samedi 24 septembre 2011

Le procès du pêcheur repenti

L'ex-président de la société de pêche de Péronne a été condamné mardi pour avoir détourné pendant ses trois ans de mandat l'équivalent d'un SMIC par mois.

À Péronne, la société de pêche était réputée pour bien se porter financièrement. Ses réserves affichaient l'opulence d'une carpe. De ce trésor de guerre, il ne reste plus rien. Son compte en banque a maintenant l'épaisseur d'un carrelet...

Deux coups du sort sont à l'origine de cette déconfiture. D'abord, un détaillant d'articles de pêche a fait faillite et privé l'association de 12000€ qu'il devait lui rétrocéder sur la vente des permis. Surtout, l'ex-président Fabrice Pommez a reconnu avoir détourné plus de 33 000€ en2007, 2008 et 2009. «Soit l'équivalent d'un SMIC chaque mois», calcule amèrement Sandrine Royal, avocate de la partie civile.

Le mode opératoire de M.Pommez était on ne peut plus simple: il retirait l'argent en liquide, se faisait un chèque ou virait une somme via internet. Ses motivations manquent tout autant d'originalité: «J'ai trois enfants et ma concubine ne travaille pas. Je gagnais environ 1000€ par mois, je ne m'en sortais pas. En plus, j'ai eu de gros ennuis de santé. Au début, je pensais rembourser mais c'était trop facile. C'est un engrenage...»

«Mais il n'y avait pas de trésorier dans cette association?», se demande un juge assesseur. Oui, évidemment, «mais comme j'occupais ce poste auparavant, je lui ai dit de ne rien faire», avoue sans chercher à se défausser Fabrice Pommez. «Et pas de commissaire aux comptes?», interroge à son tour le procureur Boussuge. «Non, je crois que ce n'était pas prévu dans les statuts.»

Bref, personne n'a été bien curieux pendant trois ans, ni le trésorier qui n'en avait que le titre, ni les sociétaires à qui chaque assemblée générale révélait invariablement que tout allait bien, ni la mairie qui n'a jamais mis le nez dans les comptes (alors que le contribuable subventionnait la société).

Les conséquences ne sont pas minces, pour une association qui compte encore cinq cents membres et anime une école de pêche. «On s'est retrouvé avec 20000€ de dettes, soit 12 000€ à la fédération et 8000€ de locations d'étangs, regrette l'actuel président Patrick Delaby. L'an dernier, on a réussi à en rembourser 6000. Moi, ce que je voudrais, c'est que les dettes passent au nom de M.Pommez, parce que pour l'instant, j'en suis seul responsable».

C'est hélas impossible en droit. Son avocate, en revanche, se félicite que la peine avec sursis soit assortie d'une mise à l'épreuve comportant l'obligation de rembourser. Autre consolation: l'avocat du prévenu, Me Alary, est arrivé hier au tribunal avec une petite enveloppe contenant 1 550 € en liquide. «À tout pécheur miséricorde», a-t-il conclu. « Amen», a répondu la partie civile...
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