jeudi 13 janvier 2011

Meurtre de Bernadette Bissonnet - L'accusé Méziane Belkacem exprime ses regrets

Par petits bouts, de manière décousue, avec une maladresse et des imprécisions assumées, Méziane Belkacem, 51 ans, a livré, mercredi, le scénario du crime imaginé par son patron, Jean-Michel Bissonnet, conçu dans le but de tuer sa femme Bernadette.


Droit dans le box, micro à la main, l'employé du couple, sweat et pantalon noir a réitéré ses aveux d'une voix calme, marquée par son accent algérien. Il explique ainsi, tourné vers la cour, que son patron chez qui il lavait les vitres, « deux à trois fois par an » lui avait parlé d'un collaborateur qui « l'embêtait ». Il lui aurait ainsi demandé s'il ne connaissait pas quelqu'un susceptible de le « faire disparaître ». Méziane Belkacem croit d'abord à une plaisanterie. Mais quelque temps plus tard, il lui parle à nouveau de ce mystérieux inconnu. Jean-Michel Bissonnet demande même à Belkacem s'il accepterait de tuer cette personne. L'ouvrier prend le temps de la réflexion. Et finit par accepter le marché. En échange, Bissonnet lui promet 30 000 euros. Le matin du 11 mars 2008, l'employé apprend l'identité de ce « collaborateur ». C'est en fait Bernadette Bissonnet.


« Jean-Michel Bissonnet était mon sauveur »
« Elle l'embêtait, il était malheureux, il voulait profiter de sa vie. S'il divorçait, il perdait sa maison, il ne voulait pas vivre dans un appartement », détaille le laveur de vitres. « Qu'est ce qui vous a décidé à accepter ? », interroge le président. « J'étais pommé, je venais de divorcer, pour moi je ressentais ce qu'il vivait, je comprenais ». Après tout, Méziane Belkacem a une totale confiance en son patron. Pour une fois, lui qui ne sait ni lire, ni écrire, qui accumule les galères et les petits boulots, a trouvé un allié. Belkacem, divorcé deux fois, père de cinq enfants, est fasciné par ce pied noir qui a construit sa réussite à force de travail. Belkacem l'admire, «je voulais lui ressembler en quelque sorte». Il boit ses paroles, « je croyais tout ce qu'il me disait car c'était quelqu'un d'important pour moi ». Il explique avoir vu en Jean-Michel Bissonnet, un « sauveur », une « idole ». « J'attendais de lui qu'il me sorte de la situation dans laquelle j'étais. Je me disais que si je faisais quelque chose pour lui, il ferait quelque chose pour moi ».


Les trois hommes dans le garage
Il développe ensuite le plan que lui a exposé son patron. L'idée étant de « simuler un cambriolage ». Le matin du crime, Jean-Michel Bissonnet lui remet ainsi la télécommande du portail et le double des clés du véhicule Rav 4 de Bernadette Bissonnet. Ils vont ensuite ensemble à l'endroit où Belkacem devra le déposer, après le crime. Son patron lui indique également qu'il prendra le chien avec lui et qu'il avertira sa femme par téléphone le soir des faits. Durant l'après-midi, le vicomte Amaury d'Harcourt rejoint le binôme. Il s'absente un moment avec son ami Jean-Michel Bissonnet puis les trois hommes se retrouvent dans le garage de la propriété. « Monsieur Bissonnet a sorti l'arme. Il me montrait le maniement et monsieur d'Harcourt me disait où tirer ». Les deux hommes lui auraient ainsi expliqué qu'il devait faire feu à une cinquantaine de mètres de Bernadette Bissonnet. Plus tard, Belkacem rapporte les propos de son ancien patron « il fallait qu'elle soit morte, il ne fallait pas qu'elle s'en sorte, ça faisait parti du plan ».


« Elle était face à moi, elle a crié "maman" »
Le soir des faits, Méziane Belkacem se rend donc dans la villa cossue de Castelnau-le-Lez. Il est entre 20h45 et 21h. Il rentre une première fois afin de récupérer l'arme dans le garage et la dépose sur le petit muret d'une des dépendances de la maison. Puis il ressort et sonne à l'entrée, comme si de rien n'était. Il prétend avoir oublié son portable. Bernadette Bissonnet lui ouvre. Belkacem va d'abord récupérer l'arme dans la petite maison et la place sous son bras, sous sa parka. Il se dirige ensuite vers la maison principale. Il dit à Bernadette Bissonnet que c'est en fait, à l'étage qu'il a dû oublier son téléphone. Il monte l'escalier. Puis redescend. Arrivé sur les dernières marches, il brandit son arme. « Elle était face à moi, elle a crié ''maman''», s'est défendue avec ses bras, je lui ai tiré dessus». Bernadette Bissonnet s'écroule. Méziane Belkacem élude totalement le seconde coup de feu, qu'il indique finalement avoir donné une fois que la victime était à terre. Puis il retourne à l'étage voir si les voisins ont entendu quelque chose. Il se rend compte qu'il s'est blessé au doigt, éponge ses taches de sang. Il part ensuite poser le véhicule à l'endroit prévu et regagne son petit hôtel du Pontet, près d'Avignon (Vaucluse). « J'étais tout en sueur, j'étais tétanisé », déclare-t-il. Neuf jours plus tard, placé en garde à vue, il avait avoué l'assassinat et désignait Jean-Michel Bissonnet comme l'instigateur du meurtre. Le vicomte Amaury d'Harcourt ayant quant à lui, dissimulé l'arme.


« Vous avez divisé une famille, si ce que vous avez dit n'est pas juste, il faut le dire », somme Me Luc Abratkiewicz, conseil du frère de Bernadette Bissonnet. Méziane Belkacem, le regard plongé dans celui de l'avocat, l'assure. « Je n'aurais jamais accepté d'accuser Monsieur Bissonnet si ce n'était pas lui. J'ai assez fait de mal comme ça. Je dis qu'on était tous les trois. »


http://www.francesoir.fr/faits-divers/mort-de-bernadette-bissonnet-laccuse-meziane-belkacem-exprime-ses-regrets.86481

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