Murat Caliskan, 31 ans, est rejugé en appel dans la Somme pour la mort de sa fille en juillet 2007 à Beauvais.
Lorsque durant son premier procès devant la cour d'assises de l'Oise, il avait indiqué mériter «la perpétuité», ce n'était donc que pour faire bonne figure. Car après avoir été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour des violences habituelles ayant entraîné la mort de sa fille, l'homme avait fait appel. Il fait de nouveau face aux jurés d'une cour d'assises jusqu'à mercredi, à Amiens.
Le petite Sibel, 2 ans et demi, a été retrouvée morte le lundi16juillet2007, dans l'appartement de ses parents, rue des Vignes, dans le quartier Argentine à Beauvais. Elle est en couche allongée sur un tapis.
Lorsque les secours et les policiers arrivent sur les lieux, le père de l'enfant, Murat Caliskan, est caché dans une gaine technique de l'immeuble. L'enquête permet rapidement d'identifier l'origine de la mort de la petite: les coups répétés sur son abdomen. Son intestin a été perforé.
Les violences avaient été commises la veille. Murat Caliskan est un toxicomane notoire de Beauvais. Ce dimanche-là, il a consommé un mélange de cocaïne et d'héroïne. Et il reproche à sa fille d'être distante, de ne pas l'appeler papa... alors qu'il vient de passer quatorze mois derrière les barreaux.
L'homme frappe. Fort. «Plus fort que d'habitude», a dit la mère de la petite, toxicomane elle aussi et dépendante de son concubin pour la drogue (elle a été condamnée à 8 ans pour abstention volontaire d'empêcher un crime).
Les services sociaux avaient alerté la justice six mois avant
Le soir, Sibel vomit. Le lendemain, elle décède, entre 13 et 16heures selon les experts. Sa mère, qui n'alertera les secours qu'à 17h30, a indiqué qu'elle voulait emmener l'enfant à l'hôpital mais que le père s'y était opposé, parce qu'elle présentait des bleus.
Lors du premier procès, comme il l'avait d'ailleurs fait durant toute l'instruction, Murat Caliskan a peiné à assumer ses responsabilités. Il a ainsi essayé de nier que ce n'était pas la première fois qu'il frappait la petite, avant de reconnaître du bout des lèvres : «Il m'est déjà arrivé de frapper la petite, ce n'était pas méchant».
Les experts ont relevé 59 hématomes sur la victime, dont certains remontaient au moins à 15 jours avant sa mort. L'affaire de la petite Sibel n'est pas uniquement celle d'un père violent et d'une mère trop défoncée pour élever une enfant.
C'est aussi celui de l'échec de la société qui n'a pas su la protéger. Car les services sociaux avaient bien conscience du danger. Six mois avant le drame, ils avaient alerté la justice.
En mai, une ordonnance de placement avait été ordonnée. En juin, le parquet sollicitait le recours à la force public. Mais l'enfant ne sera jamais retirée du foyer familial.
Où se trouve le dysfonctionnement? On ne le saura jamais. Car l'enquête interne diligentée par le procureur général d'Amiens ne débouche sur... rien. Elle conclut qu'aucune faute individuelle n'a été commise au sein des différents services.
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Sibel-etait-morte-sous-les-coups-de-son-pere
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