vendredi 17 octobre 2014

Dix ans ferme minimum requis contre Pistorius

Pour le procureur Gerrie Nel, "la seule peine appropriée est une longue peine de prison". L'avocat du champion paralympique, coupable de l'homicide involontaire de sa petite amie en 2013, a lui plaidé pour une peine de travaux d'intérêt général. Verdict mardi prochain.

Il sera fixé sur son sort le 21 octobre. Mardi prochain, Oscar Pistorius saura s'il devra passer par la case prison pour le meurtre de sa petite amie Reeva Steekamp, dans la nuit du 13 au 14 février 2013. C'est en ce cas ce qu'a requis le procureur Gerrie Nel, vendredi, devant le tribunal de Pretoria. "La seule peine appropriée est une longue peine de prison", a-t-il déclaré dans son réquisitoire final avant d'ajouter que "la peine minimum qui serait satisfaisante pour la société" s'élève à dix ans de prison.

Il a insisté sur le fait que la famille de la victime serait choquée si l'accusé n'allait pas derrière les barreaux. "La punition doit refléter le caractère sacré de la vie humaine", a-t-il argumenté, ajoutant: "Reeva a eu une mort horrible, elle était innocente". Puis il est revenu sur les circonstances de la tragédie, martelant: "Pistorius a tiré en sachant que quelqu'un se trouvait là", derrière la porte des toilettes, alors qu'il n'avait en rien été menacé. "Si la justice ne condamne pas à une peine que la société considère comme juste, alors la société rend la justice elle-même", a-t-il lancé, dans une mise en garde à la juge Thokozile Masipa, en réaction aux plaidoiries de la défense.
"Aucune punition ne peut être pire que ce qu'il a traversé depuis 18 mois"
Barry Roux, l'avocat du champion paralympique, a en effet développé plusieurs arguments en faveur d'une peine "non carcérale", demandant pour son client une peine "utile à la société". Me Roux a d'abord avancé que Pistorius avait subi une terrible épreuve en étant présenté par la presse du monde entier, depuis le drame en février 2013.   "Aucune punition ne peut être pire que ce qu'il a traversé depuis 18 mois", a-t-il dit. "On l'a dénigré au point de faire de lui un tueur fou, un tueur de sang- froid, et un tas de choses horribles".
Il a également insisté sur les "remords sincères" de l'accusé, qui a tué "une personne qu'il aimait".   "La douleur d'Oscar ne s'effacera jamais (...) le traumatisme émotionnel est la pire punition", a-t-il martelé, tout en soulignant que l'ancien champion avait "tout perdu" et était actuellement à cours d'argent.   Pistorius a pleuré abondamment lorsque Barry Roux a décrit sa chute du statut d'idole à celle de meurtrier.
Puis l'avocat a rappelé plusieurs cas de la jurisprudence sud-africaine, où un accusé ayant tué une personne de sa famille dans les mêmes circonstances a été soit dispensé de peine soit condamné à une peine non carcérale. Il a notamment fait allusion au célèbre cas de Rudi Visagie, rugbyman international, qui avait tué sa propre fille en 2004 en la prenant pour un cambrioleur, et qui a été dispensé de peine.
Pistorius refusera que les parents de Reeva lui rendent l'argent qu'il leur a avancé
"La justice doit être rendue, mais elle doit être rendue avec compassion et humanité", a dit l'avocat, citant à plusieurs reprise le principe d'"Ubuntu", un humanisme attentif à l'être humain cher à Nelson Mandela, devenu une valeur de base de la société sud-africaine post-apartheid. Il a aussi insisté sur le handicap de son client. Selon lui, le placer dans la section médicale de la prison centrale de Pretoria, comme cela a été envisagé, "ne serait pas une punition appropriée".
Dans un dernier rebondissement, il a affirmé que Pistorius refuserait que les parents de Reeva Steenkamp lui rendent l'argent qu'il leur a avancé, comme c'était prévu. "S'ils ne veulent pas garder l'argent, M. Pistorius souhaite que cet argent soit versé à une oeuvre caritative", a-t-il dit, dans une ultime tentative pour brosser le portrait d'un Pistorius écrasé par le remords et avide de rédemption.  
 

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