jeudi 15 décembre 2011

Le patron du resto chinois aimait trop le casino Quand on « nem », on ne compte pas

Le patron d'un restaurant chinois de Charleville-Mézières a dépensé 1,3 million d'euros sur les tables des casinos. La justice s'est intéressée à son cas dernièrement.
L'ÉTABLISSEMENT s'appelait « Le Palais de Chine » et était situé sur la zone commerciale de La Croisette. À en croire Me Bourbouze, qui défendait les salariés de cet établissement, « il s'agissait d'une gargote absolument infâme. Ce qu'on vous servait là-dedans, on ne l'aurait même pas donné à des cochons. » Il n'empêche qu'entre 2009 et 2010, le chiffre d'affaires de ce restaurant exotique atteignait les 400.000 euros à l'année. Comme quoi, on n'est pas si difficile que ça dans les Ardennes.
La situation pouvait sembler florissante, si ce n'est que le patron de l'établissement avait une très fâcheuse tendance à se servir copieusement dans la caisse pour aller flamber au casino. En deux ans, il aura ainsi craqué 1,3 million d'euros sur les tables de jeux et accessoirement dans les bandits manchots, négligeant au passage de s'acquitter des charges sociales et allant même jusqu'à falsifier les fiches de paie de ses salariés afin d'obtenir des prêts bancaires.
Hairen Cen, le restaurateur-flambeur, était donc convoqué à la barre du tribunal correctionnel pour y répondre « d'abus des biens ou du crédit d'une SARL par un gérant à des fins personnelles ». On l'attend toujours. Seule Xiue Lin, son employée de confiance qui avait assuré la gérance du restaurant durant quelques mois, s'est présentée devant les juges. Cette dame, née à Qingtian en 1961, était poursuivie pour complicité dans cette gestion complètement surréaliste du Palais de Chine.
Joueur impénitent, qui n'hésitait pas à descendre régulièrement au casino d'Enghien, Hairen Cen, en situation irrégulière depuis le 27 juin 2006, utilisait tout bonnement les fonds de la société pour tenter de décrocher le jackpot aux jeux de hasard. Et Dieu sait qu'il y mettait du cœur puisqu'il était par exemple capable de dilapider plus de 200.000 euros en l'espace de seulement deux mois, alors qu'il ne récupérait que 180.000 sur l'ensemble de son investissement hasardeux. À cette cadence, cela ne pouvait évidemment pas durer des lustres.
Sa collaboratrice a expliqué dans un français assez approximatif qu'elle aussi, avait été la victime de son ancien employeur : « Il me doit beaucoup d'argent. Moi aussi, je me suis fait avoir », a-t-elle expliqué au bord des larmes. La présidente, elle, n'avait pas vraiment envie de pleurer sur les déboires de cette dame, lui expliquant que lorsqu'elle avait pris la gérance du restaurant, elle savait parfaitement que rien n'était clair dans la gestion de la SARL.
Madame le procureur en a d'ailleurs rajouté une couche : « Elle savait parfaitement d'où provenaient les fonds. Elle s'est d'ailleurs rendue elle-même quelquefois au casino. Quant à M. Cai, il savait pertinemment qu'il utilisait cet argent à mauvais escient, en marge de toute réglementation. » Le parquet a requis huit mois de prison avec sursis à l'encontre de la cogérante ainsi que l'interdiction durant cinq ans d'exercer toute activité commerciale et un an de sursis à l'encontre de Hairen Can, 5.000 euros d'amende et l'interdiction définitive d'exercer une activité commerciale. Ce dernier avait déjà fait l'objet de six condamnations, dont certaines pour des problèmes d'hygiène mais aussi pour avoir employé des étrangers sans autorisation de travail.
Le tribunal s'est montré encore plus sévère en condamnant Xiue Lin à 10 mois sursis et - comme demandé par le parquet - à l'interdiction de gérer une société durant cinq ans. Elle devra par ailleurs rembourser à la partie civile 73.559 euros ainsi que 31.700 euros correspondant aux espèces retirées dans les conditions que l'on sait.
Hairen Can, lui, s'est vu condamner à un an de prison ferme, 5.000 euros d'amende, et l'interdiction définitive de repasser derrière un tiroir-caisse. Le tribunal a par ailleurs délivré un mandat d'arrêt.

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/charleville-le-patron-du-resto-chinois-aimait-trop-le-casino-quand-on-nem-on-ne-com

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