Oui, je suis l'auteur des coups de feu mortels, c'est d'autant plus dramatique pour moi qu'en 13 ans de gendarmerie je n'avais jamais fait usage de mon arme". Dès l'ouverture de l'audience, lundi matin, devant la cour d'assises du Var, Christophe Monchal a reconnu les faits. Le gendarme est accusé d'avoir mortellement blessé il y a deux ans un homme appartenant à la communauté des gens du voyage, alors qu'il tentait de s'évader de la brigade de Draguignan.
S'il reconnaît avoir tiré, il ne regrette rien pour autant. "Je ne peux pas demander pardon, je ne regrette rien, j'ai fait mon travail, Guerdner voulait s'évader, c'est pour cela que j'ai tiré", a-t-il déclaré devant la cour. Toute la matinée a été consacrée à son parcours. "On a assisté ce matin à une véritable apologie en faveur d'un gendarme bardé de décorations et d'appréciations toutes plus laudatives les unes que les autres", a déploré lors de la pause Me Jean-Claude Guidecelli, l'avocat de la famille Guerdner. "Je vois mal comment la justice va pouvoir condamner l'un de ses collaborateurs, je suis pas confiant quant à l'épilogue de ce dossier qui me semble cousu de fil blanc."
Passage à l'acte "disproportionné"
Pourtant, pour l'avocat de la famille du gitan décédé, il ne fait aucun doute que "le passage à l'acte du gendarme a été complètement disproportionné par rapport à ce qui était reproché à Joseph Guerdner". Le décret organique de la gendarmerie prévoit l'usage de l'arme "comme ultime recours pour arrêter une personne qui se soustrait à sa garde," a expliqué un officier de l'inspection technique de la gendarmerie. L'officier a mis l'accent sur "la dangerosité" de la victime, qui en 2006 après un vol avec effraction avait foncé sur le véhicule des gendarmes, blessant un gendarme adjoint. Une ligne de défense déjà affichée par les avocats de Christophe Monchal. Mais pour les avocats de la partie civile, il y avait "d'autres moyens d'arrêter Joseph Guerdner".
Les faits remontent au 23 mai 2008, lors de l'interpellation de Joseph Guerdner, 27 ans, à la gendarmerie de Brignoles. Alors qu'il venait remplir des obligations d'un contrôle judiciaire, les gendarmes avaient trouvé dans son véhicule un pistolet 11,43 et des munitions. Soupçonné dans une affaire d'agression à main armée et d'enlèvement, affaire dans laquelle trois complices ont depuis lors été condamnés à des peines de 5 à 9 ans de prison par la Cour d'assises du Var, il avait été transféré à la brigade de recherches de Draguignan et placé en garde à vue.
Au cours de son audition, Christophe Monchal l'avait autorisé à fumer une cigarette dans le couloir où il avait sauté d'une fenêtre d'une hauteur de 4,60 m. Le gendarme, affirmant avoir voulu viser les jambes avait alors tiré à sept reprises, l'atteignant par trois fois. Malgré ses blessures, Joseph Guerdner avait réussi à sauter par dessus le grillage de deux mètres de la gendarmerie et à se réfugier dans un arbre d'où il était tombé. Retrouvé par les gendarmes lancés à sa recherche, il était mort des suites de ses blessures. Le procès, qui doit durer jusqu'à vendredi, a été placé sous haute surveillance, avec notamment la mobilisation d'une demi-compagnie de CRS.
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-09/gitan-tue-en-2008-je-ne-regrette-rien-j-ai-fait-mon-travail-6065857.html
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