samedi 2 juillet 2011

Jugé pour homicide involontaire quarante-trois ans (!) après les faits

Roche-la-Molière. Un plombier est mort électrocuté en changeant un tuyau en 2006. Tuyau près duquel un propriétaire avait fait des travaux d’électricité non conformes… en 1963
L’homme s’avance à la barre, le dos légèrement voûté et la démarche pas très assurée. Il faut dire qu’il a 79 ans et qu’il n’a pas l’habitude de ce genre de « rendez-vous ». Son casier judiciaire est vierge, il a mené une carrière de chimiste sans histoire avant de profiter d’une retraite paisible. Du moins paisible jusqu’en 2006, lorsque la police l’a convoqué pour un homicide involontaire.
Car quelques semaines auparavant, le 22 août précisément, un plombier est décédé dans un petit immeuble situé 6 rue de Bougainville, à Roche-la-Molière.
C’est là que le septuagénaire a longtemps habité. Mais il a déménagé depuis, et il ne comprend pas vraiment pourquoi on veut l’interroger sur cet accident.
Il se trouve que des fils électriques reliaient son ancien appartement à une cave. Cette installation n’était pas aux normes, notamment parce qu’il n’y avait pas de mise à la terre. Le courant courait donc le long du tuyau métallique dont s’est saisi le plombier. Or ces travaux d’électricité avaient été effectués par le septuagénaire et un voisin (1) en… 1963. C’est pourquoi il était poursuivi devant le tribunal correctionnel, jeudi, pour « homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ».
La famille du plombier a insisté pour que ce procès ait lieu, le juge d’instruction (tout comme le parquet) ayant conclu à un non-lieu.
Car le temps qui s’est écoulé entre la faute (les travaux mal effectués) et le lien de causalité (la mort du plombier) pose évidemment problème. Quel sens peut avoir le procès de cet homme aujourd’hui ?
Celui-ci affirme que ses connaissances en matière d’électricité étaient limitées : « Honnêtement, je ne savais pas qu’il fallait relier l’installation à la terre ». Thèse que ne peut croire M e Cauet, qui représente la famille : « On sait que l’électricité, c’est dangereux, et qu’il faut faire appel à un professionnel ». C’est aussi l’avis du parquet, qui a requis un mois de prison avec sursis et 300 euros d’amende.
M e Vérilhac, pour la défense du prévenu, a toutefois précisé « qu’un électricien a fait des travaux dans son appartement quelques années plus tard, mais sans lui dire que son installation était dangereuse ». Et de plaider que « si cette notion de mise à la terre est connue de nos jours, elle ne l’était pas forcément dans les années 60 ».
Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 8 septembre.
(1) Egalement mis en cause au départ, celui-ci est décédé en 2008.

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