La disparition
12 mai 2013. La nuit tombe sur Clermont-Ferrand. Le calme habituel d’une fin de journée de dimanche est troublé par les pales de deux hélicoptères. Durant plusieurs heures, ils vont effectuer des rotations au-dessus du parc Montjuzet jusqu’à une heure avancée de la nuit. Au sol, des équipes cynophiles sont également à l’œuvre. Un peu plus tôt, vers 18h30, une maman a signalé à la police la disparition de sa fille, Fiona, âgée de 5 ans. Cécile Bourgeon explique alors qu’elle s’est rendue dans ce parc avec ses deux filles, une heure plus tôt, et qu’elle s’est assoupie un quart d’heure. Quand elle rouvre les yeux, sa fille aînée a disparu.Des témoins confirment la présence d’une femme inquiète à la recherche de sa fille dans le parc et d’autres racontent avoir été sollicités dans la rue par Berkane Makhlouf à la recherche de l’enfant. Le 14 mai, une information judiciaire pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire de mineur de 15 ans est ouverte. Les policiers, eux, poursuivent la collecte de témoignages et, au fil du temps, il apparaît que personne n’a vu Fiona dans le parc Montjuzet ce dimanche 12 mai 2013. Parallèlement, l’enquête s’attarde sur le contexte familial.
Cécile Bourgeon vit avec Berkane Makhlouf dont elle est enceinte de 6 mois. Il n’est pas le père des deux premiers enfants. Fiona, née en 2007, et Eva, née en novembre 2010, sont les filles de Nicolas Chafoulais. Interrogé par la police, il explique qu’il n’a pas de contact avec ses deux enfants depuis un conflit en septembre 2012.
L'appel au secours
Le 16 mai 2013, Cécile Bourgeon émeut la France entière en lançant un appel au secours. Elle apparait en larmes devant la presse, accompagnée par son avocat, Me Gilles-Jean Portejoie. La maman de Fiona en appelle à « tout le monde, à tous les Clermontois » pour l’aider à retrouver sa fille portée disparue depuis 4 jours.Une famille soutenue
Alors que les recherches pour retrouver Fiona se poursuivent, c’est tout un pays qui se sent concerné par sa disparition. Alors que 200 personnes se sont retrouvées à l’initiative d’internautes le jeudi 16 mai sur le parking du parc de Montjuzet à Clermont-Ferrand, la toile se mobilise également pour venir en aide à la mère éplorée.Sur Facebook, la photo de la jeune fille est ainsi largement diffusée et partagée. Le groupe Avis de Recherche qui compte alors près de 27 000 membres donne régulièrement les dernières informations liées à l'enquête. Une page de soutien pour la petite Fiona a également vu le jour sur le réseau social et compte très vite plus de 18 000 membres.
A Clermont-Ferrand, des manifestations de soutien à la famille sont organisées alors que Fiona est toujours recherchée. Une association, «Tous ensemble pour Fiona et sa famille », est créée. Des marches, des lâchers de ballons ont régulièrement lieu, comme ce 8 juin, 4 semaines après la disparition de la fillette.
Le rebondissement
Le 24 septembre 2013, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, son compagnon, sont arrêtés à Perpignan où le couple s’est installé pendant l’été. Quelques jours après ce coup de théâtre, le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Pierre Sennès, explique que la décision d’interpeller les deux concubins a été prise dès le mois de juin. Cécile Bourgeon était alors enceinte de son 3e enfant (né en août) et son état de santé a contraint les enquêteurs à repousser l’échéance.Devant les policiers, la mère de Fiona accable son compagnon. Elle raconte qu’il s’est emporté contre sa fille, le 11 mai, et lui a porté une claque au visage. Elle décrit un hématome sous l’œil, dit avoir couché l’enfant à 20h30. Fiona s’est relevée vers 22h30 pour vomir et se plaint alors de douleurs au ventre. Le lendemain, à 9h30, le couple découvre son corps sans vie.
Selon son avocat à l’époque, le compagnon de Cécile Bourgeon reconnait au cours de sa garde-à-vue que l'enfant était morte après avoir reçu des coups quelques jours auparavant, mais a parlé d'un « accident domestique ». Les investigations, croisées avec de nombreux témoignages, mettent au jour une série de violences subies par Fiona au cours du mois précédant son décès. Elle aurait ainsi été frappée au visage, à l’abdomen, de manière récurrente, de la part des deux adultes. Sa mère dissimulait les traces avec du fond de teint ou des bandeaux, allant jusqu’à la retirer de l’école quand les marques de maltraitance se faisaient trop voyantes. Ainsi, Fiona était absente de l’école depuis le 15 avril 2013.
La colère
A Marseille, à Brive-la-Gaillarde, à Ussel, à Clermont-Ferrand, des marches blanches sont organisées en mémoire de la petite fille. « Repose en paix petit ange », peut-on lire sur des t-shirts.
Alors que l’enquête a permis d’établir que Fiona est probablement morte des suites de violences répétées contre elle, les deux amants n’ont eu de cesse, depuis leur interpellation, de rejeter sur l’autre la responsabilité des coups portés. Au cours des différentes auditions, Cécile Bourgeon a expliqué que, le 11 mai, ce n’était pas la première fois que sa fille « se mangeait des coups par Berkane ». Berkane Makhlouf, lui, conteste les accusations de violences mais ne nie pas avoir donné une fessée à Fiona ce jour-ci. Parallèlement, il affirme que sa compagne a elle-même déjà frappé son enfant et qu’elle pouvait avoir des réactions régies par l’impulsivité.
L'absence de corps
Où se trouve le corps de Fiona ? Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf s’entendent sur la même version : la fillette a été enterrée à proximité du lac d’Aydat. Les recherches menées sur place dès le 26 septembre n’ont jamais rien donné.Quelles charges pèsent contre Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf ?
Berkane Makhlouf est renvoyé devant la Cour d'Assises du Puy-de-Dôme des chefs de :- violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, sur mineure de 15 ans, par personne ayant autorité, en réunion
- non assistance à personne en péril
- recel de cadavre
- violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, sur mineure de 15 ans, par ascendant, en réunion
- non assistance à personne en péril
- recel de cadavre
- modification de l'état des lieux d'un crime
- dénonciation mensongère à l'autorité judiciaire de faits constitutifs d'un crime ou d'un délit ayant provoqué des recherches inutiles
http://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne/puy-de-dome/artense/clermont-ferrand/fiona-5-ans-victime-violence-familiale-1096027.html
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