mercredi 2 février 2011

Bissonnet raconte sa vie, et les jurés regardent ailleurs

L’accusé a peu détaillé sa biographie, puis s’est énervé face aux experts psys qui peinent à sonder sa personnalité.


Mais ce n’est plus le même procès ! » s’exclame le président Mocaer. Il n’est que 10 h 40, et personne, avocat ou magistrat, n’a la moindre question à poser à Jean-Michel Bissonnet. L’accusé vient de faire le récit des étapes de sa vie, depuis sa naissance à Oran en 1947, jusqu’à l’assassinat de son épouse, le 11 mars 2008 à Castelnau-le-Lez.


Rien à voir toutefois avec le scintillant récit de sa success story montpelliéraine, livré avec force détails et autosatisfaction en septembre dernier. Exit ses liens avec Georges Frêche, comme le montant des loyers perçus pour ses bureaux place Vendôme. Il y a de l’émotion et des
sanglots, toujours, à l’évocation de Bernadette, rencontrée fin 1977, lorsqu’il était commercial en médicaments. « C’était la première cliente que je voyais seul, ça a été le coup de foudre. Deux jours après je lui ai téléphoné : Melle Juan, je suis amoureux de vous. On ne s’est pratiquement plus jamais quittés.»


Il parle de leurs enfants, de sa réussite immobilière, de l’achat d’une maison aux Etats-Unis : «Un rêve fabuleux, une vie extraordinaire, mais on ne pensait pas que la vie coûtait si cher. » Et l’autre maison, à Castelnau : « Vous l’avez vue en photo, comprenez qu’on puisse avoir le coup de foudre » lance-t-il aux jurés, les deux mains serrées sur son micro. Et les jurés regardent ailleurs, évitant de croiser son regard.


Ses loisirs à l’époque des faits ? La chasse, le golf, le Rotary. « Et la prison ? » demande le président. « C’est un monde de fou, un centre de formation pour toute une population.» Question : « A quoi occupez-vous vos journées ? » « Je m’emmerde. Je peux pas trop regarder la télé, car trop de choses me rappellent Bernadette. »


Il est visiblement surpris qu’on ne lui en demande pas plus. Se rassied pour écouter l’enquêtrice de personnalité, les psychiatres et les psychologues. S’énerve, au fil de la journée. « Narcissique, égocentrique, artificiel » égrènent les experts. Il griffonne sur son bloc. Jaillit soudain, quand on évoque la sexualité du couple : « Pour la défense de Bernadette, je vous demande d’arrêter de dire ça en public ! »


Roland Coutanceau, expert psychiatre et criminologue : « Il n’y a pas d’élément dans sa personnalité qui donnerait les clés de son acte » estime-t-il. S’il est coupable, quel est le mobile ? « Il n’y a pas besoin d’être fou pour faire des actes fous. Parfois, l’idée criminelle est moyennement intelligente. Faire tuer quelqu’un par quelqu’un qu’on connait n’est pas intelligent en criminologie. Mais on ne tue pas pour une maison après trente ans de vie commune. »


Me Iris Christol : «Mais pourquoi tuer plutôt que divorcer ? » « Curieusement, c’est parfois parce qu’on ne peut pas penser à une séparation. C’est parfois plus facile de faire le deuil de l’autre. C’est une vérité d’un caractère affectif archaïque. »


http://www.midilibre.com/articles/2011/02/01/A-LA-UNE-Bissonnet-raconte-sa-vie-et-les-jures-regardent-ailleurs-1524913.php5

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