C'est la deuxième fois que des pirates somaliens
sont jugés en France. Six hommes accusés d'avoir pris en otage pendant une
semaine, en avril 2008, l'équipage du voilier Le Ponant, sont
jugés depuis mardi aux assises de Paris.
Les accusés, âgés de 25 à 50 ans, sont poursuivis pour enlèvement et
séquestration ainsi que vol en bande organisée, faits passibles de la
réclusion criminelle à perpétuité. Tous ont été interpellés à terre, et un seul
reconnaît être un pirate. Il avait admis pendant l'enquête avoir participé à
l'abordage du trois-mâts et à la surveillance des otages. Son avocate, Me Puret,
le décrit comme un simple "exécutant". Deux autres reconnaissent être montés à
bord mais affirment qu'ils ne faisaient qu'approvisionner les pirates en chèvres, cigarettes ou khat. Trois réfutent avoir
jamais mis les pieds sur le voilier.
Où est le chef
?
Le 30 mars 2008, le Ponant avait
quitté les Seychelles avec 30 membres d'équipage mais sans passagers, pour le
Yemen où il devait embarquer des clients pour une croisière. Le 4 avril, à
l'entrée du Golfe d'Aden, le voilier était abordé par des pirates armés de fusils d'assaut, qui obligeaient l'équipage
à mettre le cap vers la côte somalienne. Une vingtaine d'entre eux se relaieront
à bord pendant sept jours. Le 11, ils libéraient leurs otages après versement
d'une rançon de 2,15 millions de dollars par le propriétaire du voilier, la
CMA-CGM, avant de prendre la fuite.
Un important dispositif militaire
français avait été déployé, et les fuyards étaient pris en chasse en Somalie. Un
4X4 était intercepté alors qu'il s'éloignait d'un village, avec à son bord
environ 200.000 dollars et des armes. Ses six occupants étaient interpellés et
étaient reconnus sur photographie par des membres d'équipage. Au fil de
l'enquête, ces derniers sont cependant, dans certains cas, revenus sur leurs
identifications initiales.
Des "laissés pour
compte"
Les avocats des accusés qui réfutent être des pirates soulignent que les enquêteurs n'ont retrouvé sur le
bateau "ni ADN ni empreinte digitale" impliquant leurs clients, dont
ils vont demander l'acquittement. Mes Cédric Alépée, Martin Pradel, Grégory
Saint-Michel et Gustave Charvet expliquent la présence de ces hommes dans le 4X4
par le fait que le véhicule était un "taxi collectif" dont ils étaient le
chauffeur ou des passagers. Me Alépée regrette qu'il n'y ait "pas eu
d'investigations pour trouver le chef" de l'opération, et que tous les
accusés soient en détention provisoire depuis quatre ans alors que le dossier ne
repose, selon lui, que sur "de prétendues reconnaissances". Me Martin
Pradel espère que cette affaire ne sera pas jugée "pour l'exemple, mais bien
pour ce que ces hommes ont fait ou pas fait", en "acquittant ceux qui
sont innocents et punissant de peines mesurées ceux qui ont commis des
fautes".
Les avocats de la défense comptent évoquer les conditions
économiques très difficiles en Somalie et l'attrait exercé par les pirates auprès de "laissés pour compte". Ils
évoquent aussi le "déracinement" de leurs clients, qui étaient au début de leur
détention éparpillés dans diverses prisons françaises, où le fossé culturel et
linguistique les maintenait dans un "isolement" total. Les six ont finalement
été regroupés à la prison parisienne de La Santé. Au total, 22 Somaliens sont
détenus en France pour quatre prises d'otages. Cinq hommes jugés fin 2011 pour
la prise d'otages du Carré d'As en septembre 2008 ont été condamnés à quatre à
huit ans de prison, un sixième étant acquitté. Le parquet a fait appel.
http://lci.tf1.fr/france/justice/le-proces-des-pirates-presumes-du-ponant-7261845.html
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