CHAMPFLEURY (Marne). Hier, le jury n'a pas cru à la manœuvre désespérée de la défense pour plaider l'acquittement de Kevin Belime. Le beau-père du petit Lonny a été reconnu coupable au terme d'un délibéré de trois heures.
17 h 30 ! À l'énoncé du verdict, un cri déchirant retentit dans la salle du tribunal. Le père de Kevin Belime, lui, baisse la tête. Sa mère, abattue, tente de capter le regard de son fils. En vain. À la barre, le jeune homme accuse le coup. Il ne semble pas encore comprendre toute la portée des paroles prononcées par le président du tribunal. À l'issue de trois jours de débats, la cour d'assises de la Marne vient donc de condamner Kevin Belime à 10 ans de réclusion criminelle, le reconnaissant coupable de la mort de Lonny, le fils de son ancienne compagne.
« La mort de ce bébé est loin d'être une fatalité ! », pointant du doigt Kevin Belime. Me Ducarme accuse : « C'est le fait de cet homme ». L'avocat de la partie civile n'a pas hésité à rappeler qu'en France, deux enfants meurent chaque jour de violences « dont les auteurs sont souvent issus de la cellule familiale restreinte, de la pièce rapportée ». L'avocat n'a pas hésité à faire vibrer la corde sensible pour convaincre les jurés. « La famille de Lonny espère aujourd'hui une reconnaissance publique de ses souffrances ». Pour son confrère, Me Roger, « ce dossier ne regorge que de certitudes à commencer par les mensonges de l'accusé. C'est évident, il a des choses à cacher ». Lui, ne doute pas une seconde de l'origine de la mort du bambin : « On parle clairement du syndrome du bébé secoué », s'appuyant ainsi sur les diverses expertises médicales.
De son côté, l'avocat général débutait ainsi ses réquisitions : « Moi, je n'ai en mémoire que l'image de ce bébé ». Le ton est lancé. Pour la représentante du Parquet, « les incohérences de l'accusé n'ont pour but que de botter en touche. Il réinvente l'histoire pour se donner le beau rôle, celui d'un père aimant, d'un sauveur ». Au cours de l'audience, Kevin Belime avait effectivement assuré avoir tenté de sauver le bébé en lui prodiguant un massage cardiaque, sans oublier les gifles « pour le faire repartir ».
Pas des preuves mais une explication
L'avocat général a énuméré les hématomes et autres lésions découvertes sur le corps de Lonny après sa mort : un bleu de 7,5 cm sur 8, une marque de 8 mm faisant penser à une brûlure de cigarette.
Dans son réquisitoire, Doriane Trombi a mis hors de cause Guislaine, la mère de Lonny, impliquée selon son ex-compagnon. « De quoi est mort Lonny ? ». Elle exclut immédiatement les causes naturelles. « Il ne s'agit pas d'un accident mais bel et bien du syndrome du bébé secoué. Et je ne vois qu'une seule personne responsable de ces secousses… » L'avocat général n'hésite pas à faire référence à l'attitude de Lonny en présence de son beau-père. « Après 10 jours passés chez son père, Lonny était déboussolé, rejetant son beau-père, d'où ses colères. Si ces éléments ne constituent pas des éléments de preuve, ils constituent sans aucun doute une explication ». Elle a requis à l'encontre de Kevin Belime quinze ans de réclusion criminelle.
Surprenant l'auditoire, Me Lallemant-Bif, l'avocate de l'accusé a tenté de démonter la thèse du syndrome du bébé secoué. « Je doute fortement. » Elle assure que l'enfant a succombé à une infection, « sans doute un accident vasculaire cérébral ». Pour la défense, il est clair que Lonny était déjà malade le 16 août. « Les experts ne sont d'ailleurs pas capables de dater exactement l'heure de la mort. » Selon la pénaliste, « le juge d'instruction s'est focalisé sur l'hématome découvert sur Lonny. C'est ce bleu qui a conditionné toute l'instruction ». Le doute devant profiter à l'accusé, l'avocate a donc réclamé l'acquittement de son client qui risquait jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.
Kevin Belime dispose maintenant de 10 jours pour faire appel de sa condamnation.
http://www.lunion.presse.fr/article/marne/dix-ans-de-reclusion-criminelle-au-beau-pere-meurtrier
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