lundi 24 mai 2010

Meurtres du cap Canaille : les clés de l'affaire

Qu'est-il arrivé à "Domie" ? Depuis le 25mars 2001, la question hante sa famille. Au fur et à mesure que les enquêteurs avancent dans ce ténébreux dossier, le sort tragique qui fut vraisemblablement réservé à Dominique Ortiz s'impose peu à peu. Ces parcelles de vérité apaiseront peut-être un homme, Manuel Ortiz, mais ne le guériront jamais de la disparition de sa fille unique.

Une révélation fracassante
En novembre 2007, devant la cour d'assises du Var, Béatrice Frustieri avait, malgré elle, éclairé les enquêteurs. Co-accusée du meurtre de son époux, Jean-Pierre Faure, tué à Sanary en 2005, elle a craqué durant l'audience. Et lâché au président de la cour, où son ex-amant, Jean-Claude Douliery, avait "jeté" le corps de son époux. Des recherches avaient été aussitôt entreprises route des Crêtes à Cap-Canaille, une des falaises de Cassis. Là, ce n'est pas un, mais deux cadavres, qu'avaient découverts les gendarmes de la brigade de recherches d'Aubagne.

Restait à confirmer une forte présomption : l'un des corps pouvait-il être celui de Dominique Ortiz, disparue dans la nuit du 24 au 25 mars 2001 ? Elle était alors la petite amie de Douliery, dont elle était enceinte. "Elle était très amoureuse de lui", s'attendrissent plusieurs membres de sa famille. Douliery travaillait comme maçon chez la famille Faure. Il était déjà présenté à l'époque comme un homme sombre, mystérieux, le front barré d'une large cicatrice, après un grave accident de moto disait-on.

Une bague en forme de goutte d'eau
Une bague en or, des boucles d'oreille et un bracelet, ainsi que des restes de vêtements reposaient près des ossements. La bague a été identifiée par Manuel Ortiz comme étant celle de Dominique. C'était même lui qui l'avait achetée à sa fille, dans une petite bijouterie rue de la Palud, à Marseille. D'autres membres de la famille ont reconnu une boucle d'oreille - une créole - en or.

Ces effets personnels pourraient bien être ceux que Dominique avait embarqués chez son père, dans un sac, le soir de sa disparition. Elle devait ensuite passer au studio de Douliery. C'est ce qu'elle avait dit à sa famille. Depuis, plus aucun signe de vie de la jeune femme. Jean-Claude Douliery avait expliqué aux enquêteurs, après sa mise en examen en août 2001, qu'ils avaient passé la nuit ensemble, à l'hôtel Ibis du boulevard Sakakini à Marseille. Puis qu'il l'avait laissée là, vers 3 heures du matin. Pourquoi Dominique avait-elle alors, à neuf reprises, essayé de le joindre sur son portable, pendant la nuit ? Avec qui et pour quelle destination a-t-elle quitté l'hôtel, vers 5 heures du matin, comme le dit un veilleur de nuit ?

Un mobile ?
"Domie était enceinte de Douliery", a confirmé récemment la cousine de Dominique à La Provence. Comment comprendre qu'on se débarrasse de la femme qui porte votre enfant ?" Qui sa disparition pouvait-elle arranger ? Voilà sans doute où réside le noeud de cette étrange affaire. Dominique avait peur de sa belle-mère, Georgette Roux, épouse Douliery. Cette "matrone autoritaire", selon certains témoins, a été suspectée - un non-lieu a été prononcé depuis - d'avoir empoisonné son premier mari, boulanger. Elle aurait planté, toujours impunément, une paire de ciseaux dans le ventre du second, rappellent les enquêteurs.

Elle veillait cependant sur sa famille avec passion, à la force du poignet. "Dominique avait peur d'elle", insiste un proche. Georgette Roux aurait d'ailleurs agressé verbalement Dominique Ortiz.

Où en est la procédure ?
Jean-Claude Douliery n'a jamais bénéficié d'un non-lieu pour l'enlèvement et la séquestration de Dominique, précise le maréchal des logis chef Eric Cruz, à la brigade des recherches d'Aubagne. Depuis la découverte des ossements à Cap- Canaille, la qualification de l'infraction a changé: Douliery est désormais mis en examen pour homicide volontaire avec préméditation. Un chef d'accusation qui aurait concerné aussi sa mère si elle n'était pas morte, dans son fauteuil devant sa télévision, le 4 août 2005.

Aujourd'hui, les enquêteurs comptent sur le résultat des analyses génétiques, pour établir officiellement que c'est bien Dominique Ortiz qui a été jetée du haut de la falaise. Le corps de Jean-Pierre Faure a, quant à lui, été formellement identifié. Reste à découvrir comment et où la jeune femme a été tuée avant d'être jetée dans le maquis. De cette enquête, la famille de Dominique Ortiz attend beaucoup. Elle pourrait éclairer la juge d'instruction sur la personnalité et l'entourage de Douliery. Un nom qui pourrait apparaître dans d'autres dossiers.
La Provence.com


Draguignan Affaire Douliery : les amants de Sanary nient l'assassinat
à l'ouverture de son procès pour assassinat devant la cour d'assises du Var, Jean-Claude Douliery n'en a pas démordu, fidèle à sa position depuis le début de l'affaire du crime de Sanary, pour lequel il encourt la perpétuité.

« Je plaide innocent », a-t-il confirmé à la cour.

En dépit de charges convergentes, ce maçon marseillais de 39 ans, défendu par Me Lionel Moroni, n'a jamais reconnu avoir tué son ami Jean-Pierre Faure, 47 ans, la nuit du 15 au 16 mars 2005 dans l'appartement de ce dernier à Sanary. Un crime commis selon l'accusation par amour pour Béatrice Frustieri, l'épouse de la victime, alors même que les époux Faure étaient en instance de divorce.

Deux corps sur la falaise du cap Canaille

Ces dénégations apparaissent d'autant plus incompréhensibles que la justice a désormais retrouvé le cadavre de Jean-Pierre Faure. En l'occurrence, il s'agit de quelques ossements, identifiés par une expertise ADN, retrouvés à flanc de falaise en novembre dernier au cap Canaille, entre La Ciotat et Cassis, sur les indications de Béatrice Frustieri.

« Je sais où est le corps de mon mari, avait lancé celle-ci à l'ouverture du précédent procès le 14 novembre 2007. Je peux vous y conduire. »

Le président Jean-Luc Tournier avait aussitôt renvoyé l'affaire, le temps de procéder à un supplément d'information pour vérifier ses dires.

Et là, nouvelle surprise, ce n'est pas une dépouille mais deux que les enquêteurs ont trouvés sur la falaise. Le deuxième corps a été identifié grâce aux sous-vêtements et à un bijou original que portait la victime. Il s'agit de Dominique Ortiz, une jeune femme qui avait été la fiancée de Jean-Claude Douliery et qui avait disparu de Marseille en 2001.

La veuve plaide la contrainte

Ces faits font l'objet d'une information judiciaire distincte au tribunal de grande instance de Marseille, dans laquelle Jean-Claude Douliery est mis en examen.

Encourant également la réclusion à perpétuité pour complicité d'assassinat, Béatrice Frustieri, 47 ans, défendue par Me Virginie Pin, n'a que partiellement reconnu les faits qui lui sont reprochés. Ils consistent notamment à avoir empêché toute intervention de sa famille qui résidait à côté de son appartement, pendant que le crime se commettait.

« Je n'ai empêché personne d'intervenir pour la bagarre. J'étais dans l'appartement voisin. Quand je suis rentrée chez moi, mon mari était mort. Jean-Claude Douliery était là, et je l'ai aidé à se débarrasser du corps sous la contrainte et la menace. Je ne voulais pas terminer comme Dominique Ortiz. »

Sur fond de divorce et d'adultère

La cour a entamé ce procès par l'examen des dossiers de personnalité des accusés. Il est apparu que Jean-Claude Douliery avait une relation fusionnelle avec sa mère possessive, jalouse jusqu'à l'hystérie des conquêtes de son fils.

Sa jeune soeur avait porté plainte contre Jean-Claude Douliery en 1999, en raison des violences qu'il lui faisait subir quotidiennement et d'un coup de couteau qu'il lui avait porté à la cuisse. L'accusé a toujours nié ces faits. L'enquête a été classée sans suite.

Pour l'une de ses ex, il peut apparaître comme un attardé mental, « mais c'est un très fin manipulateur, jaloux à en devenir agressif ».

Me Moroni a fait observer que la jeune femme avait fait cette déclaration par dépit amoureux : « Elle a détruit à coups de masse la tombe du père de Douliery quand il l'a quittée. »

Béatrice Frustieri, qui avait gardé le secret sur les faits pendant plus de deux ans par peur de Douliery, a expliqué au président Tournier qu'elle avait décidé de parler « pour la mémoire de mon mari ».

Mari qu'elle a déclaré avoir toujours aimé, après l'avoir épousé à l'âge de 15 ans à Marseille, même s'il s'était montré violent envers elle, en raison de l'alcool et de crises d'épilepsie.

Sa liaison avec Jean-Claude Douliery entamée un mois avant le crime ? « On a eu une grosse dispute avec mon mari, qui voulait divorcer. Douliery m'a offert son épaule. Il m'a dit qu'il m'aimait.

Var Matin


LE VERDICT
Trente ans de réclusion criminelle assortie d’une mesure de sûreté aux deux tiers pour Jean-Claude Douliery, 20 ans pour Béatrice Frustieri. Mercredi soir, la cour d’assises du Var a reconnu ces deux ex-amants coupables du meurtre de Jean-Pierre Faure, le mari de Béatrice Frustieri.


Jusqu’au bout, ils auront clamé leur innocence. Répété haut et fort qu’ils n’étaient pour rien dans la mort de Jean-Pierre Faure, un entrepreneur de maçonnerie disparu à Sanary-sur-Mer, dans le Var, dans la nuit du 15 au 16 mars 2005. Mais mercredi soir, Jean-Claude Douliery et Béatrice Frustieri, les anciens amants, ont été condamnés par la cour d’assises du Var.

Le verdict est tombé en début de nuit, très attendu par la famille Faure qui avait accueilli Béatrice « comme une fille » et donné du travail à Douliery, ancien pâtissier reconverti dans la maçonnerie : 30 ans de réclusion criminelle pour Jean-Claude Douliery, pour le meurtre de Faure, le mari de son ex-maîtresse, Béatrice Frustieri, elle-même condamnée pour complicité à 20 ans de réclusion. La peine de Douliery a été assortie d’une période de sûreté des deux tiers. Immédiatement après, la cour a décerné un mandat de dépôt à l’encontre de Béatrice Frustieri. Et dans son arrêt, la cour d’assises a requalifié les faits : poursuivis pour assassinat et complicité d’assassinat, Douliery et Frustieri ont été respectivement condamnés pour le meurtre et pour avoir été complice du meurtre de Jean-Pierre Faure.

« Sous influence »
Un procès douloureux pour la famille Faure : mardi, un médecin légiste avait présenté à des jurés médusés le crâne de la victime, retrouvé au pied de la falaise du cap Canaille, près de Cassis, dans les Bouches-du-Rhône, grâce aux révélations de son épouse, lors d’un premier procès en novembre 2007 devant les mêmes assises.

Me Virginie Pin, l’avocate de Frustieri, a pourtant tenté de démontrer que sa cliente était sous influence : « Elle était sous la contrainte de quelqu’un de dangereux. » « Vous réclamez la peine capitale parce que vous n’avez pas de preuves », a plaidé de son côté Lionel Moroni, l’avocat de Douliery. Le conseil a plaidé l’acquittement de son client, maintenant qu’« il n’y a pas d’aveux, pas de preuves, pas de confidences ». Les deux condamnés devraient faire appel.

Un procès douloureux, aussi, pour la famille Ortiz : Dominique Ortiz, l’ancienne compagne de Douliery, avait disparu à Marseille en mars 2001. Elle était enceinte de trois mois de Jean-Claude Douliery. Et au pied de la falaise, à Cassis, les enquêteurs ont également retrouvé les ossements de Dominique. Son père, Manuel, se trouvait d’ailleurs à l’audience.

L’instruction concernant la disparition et la mort de Dominique est toujours en cours, à Marseille.
France Soir

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