vendredi 2 décembre 2011

Au tableau de chasse du FBI

Une Rolls Royce Phantom qui se gare au pied de la passerelle du Pelican, un yacht ancré dans la marina de South Beach à Miami. En mer, des Degas, Dali, Klimt, Soutine, Chagall qui passent dans les mains d'un narcotrafiquant colombien en échange d'un sachet de diamants, sous les yeux de bimbos en bikini. Mais les tableaux sont des faux sortis d'un entrepôt du gouvernement US et, du baron de la drogue aux filles, du capitaine du yacht au receleur de tableaux de maître, tous ont en commun d'appartenir au FBI. Seul un spectateur de la scène, "Sonny", Bernard Ternus pour l'état civil, il partage son temps entre Bandol et la Floride, est dans son rôle.
"Sonny" est l'un des six accusés jugés cette semaine par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. En son absence puisqu'il vit au Federal Detention Center de Miami depuis juin 2008, condamné à cinq ans et deux mois. A mi-chemin entre "Max et les ferrailleurs" et "Les experts à Miami", les jurés bouclent le scénario d'un polar ahurissant qui débute le 5 août 2007, sur les hauteurs de Nice, au musée Cheret. Prémonition... l'établissement est situé avenue des Baumettes.
Ce matin, il y a des enfants dans les galeries du musée, alors l'équipe de cinq hommes conduite par Pierre Noël-Dumarais repousse de quelques heures leur intrusion, armés. A 13 heures, ils n'ont besoin que de cinq courtes minutes pour décrocher deux Bruegel, au rez-de-chaussée, un Sisley et un Monet, 66 marches plus haut. Et de partir sans que les visiteurs du musée ne se soient vraiment rendus compte de quoi que ce soit.
En janvier 2008, l'attaché du FBI en France alerte Pierre Tabel,un gendarme, patron de l'office de lutte contre le trafic des biens culturels. A Miami, Bernard Ternus, dit "le Fatigué", a proposé à un agent infiltré les quatre tableaux de Nice. L'agent Robert Wittman espère que Ternus alias "Sonny" le conduira sur la trace d'un Vermeer et d'un Rembrandt, dérobés par de faux policiers au musée Gardner de Boston, en 1990. Le vol du siècle... Robert Wittman s'est juré de retrouver ces chefs d'oeuvre.
C'est parce qu'il espère que "le Bandolais" le conduira à ces toiles inestimables que l'agent du FBI accepte une rencontre à Barcelone avec Patrick Chelelekian, un vieux braqueur marseillais, un des auteurs du casse de Nice.
Un infiltré français


L'agent infiltré le met en contact avec Bernie, acheteur français intéressé par les toiles niçoises. Mais Bernie est un homme du Service interministériel d'assistance technique, le services des infiltrés français. Le 4 juin 2008, la Peugeot bleue qui sort d'un garage de la résidence des Palmiers à Carry-le-Rouet est prise en filature. Dans son coffre, les Brueghel, Sisley et Monet, roulés dans du papier kraft. L'acheteur a fixé rendez-vous sur la Corniche. À proximité, un passager sous un abribus, un homme qui promène son chien, un laveur de vitres... des hommes de la PJ qui donnent le change.


En un éclair, vingt hommes du GIPN neutralisent les receleurs et le policier français infiltré. Les toiles sont expédiées à Nice et au Musée d'Orsay qui avaient prêté au musée Chéret le Sisley et le Monet. Place aux explications des cinq accusés. Ils se disent victimes d'une manipulation américaine. Ils ont volé parce que, à Miami, un client - l'agent du FBI- avait passé commande. Ils encourent tous entre trente ans de réclusion et la perpétuité.
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/au-tableau-de-chasse-du-fbi

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