jeudi 14 novembre 2013

Incendie de l’hôtel Paris-Opéra: La question de la vétusté de l’immeuble au cœur du procès

La première audience s’est ouverte ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris…
«Cet hôtel fait très très peur», a raconté ce jeudi à la barre, à l’ouverture du procès de l’incendie de l’hôtel Paris-Opéra, Mohamed Ouled ben Habib, un des rescapés, se rappelant avec précision les propos qu’il avait tenus avec le Samu Social de Paris qui lui avait trouvé un hébergement d’urgence. Ce père de famille d’origine nord-africaine s’est souvenu avoir rappelé l’organisme quelques jours avant l’incendie pour le prévenir de la vétusté des lieux.
«La moquette n’était pas collée. Elle dépassait sur le mur et on pouvait voir les gravas en dessous. L’escalier était en bois. Il n’était pas sécurisé», a raconté ce travailleur dans le bâtiment, qui logeait au deuxième étage avec sa femme et ses deux enfants. «J’ai insisté avec le Samu. Mais on m’a dit "Soit t’y vas, soit c’est l’hébergement collectif". J’ai été obligé d’accepter», a-t-il témoigné.

«Sur-occupation des chambres»

Quelques minutes auparavant, le président du tribunal avait cité une par une les 24 victimes décédées dans cet incendie survenu dans la nuit du 14 au 15 avril 2005. Quatre personnes vont devoir s’expliquer devant la justice, huit ans et demi après les faits. En premier lieu, Fatima Tahrour, l’ex-petite amie du veilleur de nuit de l’hôtel qui a mis le feu en jetant ses affaires sur des bougies allumées, avant de quitter les lieux, sans s’apercevoir que les flammes s’étaient répandues.
Nabil Dekali, le gardien, doit lui aussi rendre des comptes. Pourquoi n’a-t-il pas prévenu les secours à temps? Serait-ce dû à son état le soir du drame, alcoolisé et sous l’effet de la cocaïne? Ses parents, Fatima et Rachid Dekali, les gérants de l’immeuble, sont eux aussi poursuivis pour «homicides et blessures involontaires». Mais ils risquent davantage que les deux premiers car ils auraient, selon le magistrat instructeur, «organisé la sur-occupation des chambres».

Les vidéos des secours diffusées lundi

L’immeuble, présenté comme «modeste», n’était pourtant pas «vétuste», a souligné avant l’audience Romain Boulet, l’avocat des parents Dekali. «Il était aux normes», insiste-t-il. D’ailleurs, un mois auparavant, une employée de la préfecture de police était venue le visiter. A l’audience, les parties civiles mais aussi la défense se sont insurgées que cette fonctionnaire ait refusé de venir témoigner. 
Dans ce procès, ni l’Etat ni les acteurs sociaux n’ont vu leur responsabilité engagée, ce que regrettent largement les victimes, accompagnées à l’extérieur de la salle d’audience par une cellule psychologique. Les familles redoutent surtout la journée de lundi prochain. Le tribunal doit diffuser à l’écran deux vidéos tournées par les policiers et les pompiers le soir du drame. Le président a déjà prévenu, les images «sont choquantes».

http://www.20minutes.fr/societe/1249987-20131114-incendie-lhotel-paris-opera-question-vetuste-limmeuble-coeur-proces

Aucun commentaire: