vendredi 2 septembre 2011

Condamné pour homicide, le chirurgien a fait appel

Condamné à 18 mois de prison avec sursis et 130 000 € de dommages-intérêts pour la mort de Romain Gommenne, lors d'une opération à Reims, le docteur Jean-Pierre Giolitto a fait appel de la décision.

L'affaire Romain Gommenne n'est pas terminée. Condamné le 29 juillet à 18 mois de prison avec sursis et 130 000 euros de dommages-intérêts à verser aux proches de la victime (l'union du 30 juillet), le chirurgien de la polyclinique des Bleuets reconnu coupable d'avoir causé la mort de ce jeune patient de 18 ans a fait appel de la décision.
Après le tribunal correctionnel de Reims, ce sont donc les magistrats de la cour d'appel du ressort qui devront se pencher à leur tour sur cette douloureuse affaire survenue le 22 août 2006.

Fautes caractérisées

Lycéen domicilié à Taissy, Romain Gommenne avait profité des vacances d'été pour se faire opérer d'une dilatation veineuse au testicule, une pathologie bénigne mais gênante entraînant douleur et gonflement.
L'intervention chirurgicale réalisée par le docteur Jean-Pierre Giolitto avait tourné au drame. Le trocart introduit par l'urologue avait perforé l'artère iliaque et la veine cave, provoquant une hémorragie massive aux conséquences fatales. Le chirurgien avait tenté de stopper l'hémorragie avec ses seules mains, en comprimant l'aorte, sans utiliser les pinces (clamps) qu'il avait à sa disposition dans les boîtes d'urgence. A cette « faute caractérisée » retenue par la justice s'en ajoutait une autre : s'être abstenu de requérir l'intervention d'un chirurgien viscéral présent dans une salle voisine. Le praticien avait préféré attendre l'arrivée du seul chirurgien vasculaire disponible qui se trouvait à ce moment-là à la clinique Saint-André (les Bleuets appartiennent au même groupe).

Deux appels en cours

A son arrivée, 25 minutes plus tard, il était déjà trop tard pour sauver le jeune homme qui succombait peu de temps après à un arrêt cardiaque provoqué par les pertes massives de sang. Lors de son procès pour « homicide involontaire », Jean-Pierre Giolitto estimait n'avoir commis aucune erreur. « Il était dans l'attente du chirurgien vasculaire. Il n'a pas voulu utiliser un clamp qui ne lui paraissait pas adapté, car il craignait d'aggraver la perforation », a plaidé son avocat parisien, Me Georges Lacoeuilhe, avant de soutenir que son client n'avait « commis aucune faute caractérisée, c'est-à-dire un comportement manifestement irresponsable en sa méconnaissance des réflexes fondamentaux qui doivent être adoptés face à cette situation d'urgence. » Depuis cette affaire, Jean-Pierre Giolitto a quitté Reims. Il travaille maintenant en Alsace. Aucune suspension ou interdiction définitive d'exercer n'a été prononcée par le tribunal correctionnel, contrairement au souhait de l'avocat des parents de Romain Gommenne qui avait demandé aux juges de le mettre hors circuit.
Sur un plan disciplinaire, le chirurgien a été condamné par ses pairs, le 12 mars 2011, à six mois d'interdiction d'exercer dont quatre avec sursis. Là aussi, la décision n'est pas définitive car l'urologue a fait appel.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/condamne-pour-homicide-le-chirurgien-a-fait-appel

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