Les beaux-parents de Xavier Angely, 37 ans, présumé meurtrier de son épouse, usent de mots impitoyables pour qualifier la relation empoisonnée du couple. Premier appelé à la barre, ce jeudi après-midi, après une matinée consacrée aux expertises incendie, Robert Pouts, 67 ans, le père de Sandra, ne sait plus par quoi commencer tant le ressentiment est grand. "Ma fille était trop gentille. On l'avait avertie. Il a un caractère épouvantable. Il est très difficile à vivre, dur en paroles, surtout devant le monde. On l'a dite fragile. Je trouve qu'elle a beaucoup résisté mais il a fini par la détruire. Il est animé par le diable. Il a la méchanceté sur lui" affirme-t-il. "Elle nous a caché beaucoup trop de choses. Elle était devenue son objet" se désole-t-il.
Affectée d'une phobie de la conduite, la victime avait dû renoncer à son métier d'aide-soignante pour exercer à domicile celui d'assistante maternelle. Pour ses deux enfants, alors âgés de 9 et 6 ans, elle incarnait "une maman adorable" s'épanche Danièle Pouts, la mère de la malheureuse. "Elle faisait tout à la maison. Ma fille subissait. Il disait qu'elle était nulle, pas intelligente. Je crois qu'il a la haine des femmes" se risque la partie civile. Celle-ci reconnaît toutefois à Xavier Angely le mérite d'avoir aidé Sandra à rompre avec l'usage de l'héroïne. Mal dans sa peau, celle-ci "allait vers des gens à problèmes mais on ne peut pas porter la misère du monde" regrettait Robert Pouts.
Trop de brimades, vexations et humiliations eurent raison de la résilience de l'épouse. "En juillet 2011, un médecin lui a dit que tous ses problèmes et crises d'angoisse venaient de l'emprise de son mari. Il a fait des efforts pour changer mais le naturel est revenu au galop". À partir de là, Sandra conquiert son autonomie, recouvre le goût du volant et des échappées libres sans son compagnon. "Elle était déterminée au divorce. Il l'avait trop rabaissée trop longtemps. Elle s'est rendu compte qu'elle était mieux sans lui qu'avec lui" avance Danièle Pouts. Son gendre l'aurait alors prévenue : "Il faut qu'elle revienne avec moi sinon il y aura un drame".
La famille croyait à un chantage au suicide, pas à l'intention d'attenter à la vie de Sandra. "Elle est morte la veille de son anniversaire" soupire la mère, émue aux larmes. La tragédie a contraint les grands-parents à se muer en parents. "Il nous a brisés. Surtout les enfants qui ne demandaient rien à personne. Maintenant, ce sont eux qui nous aident à aller de l'avant".
L'aîné, qui a témoigné hier à huis-clos devant la cour, est suivi par un psychiatre, sa cadette par un psychologue mais tous deux vont aussi bien que possible. "Le grand a plus de 14 de moyenne en classe. C'est un sportif, capitaine de l'équipe de roller hockey. La petite fait de la danse. Ils ont envie d'être comme les autres" murmure Robert Pouts, conscient de la permanence du traumatisme et du vide de l'absence maternelle.
Tête basse, l'accusé a écouté les propos accablants de ses beaux-parents, sans jamais chercher à intervenir ni polémiquer.
La troisième journée du procès du crime de Montaner débute ce matin à 9 heures devant la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques avec l'enquête de personnalité consacrée à la victime. Après les témoignages de proches dont Murielle, la soeur de la défunte, on se penchera sur les expertises psychologiques et psychiatriques de Xavier Angely. On attend des éclairages sur l'amnésie alléguée durant l'enquête, et depuis l'ouverture des débats, par le présumé coupable qui n'offre qu'une mémoire très parcellaire des faits. L'accusé est défendu par Me Isabelle Fitas et les parties civiles représentées par Me Thierry Sagardoytho (les parents de Sandra), Julien Marco (la soeur de la victime et ses trois enfants) et Christelle Lombard (les enfants Angely).
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