dimanche 6 février 2011

Les jurés savent tout sur les faits et les accusés

Pendant une semaine, les jurés ont pu disséquer trois personnalités bien différentes.


A 16 h 30 vendredi, Claudine Bonamy, la voisine à Nîmes de la famille Belkacem, a quitté la cour d’assises de l’Hérault. Elle était le dernier témoin de ce procès hors-norme, qui en a vu défiler en un mois défiler 80, tous venus apporter une pierre à l’édifice. Après celle des faits, c’est la vérité des êtres que les jurés ont tenté cette semaine de cerner.


Celle, romanesque et inclassable, d’Amaury d’Harcourt, l’inénarrable vicomte aux 85 années d’aventures, dont l’ultime est d’être jugé pour complicité d’assassinat. L’indigne octogénaire, lundi, est quand même apparu plutôt sincère et crédible. Son neveu, le marquis Jean d’Harcourt, lui a rendu paradoxalement
hommage : « Personne dans la famille ne peut lui pardonner de s’être laissé manipuler alors qu’il avait le pouvoir d’arrêter tout ça. Mais lui au moins a la dignité, comme Meziane Belkacem, d’avouer ses actes. »


Vendredi, l’ex-employé des Bissonnet, qui a avoué avoir tué Bernadette de deux coups de fusil le 11 mars 2008 à Castelnau-le-Lez, a réussi un exploit : celui d’être un sinistre assassin... et d’apparaître comme un brave type. Regrets renouvelés, acceptation de son sort : ses mots, simples, ont sonné juste.


Jean-Michel Bissonnet a-t-il aussi bien passé l’épreuve ? Pas sûr. La cour avait trois jours, pour comprendre et écouter le mari de la victime, qui nie avoir fomenté le crime. Mardi, il a encore fait la démonstration de son étrange personnalité, passant instantanément d’une émotion à une autre. « Comprenez qu’on puisse avoir le coup de foudre », lâche-t-il d’un air émerveillé en évoquant sa maison.


Puis quelques minutes plus tard, il pleure, littéralement, de rage : « Je serai complètement fou, malade, d’aller faire tuer ma femme dans ma maison, soi-disant pour la garder ! » Tous les experts psychologues ou psychiatres ont été frappés par l’incroyable instabilité de cet homme qui bascule en un éclair du rire aux larmes.


Mais qui, ainsi que le relève Me Iris Christol, n’a jamais manifesté la moindre colère à l’égard de Meziane Belkacem, ni lors ce procès, ni en septembre, où ils n’étaient même pas séparés dans le box par un gendarme. « C’est quand même celui qui a tué sa femme et qui l’a envoyé en prison, en l’accusant » note ce jour-là l’avocate. « Vous voulez quoi, que je lui donne un coup de couteau ? Ca m’amènera à rien », réplique alors Jean-Michel Bissonnet, très énervé.


Énervé, il le restera pendant les deux jours où viendront témoigner en sa faveur, ses proches, les amis du Rotary, du comité de soutien. « Ce n’était pas un groupe de pression » a juré son président, Claude Jacquemin, expliquant sa création par « les cochonneries, les ignominies qu’on a pu lire dans la presse et entendre dans les salons montpelliérains. On était en train de revivre l’affaire Baudis ». La parole est désormais aux avocats : le verdict est attendu jeudi.


http://www.midilibre.com/articles/2011/02/05/A-LA-UNE-Les-jures-savent-tout-sur-les-faits-et-les-accuses-1529333.php5

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