Relaxé ou condamné ? Le tribunal correctionnel de Paris se prononce jeudi sur la responsabilité de Jacques Chirac dans l'affaire des emplois présumés fictifs de la capitale, qui remonte au début des années 1990, quand il était maire de la capitale. Outre la décision concernant l'ex-chef de l'Etat, le tribunal se prononcera également sur ses neuf coprévenus. Premier ancien président de la République à être jugé en correctionnelle, Jacques Chirac, 79 ans, n'avait pas assisté au procès en septembre, ayant fourni un rapport médical faisant état de troubles neurologiques "sévères" et "irréversibles".
Poursuivi pour "prise illégale d'intérêt", "abus de confiance" et "détournement de fonds publics", M. Chirac encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende. Mais s'il est déclaré coupable, la prison avec sursis ou une dispense de peine semblent plus probables. "Votre responsabilité morale et politique est immense", avait déclaré au tribunal l'un de ses avocats, Me Georges Kiejman. "Votre jugement sera la dernière image donnée de Jacques Chirac", avait-il souligné, plaidant la relaxe.
"Aucune faute pénale ou morale"
L'affaire a deux volets: l'un, instruit à Paris, porte sur 21 emplois et l'autre, instruit à Nanterre, sur sept postes. Les emplois en cause ont été rémunérés par la mairie de Paris de 1990 à 1995. Les juges d'instruction qui ont renvoyé Jacques Chirac en correctionnelle lui reprochent d'avoir mis les deniers municipaux au service de ses ambitions électorales et des intérêts de son parti, les emplois litigieux devant servir à élargir sa sphère d'influence. Il était à l'époque maire de Paris, président du RPR et préparait la présidentielle de 1995, qu'il a remportée après deux échecs successifs. M. Chirac a toujours récusé les faits qui lui sont reprochés. Il avait affirmé "n'avoir commis aucune faute pénale ou morale", dans une déclaration lue au procès par son avocat Jean Veil.
Dans un réquisitoire qui s'apparentait davantage à une plaidoirie de la défense, le parquet avait demandé la relaxe de tous les prévenus. Sur les 28 emplois en cause, le parquet avait relevé un seul cas pouvant éventuellement constituer une "infraction", celui du garde du corps octroyé par Jacques Chirac à M. Blondel, mais avait préconisé une dispense de peine.
La "pétaudière" administrative
Sans son principal prévenu, le procès avait perdu beaucoup de son attrait médiatique, d'autant que de nombreux témoins n'avaient pas répondu à leur convocation, à commencer par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. L'ex-Premier ministre avait été condamné en 2004 à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité dans le volet nanterrien de l'affaire, en tant qu'ancien adjoint de Jacques Chirac à la mairie de Paris. La principale victime, la ville de Paris, était également absente du procès, ayant renoncé à se porter partie civile à la suite d'un accord d'indemnisation de 2,2 millions d'euros conclu avec l'UMP et M. Chirac. Il était revenu à l'association anti-corruption Anticor de porter la contradiction face à la défense.
Récusant le soupçon d'un "système" organisé, les avocats de l'ex-président avaient tenté de démontrer que les emplois en cause étaient utiles aux Parisiens. Ils avaient affirmé que Jacques Chirac ne pouvait pas être au courant des rares cas contraires, les imputant à la "pétaudière" administrative.
http://lci.tf1.fr/france/justice/proces-chirac-jugement-historique-ce-jeudi-6876740.html
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