mardi 27 juillet 2010

Alfredo-Stranieri-le-coucou

Tout a commencé par la vente d'une Jaguar. Son propriétaire, un commerçant de la région parisienne, met une petite annonce dans «la Centrale des particuliers». Un homme se porte acquéreur, sans négocier le prix: 390.000 francs à l'époque (60.000 euros). Rendez-vous est pris le 4 janvier 1999 dans une station-service de Pondorly (Val-de-Marne). L'acheteur - un certain Frédéric Adman - n'a pas le chèque sur lui. Il propose alors à Simon Cohen de se rendre à Viry-Châtillon, où il tient une discothèque, le New Love. Son banquier les y attend, avec l'argent, promet-il.

Arrivés sur place, il n'y a pas de banquier. En attendant, Frédéric Adman propose un petit tour du propriétaire. Les deux hommes descendent au sous-sol pour visiter la discothèque. Après une vague démonstration de DJ, Simon Cohen se retrouve braqué par un 22-long rifle. «Il m'a dit "bon allez" et a commencé à me tirer dessus», raconte-t-il lors du procès en 2003. Cinq balles dans le corps, dont une dans les poumons, il parvient à s'enfuir, à escalader le portail fermé à clef et à se réfugier chez des voisins qui appellent la police. L'auteur des coups de feu crie dans la rue «c'est un voleur», avant de s'enfuir en voiture. Simon Cohen vivra. Un miracle sans lequel le parcours criminel d'Alfredo Stranieri - de son vrai nom - aurait pu durer encore longtemps.

Disparition d'un couple
Ce fait divers va en effet mettre la puce à l'oreille à Claude Girard, dont la fille a disparu depuis la fin 1997. A l'époque, Nathalie fréquentait un certain Frédéric Adman, propriétaire du New Love. Elle avait téléphoné à ses parents pour leur dire qu'ils venaient de vendre les lieux au prix fort. Depuis, plus de nouvelles. Claude Girard retourne donc voir la police, qui l'avait éconduit une première fois en 1998. Même fin de non recevoir. Le lien avec l'affaire Simon Cohen n'est pas fait.

Il faudra attendre qu'Alfredo Stranieri, né Italien le 30 juillet 1956 puis naturalisé français en 1982, commette un nouveau crime pour que le lien entre les affaires soient fait et qu'émerge petit à petit le profil du tueur aux petites annonces.

En mars 1999, dans l’Aveyron, il repère dans le journal la vente d'une auberge à Bez-de-Naussac, «La Bouriate». Sous le nom de Mario Stranieri - son frère -, il se porte acquéreur pour 4 millions de francs (plus de 609.000 euros), toujours sans négocier. Les propriétaires, Nicole Rousseau et son ami Claude Mouly, signent l'acte de vente début avril. Puis disparaissent dans la nature. C'est grâce à la persévérance de leurs enfants respectifs, très inquiets, que les policiers vont de nouveau mettre leur nez en juillet dans les affaires de Stranieri, qui s'est installé depuis dans l'auberge, l'air de rien. Ils s'aperçoivent que le «coucou» est recherché pour avoir tiré sur Simon Cohen à Viry-Châtillon. L'homme est placé en garde à vue.

Une bâche bleue
Entre temps, Claude Girard reçoit un appel d'un journaliste du Parisien, qui l'informe qu'Alfredo Stranieri vient d'être arrêté dans l'Aveyron où un couple a disparu après lui avoir vendu une auberge. Le père de Nathalie comprend alors que sa fille et son ami ont sûrement été assassinés et se souvient d'avoir vu une bâche bleue dans le jardin du New Love. Il alerte la police, qui découvre les deux corps à l'endroit indiqué. En Aveyron, l'enquête s'accélère et les deux corps de Nicole Rousseau et son ami Claude Mouly sont également retrouvés enterrés dans le jardin de la Bouriate.

Au procès, qui s'ouvre en février 2003 devant les assises de l'Essonne, Alfredo Stranieri va tenter de s'en sortir en apportant des explications fantaisistes incohérentes. En vain. Confondu par la carabine 22 long rifle, qui a également servi à tuer Nathalie Girard et Frédéric Adman, il est condamné le 28 février 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans. En mars 2004, cette condamnation est confirmée par la cour d'appel de Créteil et son pourvoi en Cassation est rejeté début 2005.
http://www.20minutes.fr/article/586187/Retour-sur-une-affaire-criminelle-2-5-Alfredo-Stranieri-le-coucou.php

mercredi 21 juillet 2010

"C'est justement parce qu'il la sent naïve et crédule qu'il se sert d'elle..."

L'histoire est singulière. De dos, madame G., de petite taille, exhibe une épaisse chevelure rousse. Cette femme d'une cinquantaine d'années, salariée d'une compagnie d'assurances depuis 40 ans, élevant seule ses deux enfants et ses deux neveux orphelins, se retrouve - à son insu ? - sur le banc des accusés à la 13e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Son compte bancaire a servi à détourner plusieurs chèques interceptés dans le circuit postal par son compagnon, qui a ensuite falsifié le nom du bénéficiaire devenu madame G. Celle-ci s'est alors retrouvée créditrice de la rondelette somme de 8.300 euros, un petit "cadeau" de son ami de 20 ans plus jeune qu'elle, en "remerciement" de tout ce qu'elle a fait pour lui. Sauf que, quelques jours plus tard, il l'a "incitée" à faire des retraits d'espèces pour acquérir divers objets. Le jeune homme s'est ensuite volatilisé sans laisser d'adresse.


- Comment, après quatre ans de relations amoureuses, croire à une telle naïveté ? s'étonne la présidente. Après toutes ces années d'intimité partagée, vous ne connaissez ni son adresse, ni sa profession, ni même la véritable identité de ce dénommé Fabrice ?

Silence. Madame G. expliquera plus tard : "Je n'ai rien vu, je ne consultais pas mes comptes et ne me suis aperçue de rien."

La présidente rappelle à la prévenue que le fait d'encaisser les sommes frauduleusement détournées est passible de cinq ans de prison. En théorie, bien sûr. Car madame G. a un casier vierge et un statut social peu compatible avec une peine privative de liberté.

D'ailleurs, la procureur reste sobre. Elle s'en tient à une peine de trois mois avec sursis, sanctionnant la complicité intellectuelle de madame G. Un argument que l'avocate va s'efforcer de retourner subtilement.

"Il faut se mettre à sa place, madame la présidente, commence-t-elle, d'un ton bienveillant. Ma cliente est divorcée, elle n'a pas la vie facile avec quatre enfants à charge. Puis elle rencontre cet homme de 30 ans, d'origine noire..."

L'avocate se déplace dans la salle, tantôt vers la gauche, s'adressant à la procureur, tantôt vers la droite, fixant une à une les magistrates composant le tribunal.

Et de poursuivre : "Il est beaucoup plus jeune qu'elle, elle n'ose pas s'afficher avec lui. Ils se voient épisodiquement, mais cela la rend heureuse. Mesdames du tribunal, ma cliente ne se pose pas de question. Elle fréquente Fabrice et pas monsieur X, usurpateur d'identité et délinquant à ses heures. Et ce Fabrice se montre attentif et délicat. C'est tout ce qui compte pour elle. Elle ne se pose aucune question à son sujet. Et pourquoi, d'ailleurs, s'en poser ? Qui s'en poserait ? Fabrice ne lui demande rien. D'ailleurs, elle n'a pas grand-chose à lui donner... "

Après une parenthèse de silence, laissant aux magistrates le temps de peser la valeur de ces explications, l'avocate poursuit. "Et lorsqu'il dépose cet argent sur son compte, il lui dit : Je vais t'aider. Cela n'éveille aucun soupçon de sa part. Après tout, il lui doit beaucoup, elle l'héberge parfois, lui offre des cadeaux et paie son abonnement de téléphone. Il n'y a rien de très étrange dans le fait qu'il dépose de l'argent sur son compte. Et puis, lorsqu'il lui demandera de retirer des espèces, elle les lui donnera. Après tout, ce n'est pas son argent ! Qu'y a-t-il d'anormal dans tous ces gestes et attitudes d'une femme amoureuse ?

La présidente observe la prévenue, l'air presque compatissant.

"Madame la présidente, ajoute l'avocate, c'est justement parce qu'il la sent naïve et crédule qu'il se sert d'elle pour masquer sa fraude. Il savait très bien qu'elle n'allait pas contrôler l'origine des chèques !"

Conclusion sans faille au terme d'une démonstration sans fissure.

"Faute d'avoir été animée d'une quelconque intention frauduleuse, ma cliente n'est pas coupable de l'infraction qui lui est reprochée", tranche l'avocate d'une voix grave.

S'adressant à madame G. :

- "Avez-vous quelque chose à ajouter, demande la présidente.

- Oui, dire que je suis sincère et que je l'ai toujours été."

Sincérité récompensée ou marque d'indulgence féminine ? Madame G. sera relaxée.
http://www.lepoint.fr/chroniques-ete-carnets-justice/c-est-justement-parce-qu-il-la-sent-naive-et-credule-qu-il-se-sert-d-elle-20-07-2010-1216502_195.php

mardi 20 juillet 2010

«Les frères siamois de l'horreur»

L'histoire aurait pu inspirer Henning Mankell, auteur de polar suédois*. Elle se passe dans le nord de la France, en février 1997. Dans la nuit du 11 au 12, plus précisément. C'est soir de carnaval au Portel, dans la banlieue de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et malgré la pluie, Isabelle, Audrey, Peggy et Amélie sont de sortie. Les deux premières sont soeurs, leurs deux amies également. Toutes sont âgées entre 17 et 20 ans. Elles ont revêtu leur costume de carnaval: une colombine, une marquise, une indienne et un mousquetaire.

Après l'incendie de Monsieur Carnaval, les jeunes filles prennent la route d'Equihen-Plage, où la fête doit se poursuivre jusqu'à 7h. Elles sont aperçues pour la dernière fois vers 1h. Entre temps, tout bascule dans l'horreur. Il faudra une dizaine de jours à la police pour s'en rendre compte. Celle-ci croit tout d'abord à une fugue. Les recherches sont menées par Gérald Lesigne, procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, celui de l'affaire d'Outreau. Petit à petit, les témoignages évoquent les étranges allées et venues d'une camionnette blanche ce soir là. Une piste qui mène rapidement aux frères Jourdain, deux ferrailleurs originaire de Dannes, un petit village près de la côte.

Violées et battues
Le 21 février, Jean-Louis, l'aîné alors âgé de 37 ans, craque et conduit les policiers là où les quatre corps ont été enterrés «tête-bêche», dans une fosse de sable de la plage Sainte-Cécile, à Camiers. L'autopsie révèle que trois d'entre elles ont été violées et que toutes ont été sévèrement battues à coups de poing avant d'être étranglées. L'une d'elle aurait même été enterrée vivante.

C'est l'effondrement général. D'autant que les deux frères étaient connus pour des faits de violence, l'un ayant été condamné pour attentats à la pudeur et viol [Jean-Louis], l'autre pour meurtre par strangulation sur sa petite amie [Jean-Michel]. Le débat sur la récidive refait déjà surface.

Mère incestueuse et père alcoolique
Les deux hommes, au physique de catcheur et à la mine patibulaire, ont vécu «dans une bicoque de bric et de broc, au milieu des animaux et des détritus», écrit Libération en 2000, année du procès. Issus du deuxième mariage de Jeanne, mère de neuf enfants placés en foyers, et de Louis, rencontré alors qu'il séjournait à la Chartreuse, un établissement psychiatrique. Les deux fils ainsi que leur troisième frère Jean-Luc grandissent entre un père alcoolique et une mère incestueuse dans un climat de violences permanentes.

Ni les auditions des «monstres du boulonnais», ni leur procès devant le tribunal de Saint-Omer n'auront permis de savoir exactement ce qui s'est passé cette nuit-là. Jean-Louis, le grand frère «benêt» et plus bavard raconte qu'ils ont pris en stop les quatre jeunes filles dans leur fourgonnette. Ils les auraient alors emmenées à la plage Sainte-Cécile. Jean-Michel, le cadet, aurait pris les choses en main, violant et tuant chacune d'entre elles, dans un blockhaus, sur la dune ou dans la camionnette, selon les versions. La dernière aurait été contrainte de regarder ses amies et sa soeur morte avant d'être étranglée puis jetée dans la fosse. Selon l'Humanité, Jean-Louis dit n'avoir tué personne, «juste» introduit un doigt dans le sexe de la dernière victime.

Jean-Michel, lui, présenté comme le chef de bande, est resté beaucoup plus mutique, s'en tenant à une version: il aurait quitté son aîné et les quatre filles au blockhaus restant plus d'une heure pour «regarder la mer». Les deux hommes, rebaptisés «les frères siamois de l'horreur» par l'avocat général ont été condamnés en octobre 2000 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de peines de sûreté de vingt-deux et vingt ans de prison. Leurs peines ont été confirmées en appel deux ans plus tard.

* Auteur des Morts de la Saint-Jean, en éditions de Poche
http://www.20minutes.fr/article/585637/Retour-sur-une-affaire-criminelle-1-5-Les-freres-siamois-de-l-horreur.php

mardi 13 juillet 2010

"J'vous jure, Madame, j'ai pas brûlé de voiture !"

En cet après-midi ensoleillé du mois de juillet, Monsieur B. nourrit d'autres rêves que celui de passer l'épreuve de vérité devant un tribunal hostile. D'autant plus qu'il nie être l'auteur de l'incendie de voiture qui lui est reproché, infraction passible de 10 ans de prison et de 15.000 euros d'amende. Cet homme d'une trentaine d'années a été arrêté, ivre, un briquet dans la poche, à proximité d'une voiture en feu. Reconnu le lendemain par deux témoins lors d'un tapissage (identification d'un suspect par des témoins protégés par une glace sans tain), il dément l'accusation.




Tandis que la présidente de la 23e chambre du Tribunal correctionnel de Paris relate les circonstances dans lesquelles les flammes se sont propagées, manquant d'embrasser l'immeuble voisin, l'avocate du prévenu lui souffle quelques mots à l'oreille.





- Comment expliquez-vous que les deux témoins vous aient formellement reconnu ? demande la présidente.

- J'vous jure Madame la présidente ! C'est pas moi, j'vous jure !

- Comment expliquez-vous alors que lorsque les policiers vous ont interpellé, vous aviez un briquet avec vous ?

- Madame la présidente, j'ai pas brûlé de voiture, j'ai toujours un briquet sur moi, j'vous jure...

Au-dessus des trois femmes du tribunal, une autre femme, le regard détaché, tenant à la main une balance en équilibre, veille sur l'audience. Cette fresque symbolise Thémis, déesse de la justice, gardienne du Temple intemporel de l'Equité.

- Vous avez pourtant refusé de souffler dans l'éthylomètre, poursuit la présidente.

Pas de réponse.

La présidente lit des extraits du portrait psychologique du prévenu, benjamin d'une fratrie de 10 enfants, père de deux enfants dont un n'a jamais été reconnu : "aucune pathologie névrotique ni psychiatrique. État anxio-dépressif modéré. Fragile".

Impatiente et agacée, l'avocate de la défense se balance d'un pied sur l'autre tout en tournant les pages de son dossier.

Le casier judiciaire de Monsieur B. ne plaide pas en sa faveur. Y figurent plusieurs séjours en prison pour vol, viol en réunion et agressions diverses.

L'homme s'accroche à chaque parole de la magistrate, attentif et nerveux.

Un orage se prépare, le ciel s'assombrit et une bouffée d'air balaye la salle.

L'avocat des copropriétaires de l'immeuble endommagé par les flammes se lève et se contente de demander 8.000 euros de dommages et intérêts.

- La compagnie d'assurance de l'immeuble couvre-t-elle le sinistre, Maître ?

- Je ne saurais vous répondre Madame la présidente...

Silence.

Au terme d'un réquisitoire sévère n'épargnant aucun détail sur les intentions malveillantes de l'incendiaire présumé, la représentante du parquet demande 18 mois d'emprisonnement. Une fermeté voulue par la politique pénale rigoureuse édictée par le garde des Sceaux à l'égard de ce type d'infraction, dont les auteurs sont systématiquement déférés au parquet.

La défense a la partie dure. L'avocate s'engouffre dans la brèche du doute tout en attaquant.

- Les officiers de police procèdent à un tapissage avec deux témoins le lendemain des faits et pas dans les minutes qui suivent ? Ce n'est pas sérieux, Madame la Présidente ! Comment voulez-vous qu'ils se souviennent précisément de la façon dont Monsieur B. était habillé ? Ils étaient en étage élevé, d'où l'on ne peut distinguer ni la couleur d'une chemise ni la forme d'un pantalon ! A cette époque de l'année, 90 % des hommes portent un bermuda gris et une chemise beige ! Et ce n'est pas parce qu'on a un briquet à la main que l'on vient de mettre le feu à une voiture !

Après quelques secondes de silence, l'avocate reprend sur un ton calme et désabusé, prenant à partie le tribunal : "Mesdames du tribunal, réfléchissons, pourquoi mon client, qui travaille dans une société de nettoyage et qui n'a aucune raison de s'en prendre à la terre entière, se rendrait-il coupable d'une infraction aussi gratuite et misérable ?..."

Le tonnerre étouffe la fin de la plaidoirie tendant à la relaxe.

Partie perdue. Monsieur B., finalement condamné à un an de prison ferme, rejoindra sa cellule à l'issue de l'audience.
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/laurence-neuer/j-vous-jure-madame-j-ai-pas-brule-de-voiture-13-07-2010-1214156_56.php

mercredi 7 juillet 2010

Manuel Noriega condamné à sept ans de prison

L'ancien dictateur de Panama était jugé pour blanchiment d'argent...
L'ancien dictateur du Panama, Manuel Noriega, a été condamné ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris à une peine de sept ans de prison pour blanchiment d'argent de la drogue. Le tribunal a également ordonné la saisie des 2,3 millions d'euros bloqués sur les comptes français de Manuel Noriega.Le parquet avait requis contre l'ancien homme fort du Panama la peine maximale de 10 ans de prison et la saisie de ces sommes.

Le tribunal correctionnel de Paris avait déjà condamné par défaut l'ex-dictateur du Panama et son épouse à dix ans de prison pour la même affaire, jugée le 1er juillet 1999 par la 11e chambre. «Il faut retenir l'image d'une organisation parfaitement structurée aux mains d'un homme et dans l'intérêt d'un homme, Manuel Noriega» avait dit le procureur Michel Maes lors de ses réquisitions.

Le général Noriega avait été extradé le 26 avril des Etats-Unis après 20 ans passés dans une prison de Miami
http://www.20minutes.fr/article/584059/Manuel-Noriega-condamne-a-sept-ans-de-prison.php

lundi 5 juillet 2010

Noriega fixé sur son sort mercredi

Le tribunal correctionnel de Paris rendra mercredi à 13h30 son jugement dans le procès de l'ancien homme fort du Panama Manuel Noriega, 76 ans, soupçonné d'avoir blanchi dans les années 80 en France quelque 2,3 millions d'euros issus du trafic de cocaïne. La peine maximale de dix ans de prison a été requise à son encontre par le ministère public à l'issue du procès, qui s'est tenu du 28 au 30 juin.

"Il faut retenir l'image d'une organisation parfaitement structurée aux mains d'un homme et dans l'intérêt d'un homme, Manuel Noriega", avait alors déclaré le procureur, Michel Maes. "Ce système a été conçu pour blanchir l'argent de la drogue pour le profit de M. Noriega", avait-il ajouté, excluant qu'il bénéficie de l'immunité de chef d'Etat, réclamée par la défense. L'accusation a également demandé la confiscation des fonds placés sur ses comptes français, soit environ 2,3 millions d'euros.

Le tribunal correctionnel de Paris s'était déjà penché sur cette affaire le 1er juillet 1999, condamnant par défaut l'ex-dictateur du Panama et son épouse à dix ans de prison ferme. Après 20 ans passés dans une prison de Miami, il a été extradé le 26 avril des Etats-Unis vers la France. Pour l'accusation, le rôle de Manuel Noriega a été "simple et clair: il s'agissait d'apporter sa protection au transport régulier de la drogue et au transfert d'argent" provenant d'un "trafic intimement lié au cartel de Medellin". Les fonds engrangés au Panama par ce trafic transitaient, selon l'accusation, par des comptes en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Suisse pour finir en France, notamment sur des comptes du CIC, de la Bank of Credit and Commerce International (BCCI) et Paribas.

L'ex-dictateur a affirmé durant son procès être victime d'un "montage bancaire et financier imaginaire" orchestré par les Etats-Unis. Selon lui, les fonds placés en France ne provenaient pas de la drogue mais de diverses entreprises dont il était actionnaire majoritaire, d'héritage familial ou de revenus versés par la CIA, qui l'avait recruté comme agent double dans les années 70. Sa défense a vivement dénoncé les réquisitions. "On ne veut pas du retour du général Noriega à Panama, c'est la seule explication", s'était emporté Me Yves Leberquier, l'un de ses avocats. Selon lui, les accusations de trafic de cocaïne sont le "prétexte" pour s'être débarrassé du dictateur parce qu'il s'était opposé aux Etats-Unis sur la question du Nicaragua et du canal de Panama.

Relevant "l'absence de preuve montrant que les fonds proviennent de stupéfiants", Me Olivier Metzner, autre avocat de Manuel Noriega, avait appelé le tribunal à se pencher sur "les dessous qu'(il) ne voit pas dans le dossier". L'avocat du Panama, Me Yves Baudelot, a quant à lui déploré qu'aux yeux de l'opinion internationale, cette république ait été, à cause de Noriega, assimilée au "pays du trafic de drogue". Pour réparer ce préjudice moral, il a réclamé 16 millions d'euros, plus 11 millions d'euros de préjudice matériel. En 1999, la justice ne lui avait octroyé qu'un franc symbolique.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/07/05/97001-20100705FILWWW00325-noriega-fixe-sur-son-sort-mercredi.php

dimanche 4 juillet 2010

Procès de Villiers-le-Bel : condamnations à des peines de 3 à 15 ans

La cour d'assises de Pontoise a condamné à des peines allant de 3 à 15 ans de prison, dans la nuit de samedi à dimanche, les quatre jeunes accusés d'avoir tiré sur des policiers lors des émeutes de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) en 2007 et un complice qui leur a fourni une arme. La cour d'assises n'a pas suivi les demandes du ministère public qui avait requis des peines plus lourdes allant de 7 à 20 ans. Elle a condamné trois des quatre accusés de tirs sur des policiers et n'a retenu pour le quatrième, Mara Kanté, 23 ans, que la détention d'arme. Ce dernier, contre qui 15 ans avaient été requis, n'écope que de trois ans. Abderhamane Kamara, 29 ans et son demi-frère Adama Kamara, 29 ans, contre qui l'avocat général avait requis 20 ans de prison, ont été condamnés respectivement à 15 et 12 ans de prison. Ils avaient été désignés comme les "leaders" avec "des antécédents de violence" par l'un des deux avocats généraux, Étienne le Saux. Lire la suite l'article
Ibrahima Sow, 26 ans, contre qui le parquet avait aussi requis 15 ans, a été condamné à 9 ans. Les jurés n'ont pas condamné Mara Kanté pour avoir tiré sur des policiers, mais pour détention d'arme. Samuel Lambalamba, qui était jugé pour complicité pour avoir fourni une arme aux tireurs, a été condamné à 3 ans. Il comparaissait libre, un mandat de dépôt lui a été notifié. Sa peine est confondue avec une condamnation antérieure de un an pour caillassage durant les émeutes. Les avocats de la défense ont dix jours pour faire appel. Le verdict a été accueilli par les pleurs des familles présentes dans la salle. Visiblement troublés par ce verdict, les avocats de la défense ont toutefois dénoncé des peines "très lourdes". "C'est dur d'avoir une peine aussi sévère pour un dossier qui reste aussi vide", a d... lire la suite de l'article sur Lepoint.fr
http://www.lepoint.fr/societe/proces-de-villiers-le-bel-condamnations-a-des-peines-de-3-a-15-ans-04-07-2010-1210812_23.php

jeudi 1 juillet 2010

Villiers-le-Bel : le procès de la peur

Au 9e jour du procès, deux témoins ayant désigné les frères Kamara comme auteurs des tirs sont venus s’expliquer
Lui, c’est Bozhor. Petit, trapu, costaud, il s’avance à la barre, sans hésiter, les mains croisées derrière son dos. " Enlevez-lui les menottes ", demande la présidente. " Madame, pendant ma garde à vue, les policiers m’ont mis la pression en me demandant de choisir entre mes enfants et mes potes. Alors au bout de 48 heures, j’ai craqué, j’ai dit oui à tout et signé sans regarder." La présidente Sabine Foulon : "Est-ce qu’il y a une loi dans la cité qui dit qu’on ne doit pas parler ? – Je vais pas vous mentir, tout le monde sait que ca existe, c’est la loi du ghetto ." Elle : "Vous avez déménagé après votre garde à vue. Vous aviez peur ? – Pas du tout, je n’ai pas peur. Je n’aime pas Abou, c’est vrai, mais j’estime Adama et je ne crois pas qu’ils sont des chefs comme tout le monde le dit ." Un avocat des parties civiles se lève : " Est-il vrai que vous avez été agressé après votre garde à vue ? – C’est vrai, j’ai reçu un coup de couteau et on m’a frappé, mais pour des raisons que j’ignore." Arrive ensuite Christopher Bénard, entouré de deux policiers. Polo rose, jean moulant gris, Christopher s’exprime à toute vitesse, et ponctue toutes ses phrases d’un : "Oui, madame Foulon ". La présidente lui lit sa déposition, dans laquelle il affirme avoir croisé les accusés en prison et les avoir entendus se vanter d’avoir tiré sur la police pendant les émeutes. " Accusés, levez-vous, ordonne-t-elle. Lesquelles de ces quatre personnes reconnaissez-vous ? ", demande-t-elle à Christopher. Il désigne Adama et Maka. L’avocat des parties civiles : "Vous avez l’air blême. Vous êtes malade ? ----- Oui, je suis malade. – Malade de peur ? - Entre autres… Je fais des attaques de panique : ma grand-mère reçoit des menaces de mort, ma copine a eu sa porte fracturée... – Si vous avez peur, pourquoi vous vous exprimez dans la presse ? –J’espérais que cela me permettrait d’obtenir une protection policière, que je n’ai pas eue. Si j’avais su, jamais j’aurais témoigné. J’ai rien gagné, à part devoir me cacher toute ma vie et déménager. J’ai rien gagné à part la vérité ." Cette fois, c’est l’accusé Adama Kamara qui se lève : "J’en ai assez d’entendre ces bêtises. Je suis père de famille, j’ai trois enfants que je ne vois pas grandir depuis que je suis en prison. Messieurs les jurés, je sais plus comment m’exprimer devant vous, quoi que je fasse, j’aurais tort, je sais plus comment vous prendre. Vous me faites peur, j’ai peur ." Sa voix se brise.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20100701.OBS6463/villiers-le-bel-le-proces-de-la-peur.html