des Bissonnet. Diffusion sur grand écran d'une photo du portail qui donne sur cette maison.
Le soir où Bernadette Bissonnet a été tuée, l'éclairage extérieur ne s'est pas enclenché. "Quand il fait nuit, dès que le portail s'ouvre, l'allée s'éclaire. La question : est-ce que l'on peut rentrer dans l'allée la nuit, sans allumer l'éclairage automatique ? Rien de plus simple : il suffit de déplacer le détecteur."
10 h 40 - Jean-Pierre Clouscard : "Quand j'ai fait mon expertise, j'ai constaté qu'il y avait eu une infraction sur le compteur EDF. Des plombs avaient été arrachés. J'ai alors appelé EDF. Ainsi, je peux confirmer que les plombs n'ont pas été enlevés le soir du 11 mars."
10 h 50 - Le président M. Mocaer : "Lors de votre expertise, tout fonctionnait normalement ?"
"Effectivement, tout fonctionnait normalement" appuie M. Clouscard.
M. Mocaer : "Combien il y a de détecteurs devant la porte d'entrée ?"
M. Clouscard : "Trois."
11 h 05 - Les détecteurs d'éclairage d'entrée peuvent être désactivés grâce à un mini-disjoncteur dans la maison.
M. Clouscard, à l'aide de visuels diffusés sur grand écran, explique où sont installés les trois détecteurs qui enclenchent l'éclairage devant le portail. Tous sont posés en hauteur (un premier au niveau des arbres du jardin, un second sur la façade de la maison).
M. Mocaer : "Ces détecteurs n'ont pas été modifiés, c'est une quasi-certitude ?"
M. Clouscard : "Oui, car pour changer leur orientation, il aurait fallu une échelle."
M. Mocaer : "Il y a une télécommande qui active ces détecteurs ? Comment ça fonctionne ?"
Me Iris Christol, avocate de Meziane Belkacem, relit les déclarations de M. Clouscard, dans lesquelles il explique que les détecteurs d'éclairage d'entrée peuvent être désactivés grâce à un mini-disjoncteur dans la maison.
11 h 15 - Me Chalié : Le soir du drame, "le meilleur moyen pour entrer (dans la maison des Bissonnet) est-il d'attendre que M. Bissonnet sorte (parte au Rotary), de tourner le détecteur (qui enclenche l'ouverture et la fermeture du portail), et attendre que l'éclairage (orienté vers le portail) s'éteigne pour entrer dans l'obscurité ?"
M. Clouscard : "Oui."
11 h 24 - L'avocat général Pierre Denier s'interroge sur le déclenchement des lumières situées à l'extérieur de la maison. Il s'agit d'ampoules à basse consommation. "Les lampes à consommation d'énergie éclairent tout de suite, ou mettent un temps de chauffe avant d'éclairer ?"
M. Clouscard explique que la rapidité d'éclairage dépend de la qualité (et du prix) de la lampe. D'après lui, les éclairages situés dans le jardin des Bissonnet s'enclenchent rapidement.
11 h 35 - 11 h 45 - Le ministère public expose un possible itinéraire de M. Belkacem sur les lieux du crime le 11 mars.
Le magistrat Pierre Denier demande l'autorisation au président de la cour de proposer un possible itinéraire de Méziane Belkacem dans la demeure des Bissonnet le soir du 11 mars. A l'aide d'un plan, qui représente la maison et la jardin, et qui indique la position des éclairages, il expose ce possible trajet de M. Belkacem.
"Méziane Belkacem nous explique que l'arme était cachée sous un chiffon blanc sur un conteneur à poubelle dans le garage. Il entre dans le jardin, qui ne s'éclaire pas. La tête du détecteur a été tournée et l'éclairage est éteint. M. Belkacem nous dit qu'il va déplacer l'arme pour la poser sur le rebord de la fenêtre (...). Pour que l'éclairage dans le garage ne s'active pas, il faut faire disjoncter ?"
M. Clouscard : "Oui."
L'avocat général poursuit son cheminement. Mais d'après Jean-Pierre Clouscard, ce schéma n'est pas possible. "Selon votre schéma, vous êtes tout de même détecté" (par le système d'éclairage).
11 h 52 - Pierre Denier poursuit son exposé sur le déroulement de l'assassinat dans la maison. Le président M. Mocaer l'interrompt : "M. l'avocat général, vous êtes plus sur une démonstration que sur un questionnement !"
12 h - Suspension d'audience de 10 minutes.
12 h 25 - Reprise de l'audience. Meziane Belkacem ou Amaury d'Harcourt auraient-ils pu toucher au tableau électrique ?
Me Balling, avocat du vicomte d'Harcourt, interroge l'expert en électricité : "Combien de temps vous a-t-il fallu pour appréhender l'ensemble du système électrique (de la maison) ?"
Jean-Pierre Clouscard : "Plusieurs dizaines heures pour remonter le schéma électrique."
Il y a trois tableaux électriques : un premier dans la maison principal, un second dans la maison d'hôte, puis un troisième dans le garage.
Me Balling : "Le tableau électrique, il se trouve où dans la maison ?"
M. Clousard : c'est dans l'annexe 17."
Me Balling : "Il se situe entre l'entrée, la buanderie et la salle à manger."
Il se déplace vers le président. "Si M. Belkacem et M. d'Harcourt avaient voulu toucher à ce tableau électrique, ils auraient dû passer bien trois heures dans un passage où on les aurait vu agir ?", demande Me Balling.
M.Clousard : "Oui, à moins de créer un court-circuit."
Me Balling : "Pour faire cela, il faut tout de même être aguerri ?"
M. Clousard : "Non !"
12 h 35 - Me Nathalie Seynik,avocate de Jean-Michel Bissonnet, prend à son tour la parole. "Vous nous avez expliqué tout à l'heure que, pour que l'éclairage ne soit pas enclenché, il fallait tourner les détecteurs ou les obstruer ?"
M. Clousard : "Oui, en montant sur une échelle."
Me Seynik : "M.Belkacem, avez-vous utilisé une échelle ce jour-là?"
M. Belkacem : "Oui, pour faire les vitres."
12 h 40 - Suspension de l'audience qui reprendra à 14 h 15.
Suivez le procès en direct en cliquant sur ce lien...
http://www.midilibre.com/articles/2011/01/19/A-LA-UNE-Proces-Bissonnet-suivez-en-direct-cette-8e-journee-1511802.php5
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