jeudi 4 novembre 2010

Omar Raddad, de nouvelles pistes ?

Il avait peur de tomber dans l’oubli. De ne jamais pouvoir laver son honneur. Le voilà rassuré. Des événements à venir lui redonnent espoir. Il s’est choisi un nouvel avocat qui va se charger d’obtenir la révision de son procès, un détective free-lance vient de découvrir une nouvelle piste non exploitée par les enquêteurs, enfin, un film - sortie prévue début 2011 - mettra en lumière les incohérences du procès.


Dix-neuf ans après les faits, Omar Raddad reste déterminé à obtenir sa réhabilitation. Condamné à 18 ans de réclusion, il a purgé "7 ans, deux mois et huit jours" avant d’être gracié en 1998. "Gracié dit-il mais je reste coupable aux yeux de la justice du meurtre de Ghislaine Marchal en 1991". L’ex-jardinier vit avec l’obsession de cette culpabilité qu’il veut effacer avec une révision de son procès. Sylvie Noachovitch, son nouvel avocat qui remplace Jacques Vergès qui se recycle dans le théâtre, vient de déterrer une lacune de l’enquête. En 2002, deux traces d’ADN dont l’une au moins est masculine, ont été retrouvées mêlées au sang de la victime. Omar Raddad s’était prêté au jeu en mettant son ADN à disponibilité de la justice. Or, il s’est avéré que cet ADN n’était pas le sien. Sylvie Noachovitch constate aujourd’hui que l’on n’a jamais comparé ces deux ADN au fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg). "Dès que j’ai été saisi du dossier précise-t-elle j’ai demandé au garde des Sceaux l’inscription des deux ADN. Peut-être trouverons-nous alors l’identité des vrais coupables. Pourquoi pas ? Tout est possible".


Dans la foulée des lacunes de l’enquête, le détective Bernard Naranjo, vieux routier de l’affaire, et qui agit pour son propre compte en free-lance, est convaincu, lui, d’avoir trouvé une nouvelle piste pour relancer l’affaire : un sosie d’Omar Raddad ! Qui ? "Quelqu’un proche d’une familière de la Chamade et qui n’a pas été interrogé par la police lors de l’enquête" répond le détective qui ne veut pas dévoiler l’identité de ce sosie. "Je la réserve aux gendarmes" ajoute-t-il. Ce qu’il a fait. Le 15 septembre, il a fait une déposition, enregistrée sur procès-verbal, à la brigade de recherche de la gendarmerie de Saint-Tropez qui sera transmise au parquet de Draguignan puis à celui de Grasse qui désignera un enquêteur. Sylvie Noachovitch a été informé de cette découverte par Jérôme Bartagna, l’avocat de Bernard Naranjo. Ce dernier accepte finalement de montrer les photos de ce sosie. Fine moustache, cheveux noirs, visage angulaire, la ressemblance saute aux yeux. "Tant mieux réagit Sylvie Noachovitch. Imaginons que ce soit vrai, ce serait formidable pour Omar Raddad. Mais moi, j’émets les plus extrêmes réserves". En effet, il faut se méfier des sosies. Car il y a déjà eu le sosie… anglais ! En 1989, dans un village du Nord de l’Angleterre, une assistante sociale est poignardée de plusieurs coups de couteau. Le meurtrier, un jeune marocain qui a pris la fuite, s’appelle Omar Erraj-Raji. Cinq ans plus tard, le frère de la victime tombe par hasard sur un article consacré à l’affaire Omar Raddad. Il est frappé par la ressemblance entre les deux Omar. Scotland Yard contacte Interpol, et doit se rendre à l’évidence : le jour ou l’assistante sociale était assassinée, Omar Raddad était hospitalisé en France !


Enfin, le film – au titre déjà trouvé : "Omar m’a tuer"- et que prépare Roschdy Zem pourrait faire également rebondir l’affaire. Produit par Jean Bréhat et Rachid Bouchareb (Indigènes, Hors-la-loi), c’est Sami Bouajila qui interprétera le rôle d’Omar Raddad, Maurice Bénichou celui de Jacques Vergès et Denis Podalydès en Jean-Marie Rouart, académicien et auteur en 1994 d’une contre-enquête "Omar, la construction d’un coupable". L’ex-jardinier qui a assisté à deux scènes du film, à Cannes et Montpellier donne déjà son avis : "Sami Bouajila, c’est moi 100% dit-il. Il parle comme moi, bouge comme moi sauf qu’il est plus petit. Il a perdu 16 kg pour me ressembler ".


http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20101104.OBS2303/omar-raddad-de-nouvelles-pistes.html

Aucun commentaire: