jeudi 15 décembre 2011

Assises de Besançon : six ans pour l'agresseur au club de golf

A l’ultime minute de son procès, les mots sont restés coincés dans sa gorge. « Que puis-je faire pour me racheter ? », a-t-il soupiré au terme d’une logorrhée plaintive témoignant chez lui d’une sorte de vocation du malheur. Frédéric Durieux, l’auteur de la violente agression avec un club de golf à l’encontre d’une jeune femme au parc Micaud, à Besançon, a été condamné hier à six ans d’emprisonnement. Six ans assortis d’un suivi sociojudiciaire de cinq ans impliquant une obligation de soins et une peine nouvelle de trois ans en cas d’inobservation de ce suivi. Avec ce verdict, les jurés de la cour d’assises du Doubs ont tendu une main à Durieux et visiblement retenu la détresse affective, la misère sociale et l’inculture ayant entouré son enfance. Le défilé à la barre des membres de sa famille, à laquelle il ne ressemble vraiment pas, a pu d’ailleurs jouer, par contrecoup, en sa faveur.
Frédéric Durieux a dit hier toute sa reconnaissance à la famille d’accueil qui l’a porté huit années durant et l’a aidé à se construire et à acquérir des valeurs. Un ex-employeur a peint son goût du travail bien fait.
Dans son réquisitoire, l’avocate générale Philiponet s’est interrogée sur « la dangerosité, non psychiatrique, mais sociale, de Durieux ». Elle analyse son agression, sinon comme l’acte d’un prédateur, du moins comme celui d’un violeur à l’affût : « Club de golf à la main, il attend un adversaire potentiel, il est dans la pénombre. Peut-il confondre avec un homme la jolie jeune femme arrivant ? Non. » Certes, la magistrate veut bien retenir « son enfance épouvantable », certes, elle ne parle pas de préméditation, mais elle perçoit Durieux comme ayant des relations problématiques avec les femmes, « et qui avait une seule intention : violenter et agresser sexuellement ». Faisant référence aux experts psys, elle lance : « Il négocie tout le temps avec ses failles narcissiques, c’est un combat de tous les jours et quand il baisse les bras, il peut les lever comme il l’a fait sur la victime. »
Partie civile, M e Carré-Donini a parlé de « faits humiliants et dégradants pour la victime, tirée comme un paquet et souillée dans son intimité et dont la vie reste perturbée ». L’avocat a pourtant reconnu que l’audience lui avait permis de reconstituer les huit minutes de sa vie qualifiées de trou noir.

« Son sens de la culpabilité »

« Sans Frédéric Durieux, sans son repentir, sans ses révélations, il n’y aurait pas eu ce procès. S’il était un tordu, un violeur, un vrai, un mauvais, il n’aurait pas dit ce qu’il avait fait car c’est lui qui s’est conduit aux assises en parlant de pénétration digitale, alors que les examens ne le révélaient pas. C’est son sens de la culpabilité qui permet à la victime de se reconstruire », a souligné avec force M e Christine Pillot-Quenot.
La défenseure s’est évertuée à montrer que le réquisitoire de l’avocate générale n’avait en rien prouvé l’intention de Durieux d’agresser sexuellement : « Mais il faut que ce soit encore lui qui prouve qu’il a fait ce qu’il a avoué. C’est-à-dire qu’il a quitté les lieux de lui-même, non parce que quelqu’un arrivait, mais parce qu’il s’est lui aussi réveillé de ce court-circuit psychique décrit par l’expert, quand la victime s’est réveillée. » L’avocate a épinglé nombre d’interprétations et affabulations dans les faits intrafamiliaux évoqués à l’audience pour « accabler un peu plus Frédéric Durieux ». Le tout avant de lâcher : « Ce n’est pas un prédateur en embuscade. Ses repères flous sur la sexualité n’en font pas un abuseur sexuel. »
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2011/12/10/club-de-golf-et-viol-six-ans

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire