vendredi 9 mai 2014

Au procès Leulmi, la principale accusatrice raconte sa vie avec «le mal incarné»

Julie Derouette, ancienne conquête de Jamel Leulmi, a raconté vendredi pendant trois heures devant la Cour d'assises de l'Essonne sa relation avec l'accusé et une terrible agression subie au Maroc, dont elle le soupçonne d'être l'instigateur pour toucher 7 millions d'euros d'assurance décès.
«Ca a été très facile pour lui de me séduire», a affirmé la jeune femme, vêtue de noir, expliquant avoir rencontré Jamel Leulmi fin octobre 2009, «peu de temps» après une opération à cœur ouvert de sa petite fille.
Elle le juge alors «un petit peu insistant, mais vraiment très gentil». Peu à peu, il s'immisce dans sa vie, la voit tous les jours, parfois «très tôt le matin» et veut «toujours tout payer». Sa fille se met à l'appeler papa.
Ce playboy bodybuildé lui raconte en pleurant le décès de sa première femme, renversée à vélo en 2007, sans s’apesantir toutefois sur les circonstances mystérieuses de l'accident et l'assurance décès qu'il a touchée à sa mort, des faits qui lui valent en partie sa présence dans le box depuis deux semaines.
Julie Derouette poursuit son récit d'une voix posée: «Un jour, il m'a demandé: +Qu'est-ce que tu penses d'un petit voyage ?+». Il aurait ajouté: «Comme tu es un peu +Pierre Richard+, il va falloir que tu rédiges un contrat d'invalidité décès», nécessaire selon lui pour obtenir un visa pour l'Algérie. «Sans ça, au bled, ils ne te rapatrient pas et là-bas, ils te laissent crever», aurait-il dit.
Elle signe des contrats sur internet et en agence. «A cette époque, je ne savais pas ce que représentait 50.000 ou 60.000 euros, car je n'ai pas été éduquée dans l'argent», affirme-t-elle.
Me Éric Dupond-Moretti, l'avocat de Jamel Leulmi, choisit ce moment pour quitter ostensiblement la salle en soupirant, le pas lent et levant les yeux au ciel.
- 'J'entends ma nuque qui craque' -
Julie Derouette ne lui prête pas un regard et se penche sur «le fameux jour de la demande en mariage». «Est-ce que pour toi c'est évident que tu vas être ma femme ?», lui aurait-il demandé quelques semaines à peine après leur rencontre.
Mais il veut d'abord la faire venir à Marrakech, ce qu'elle accepte. Là-bas, il s'agenouille, se met à pleurer, lui offre «une très belle bague». Il lui demande aussi de louer une voiture pour partir en Algérie voir «un cousin».
Il la suit, dit-elle, mais disparaît soudain de son rétroviseur. Elle est alors percutée par l'arrière et arrête son véhicule.
Sa voix tremble au moment de se remémorer ce soir de décembre 2009 devant une cour d'assises pendue à ses lèvres: «Je sens quelqu'un qui m'attrape par les cheveux et qui commence à me coincer la tête dans le volant et qui continue à donner coups de poing sur coups de poing». «J'entends ma nuque qui craque et des gens qui disent +On va te crever !+», ajoute-t-elle en sanglotant.
«Aujourd'hui, je suis formelle: c'était Jamel», affirme-t-elle.
Quand elle se réveille à l'hôpital, la colonne vertébrale brisée, Jamel Leulmi est à ses côtés. «Il pleurait et m'a dit: +Tu vas mourir, ta moelle épinière est touchée+». Mais il lui affirme ensuite qu'il doit rentrer en France.
Rapatriée, Julie Derouette tente difficilement de se rééduquer. Elle n'a pas de nouvelles de Jamel Leulmi jusqu'au soir où «il débarque avec un énorme bouquet de fleurs». «J'étais absolument convaincue -j'étais amoureuse- qu'il n'avait rien à voir avec ça».
Mais en juin 2010, elle est victime d'un cambriolage: quatre copies de contrats d'assurances décès ont disparu. «J'ai porté plainte le lendemain», dit-elle. «Tout était calculé depuis peut-être même le premier regard», ajoute-t-elle.
Dans le box, Jamel Leulmi écoute en se mordant la lèvre, hausse parfois les sourcils, se tient la tête. Il cligne des yeux sans arrêt: un tic.
Elle hausse le ton: «S'il était si innocent, il se lèverait, il me regarderait droit dans les yeux. Il ne ferait pas l'autruche. C'est le mal incarné.»

http://www.20minutes.fr/article/1371345/20140509-proces-leulmi-principale-accusatrice-raconte-vie-le-mal-incarne

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