mardi 4 mars 2014

Riche veuve retrouvée pendue sur sa péniche : crime ou suicide ?

Dominique Aubry s'est-elle suicidée ou a-t-elle été tuée pour capter son héritage, estimé à 14 millions d'euros ? C'est la délicate question à laquelle vont devoir tenter de répondre les jurés de la cour d'assises de Nanterre à compter de ce mardi. Les faits remontent au 30 novembre 2005. Dominique Aubry, 57 ans, veuve d'un célèbre marchand d'art, dîne avec deux amis, Franck Renard Payen et Olivier Eustache, sur sa péniche amarrée à Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine. Elle boit beaucoup et les deux hommes la quittent vers 21h30. On la retrouve pendue le lendemain.

La justice a longtemps hésité dans ce dossier. L'affaire est d'abord classée sans suite, mais des parents de la défunte se portent partie civile. Selon eux, la veuve, qui a consommé ce soir-là une quantité importante d'alcool et des médicaments, n'était "pas dans la capacité" de se suicider. Une information judiciaire est ouverte en 2006 et, en 2008, Franck Renard Payen et Olivier Eustache sont mis en examen pour "assassinat". En 2011, revirement, une nouvelle juge d'instruction prononce une ordonnance de non-lieu, mais le parquet fait appel et, en 2012, la chambre de l'instruction décide de renvoyer les deux hommes devant les assises. Pour l'accusation le mobile est évident. La veuve avait fait de Franck Renard Payen son légataire universel deux mois avant son décès. Ce dernier était aussi bénéficiaire d'une assurance-vie de 900.000 euros. Olivier Eustache aurait pu bénéficier d'une partie de cette manne financière. "Il semble que les deux hommes ont tout fait pour isoler la victime", relève le procureur Marc Rouchayrolle.
  
Un Dalmatien comme unique témoin

Et pour tenter de le démontrer, rien n'a été laissé au hasard. Outre les multiples analyses ADN  et expertises médico-légales et les nombreuses auditions, le juge d'instruction, fait rarissime dans les annales judiciaires, n'a pas hésité à convoquer le chien de Dominique Aubry, seul témoin au moment du décès, lors d'une reconstitution. Le Dalmatien, confronté aux deux suspects sous le regard de vétérinaires comportementalistes, n'a eu aucune réaction significative en leur présence.


L'examen des personnalités des accusés devrait être un temps fort de l'audience. Franck Renard Payen, "enfant gâté" selon ses propres dires, a accumulé les petits boulots après un parcours scolaire compliqué. Au moment des faits, il avait contracté plusieurs dizaines de milliers d'euros de dettes. Olivier Eustache, fils unique élevé seulement par sa mère, déboussolé depuis son divorce, mène une vie nocturne agitée et a tendance à abuser de l'alcool. Tous deux ont un casier judiciaire vierge. Ils encourent la réclusion  criminelle à perpétuité et comparaîtront libres à l'audience.

Pour Me Xavier Périnne, avocat du frère de Dominique Aubry, seule partie civile dans ce dossier, "la chaîne de circonstances est accablante". "On ne  retrouve aucune trace ADN de Dominique Aubry sur la corde avec laquelle elle est censée s'être pendue", note-t-il. "Il y a des traces ADN sur la corde, mais elles ne sont pas exploitables ou  identifiables. La scène du drame n'a pas été préservée car tout le monde croyait au départ à un
suicide", souligne Me Nicolay Fakiroff, l'un des conseils d'Olivier Eustache aux côtés de Me Eric Dupond-Moretti.  "Dominique Aubry était suicidaire. Elle a tenté de mettre fin à ses jours en juillet 2005, a menacé de le faire peu de temps après. L'envie de mourir était une idée fixe chez elle", ajoute l'avocat. Le verdict dans cette affaire "complexe et digne des meilleurs polars", est attendu pour le 21 mars.
 

http://lci.tf1.fr/france/justice/riche-veuve-retrouvee-pendue-sur-sa-peniche-crime-ou-suicide-8376141.html

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