Assises: la terrible mort d'Aliya, 4 ans, rouée de coups et privée de soins

Comment, à l’âge de quatre ans et demi, peut-on mourir des suites de coups à répétition assénés par le « beau-père », sans que la mère intervienne, donne l’alerte ou soigne vraiment l’enfant martyr?

À partir de ce mercredi matin et jusqu’à vendredi soir, la cour d’assises de l’Hérault va examiner un terrible dossier où, souvent, les mots manquent pour décrire l’horreur.

Née à Nice en août 2003, avant de déménager en 2007 près de Nîmes, Aliya est devenue le souffre-douleur du nouveau compagnon de sa mère, un Malgache de 24 ans, Tahina Razafindrakoto. Cet ex-légionnaire a reconnu divers sévices sur l’enfant, à l’exception de présumées brûlures à l’aide de cigarettes. Sans participer aux violences, la mère, Sandrine Semiglia, 29 ans, originaire de Cagnes-sur-Mer, s’est gardé de les dénoncer.
C’est ainsi qu’elle n’aurait jamais scolarisé sa fille dans l’Hérault et l’aurait privée de visites chez le médecin afin de ne pas alerter les autorités. Elle se serait abstenue de l’emmener à l’hôpital alors qu’Aliya venait d’être frappée à la tête et souffrait d’un important traumatisme crânien.

Dans l’appartement d’à peine 25 m2 occupé par le couple à Valras-Plage, la fillette, décrite comme craintive, maigre et fatiguée, était apparemment de trop. « Elle constituait un obstacle à la relation exclusive et quasi fusionnelle nouée entre les deux accusés », confirme Me Anthony Chabert à la défense du légionnaire.

Dix jours d’agonie
Dès la fin 2007, Tahina Razafindrakoto aurait pris l’habitude de lui administrer coups de pieds et de poing. Pour la punir de ses bêtises et, a-t-il confessé, par simple jalousie, quand elle venait d’être câlinée par sa mère. Laissée seule dans le studio, la fillette était placée sous surveillance vidéo. Qu’elle s’avise de sortir du champ de la caméra, même pour aller aux toilettes, et elle était frappée au retour du « beau-père ».

Quasi-quotidiens, les coups seraient devenus de plus en plus violents, au point d’être portés avec un pommeau de douche et de provoquer une plaie ouverte à la tête. « Aliya aurait pu être sauvée par une intervention médicale immédiate », déplore l’ordonnance de renvoi aux assises « mais elle est restée à agoniser pendant plus de dix jours ».

92 lésions sur le corps
Tahina Razafindrakoto finissait par appeler les pompiers, en prétextant une chute accidentelle de l’enfant. Transportée dans le coma le 12 avril 2008 à l’hôpital de Montpellier, la fillette décédait le lendemain. À l’examen d’un corps à la maigreur évoquant une malnutrition, les médecins découvraient 92 lésions, dont des fractures au pancréas et au bras gauche.

Accusé de « violences habituelles ayant entraîné la mort d’un mineur », Tahina Razafindrakoto encourt 30 ans de réclusion. Bien que frustre, il ne présenterait, comme son amie, aucune anomalie mentale ou psychique. « Il commence à réaliser ce qu’il a commis mais il a du mal à l’expliquer, à mettre des mots dessus », avance Me Chabert.

Accusée de « privation de soins et d’aliments, de non-dénonciation de crime et de mauvais traitements », Sandrine Semiglia risque jusqu’à sept ans de prison. Mais, au-delà des mois de détention restant peut-être à purger, l’un et l’autre, qui s’échangent de leurs prisons respectives des lettres d’amour, pensent surtout… à se marier et à avoir des enfants. « Le projet est un peu décalé et irréel », concède Me Chabert.

« Visiblement, ajoute à la partie civile Me Christophe Petit, le couple n’a toujours pas pris conscience de la gravité de ses actes… »
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