mercredi 16 avril 2014

Procès de la "veuve noire de l'Isère" à Grenoble : un mobile mais de preuves

De nombreux indices troublants, mais pas de preuve matérielle. Ce mardi 15 avril, la cour d'assises de l'Isère a examiné les charges pesant sur Manuela Gonzalez, accusée d'avoir tué son mari en octobre 2008 et surnommée "la veuve noire" en raison de son étrange passé amoureux.
Le mobile financier. De 2004 à 2008, monitrice d'auto-école, Manuela Gonzalez avait fait l'objet d'une procédure judiciaire pour avoir favorisé l'obtention de permis de conduire à des gens du voyage, en échange de contreparties financières. Dans ce cadre, le fisc et l'Urssaf lui réclamaient quelque 67.000 euros. Pour payer ses dettes, elle avait contracté en 2008 un prêt de 165.000 euros garanti par une hypothèque sur la maison familiale. Elle fréquentait par ailleurs les casinos plusieurs fois par semaine, sans que son mari le sache, jouant 163.000 euros - pour 73.000 euros de gains connus - de janvier 2007 à septembre 2009.

Avant et après la mort de Daniel Cano, un chaudronnier de 58 ans, plusieurs dizaines de milliers d'euros ont été virés de son compte vers celui de Manuela Gonzalez, qui en avait plus de 20 à son nom. Les gendarmes ont ainsi estimé que celle-ci avait un mobile financier pour tuer son mari, doublé d'un mobile sentimental en raison de tensions au sein du couple.
Quand les gendarmes découvrent le corps carbonisé de son mari, encore non identifié, dans sa voiture incendiée à quelques dizaines de mètres de son domicile, ils commencent par faire une enquête de voisinage.

A part des déductions, vous avez quoi ?"

La plupart des voisins évoquent des détonations entendues pendant la nuit - l'éclatement des pneus. Mais Mme Gonzalez "donne son emploi du temps à elle et à son mari sans qu'aucune question ne lui soit posée", raconte le gendarme. Par la suite, elle dira n'avoir rien entendu car elle dormait profondément. Quelques mois plus tard, elle dira avoir vu une voiture blanche devant sa maison et finira par mettre en cause son beau-fils, Nicolas Cano.

Ces contradictions et les incohérences de certaines déclarations de Mme Gonzalez en font peu à peu la suspecte numéro 1. Elle est "la seule et la dernière personne à avoir vu Daniel Cano", souligne l'enquêteur.

Les gendarmes relèvent en outre les "ressemblances avec les décès des derniers concubins" de Mme Gonzalez, morts eux aussi, en 1989 et 1991, d'intoxications après avoir absorbé des médicaments.  Ils font enfin un "lien probable" avec un incendie intervenu en septembre 2008 dans la chambre de M. Cano alors qu'il dormait.

"Est-ce qu'il n'était pas plus raisonnable et plus rentable pour Mme Cano (Gonzalez, ndlr) de divorcer ?", a rétorqué son avocat, Ronald Gallo, évoquant "plus de 300.000 euros" qu'elle aurait pu tirer d'une telle procédure.

Le gendarme a dû concéder que les enquêteurs ne connaissaient pas l'origine des deux feux dont a été victime Daniel Cano et que Manuela Gonzalez n'avait pas été soumise à des analyses permettant de démontrer sa présence sur les lieux du crime.

"Vous n'avez pas d'éléments matériels démontrant la participation de Mme Cano à la commission des faits. En définitive, à part des déductions, vous avez quoi ?", a lancé Me Gallo.


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