L'affaire a commencé dimanche 16 septembre 2007, lorsque des pêcheurs ont découvert un tronc humain échoué sur un banc de sable de l'Arve à Gaillard. La police, grâce aux résultats des prélèvements d'ADN, a rapidement fait le lien avec une disparition inquiétante sur laquelle elle enquêtait depuis une semaine. Formellement identifié, le corps mutilé était celui de Freddy Liot, un jeune homme qui travaillait en intérim sur des chantiers en Suisse, et logeait à Annemasse depuis le mois de juillet.
Jeudi 6 septembre, n'arrivant pas à joindre son fils au téléphone, sa mère a commencé à s'inquiéter. Une inquiétude qui a viré à l'angoisse le vendredi, lorsque la famille a reçu un appel terrifiant d'un individu qui menaçait de tuer Freddy si ses parents ne lui donnaient pas 75 000 €. Les parents et la soeur de Freddy Liot ont fait le voyage depuis la Manche jusqu'à Annemasse, où ils ont signalé la disparition au commissariat. La voiture de la victime a été retrouvée avec les sièges brûlés, rue des Jardins à Gaillard, non loin des berges de l'Arve.
Une enquête rapide jusqu'à
l'interpellation d'un suspect
Confiée au service régional de police judiciaire, l'enquête a mené rapidement vers Karim Benderradji, un homme de 28 ans originaire de Vénissieux (Rhône). Il travaillait dans la même agence d'intérim que Freddy, et logeait à Gaillard, à 5 minutes de la rue de Genève. Il a quitté la région rapidement après la disparition, les coups de téléphone à la famille permettent de suivre sa trace. Il sera interpellé le 25 septembre près de Saint-Etienne. Père d'un jeune enfant, cet homme n'a pas d'antécédent judiciaire sérieux.
Durant sa garde à vue, il a avoué le meurtre de Freddy Liot, et raconté ce qui a pu se passer le jeudi 6 septembre. Ces deux jeunes avaient sympathisé à l'agence d'intérim, et Freddy Liot serait venu se faire couper les cheveux par Karim Benderradji, chez lui. Une querelle au sujet de 400 € s'en serait suivie. Puis, sous le coup de la colère, Benderradji aurait frappé la victime sur la tête avec un marteau, mortellement. Il aurait ensuite découpé le corps à la scie pour le faire disparaître, et il est allé le jeter dans la rivière.
Après ses aveux, il se rétracte
le jour de la reconstitution
Après la reconstitution avortée, Benderradji a déclaré que deux individus auraient fait irruption dans l'appartement cherchant de la drogue, l'auraient tenu en joue sous la menace d'une arme, et ils auraient tué Freddy. Puis, il aurait dû se débarrasser du corps. Les enquêteurs ont tenté de vérifier cette version, les fichiers de photos d'individus liés à la drogue ont été présentés à Karim Benderradji, mais il n'a reconnu personne. Benderradji n'a pas le profil d'un trafiquant de drogue, et ses déclarations comportent des contradictions. Cette version des tueurs inconnus sera soutenue par les avocats de la défense, bien que le prévenu demeure le principal suspect dans cette affaire, et que la police considère que son travail d'enquête est terminé.
L'audition dans le cabinet du juge d'instruction aura duré 4 heures. Hier matin, l'auteur présumé du meurtre de Freddy Liot, Karim Benderradji, a fait de nouvelles révélations sur ce 6 septembre 2007. Il l'avait affirmé après la reconstitution du 25 juin dernier : «Je ferai une déposition pour rétablir la vérité.» Petit rappel : le 16 septembre 2007, un tronc humain était retrouvé dans l'Arve, à Gaillard. Trois jours plus tard, les analyses ADN permettait d'identifier ce corps découpé, celui de Freddy Liot, 25 ans, originaire de la Manche.
Lors de cette nuit fatale, Freddy Liot et Karim Benderradji n'auraient pas été seuls dans l'appartement, il y aurait eu deux autres individus. En toile de fond, un trafic de stupéfiants. Ce soir là, deux inconnus seraient venus chercher leur marchandise mais n'ayant pas trouvé ce qu'ils voulaient, le simple échange aurait tourné au drame. Karim Benderradji l'a affirmé, «J'ai été menacé avec une arme par un des 2 hommes, je n'ai rien pu faire.» Et pendant ce temps, l'autre individu aurait tué Freddy Liot avant de le découper.
Pourquoi donner une nouvelle version ? «Mon client est toujours sous le coup d'une charge émotionnelle très lourde. Il n'a rien dit lors de sa première déposition car il craignait des représailles pour lui et sa famille», précise son avocat. Ces nouveaux éléments sont donc à prendre en compte et de nouvelles analyses sont à faire pour retrouver ces deux individus. L'enquête est-elle pour autant relancée ? À la défense de prouver que cette piste n'est pas une fausse piste, encore une...
De son côté, Nadia Liot, la soeur de la victime a réaffirmé que cette nouvelle version ne tenait pas la route, «Cette déclaration est un non sens. Quand Karim Benderradji a demandé une rançon pour revoir Freddy, je n'ai pas eu affaire à un individu menacé mais à une personne sûre de lui.» Cette grande soeur, sa meilleure amie qui le connaissait bien explique que son frère était super réglo avec tout le monde, ce n'était pas un trafiquant, «Il était trop peureux pour ça.» Le 6 septembre prochain, pour marquer l'anniversaire de sa mort, une marche silencieuse sera organisée à Avranches (Manche). Tous les proches de Freddy Liot seront là car ils veulent savoir et ils n'ont pas oublié...
Le Dauphiné
Suite demain
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