« Je veux pas me plaindre ou pleurer sur mon sort. La prison, c’est jamais bien pour personne, mais on n’est pas là pour rien. Tout ce que je peux faire, c’est réfléchir à ce que je peux avoir comme avenir un jour, et faire profiter mes proches de mon expérience. » D’une voix douce et avec des mots simples, Meziane Belkacem, qui a avoué l’assassinat de Bernadette Bissonnet, a raconté hier à des jurés attentifs le parcours chaotique de sa vie. Celle d’un gamin né dans les montagnes de Kabylie, en 1959, abandonné par son père, un soldat harki qui fuit l’Algérie en 1962. « Tous ceux qui sont restés, ils ont été lynchés », explique-t-il.
Quand sa mère se remarie, il reste à la ferme, chez les grands-parents.
« Le deuxième mari, il prend la femme, pas les enfants, c’est les traditions. » Pour seule école : la cueillette des olives, les travaux des champs. En 1979, son père le fait venir en France. Rendez-vous manqué à Orly. « J’attends mon père », finit-il par dire à un voyageur parlant kabyle à l’aéroport. « Depuis combien de temps ? » « Cinq jours, je sais pas à quoi il ressemble. »
Il finit par rejoindre sa nouvelle famille. « Les enfants me regardaient comme un Martien. » Et puis il s’intègre, travaille dans le nettoyage, se marie, a un premier fils, Reynald, aujourd’hui sommelier à Londres. « J’en suis très fier. » En 1988, il divorce, se remarie en 1993, s’installe à Nîmes avec sa nouvelle épouse. Ils ont quatre enfants. Il tente de se mettre à son compte, échoue, se replie sur un boulot saisonnier à la Gazonnière de Saint-Laurent-d’Aigouze (Gard). « Ça fait partie des gars qui ont l’amour du patron », explique Alain Paquet, qui début 2008 envisage de l’embaucher. A cette époque, Meziane se fait mettre à la porte de chez lui, et déprime dans un hôtel meublé. « J’avais peur de me retrouver à la rue. »
Il travaille aussi un peu chez les Bissonnet. « Je l’admirais, car sa vie professionnelle était exemplaire. J’avalais tout ce qu’il me disait. » Mais de là à tuer, alors qu’il est musulman, pratiquant, et qu’il sait que le Coran condamne le meurtre ? « Dans la religion, on dit qu’on se bat toujours contre le Diable, qui nous pousse à faire des choses que tu ne veux pas faire. Ce jour-là, le Diable a gagné, il m’a détourné de mon chemin. »
Comment a-t-il pu tirer sur une femme qui a crié “Maman” en le voyant, et l’achever alors qu’elle était à terre ? « Je me suis laissé couler, j’ai pensé à rien. C’était comme si j’étais conditionné. Même après avoir vu Mme Bissonnet morte, j’ai continué à suivre le plan. »
http://www.midilibre.com/articles/2011/02/04/A-LA-UNE-Proces-Bissonnet-Meziane-Belkacem-l-enigmatique-assassin-1528208.php5
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