dimanche 27 mars 2011

La ténacité d’un père

Dans sa maison de Pechbusque (31), André Bamberski, 73 ans, attend ce moment depuis maintenant plus de 28 ans. Dieter Krombach, le médecin allemand soupçonné d’être le meurtrier de sa fille Kalinka, sera jugé à partir de ce mardi et jusqu’au 8 avril par la cour d’assises de Paris...
Dans sa maison de Pechbusque (31), André Bamberski, 73 ans, attend ce moment depuis maintenant plus de 28 ans. Dieter Krombach, le médecin allemand soupçonné d’être le meurtrier de sa fille Kalinka, sera jugé à partir de ce mardi et jusqu’au 8 avril par la cour d’assises de Paris. La fin d’un long combat pour ce père de famille tenace, qui aura été jusqu’à faire enlever le praticien pour le remettre à la justice française.
Le 10 juillet 1982, Kalinka Bamberski, 14 ans, était retrouvée morte à Lindau, près du lac de Constance, au domicile de sa mère, remariée avec un cardiologue allemand, le docteur Dieter Krombach.

Ce dernier explique que, la veille au soir, après le repas, Kalinka, qui a passé la journée à faire de la natation et de la planche à voile, se plaint de « ne pas bronzer suffisamment rapidement ». Le praticien lui administre alors une piqûre d’une préparation ferrique commercialisée sous le nom de Kobalt-Ferrcelit.

Krombach poursuit et prétend que le lendemain matin, il a découvert l’adolescente dans un état critique et les différentes injections et mesures de réanimation qu’il lui a prodiguées sont demeurées vaines.

Le parquet de Kempten classera l’affaire en septembre 1982 et ce, alors que plusieurs points restent obscurs. La version de Krombach, tout d’abord, qui explique que l’injection était destinée à remédier à une anémie de fer puis que Kalinka est décédée d’une insolation. L’autopsie, ensuite, qui date le décès aux alentours de trois heures du matin, et qui relève des traces ressemblant à du sang frais sur l’entrejambe du slip et la présence d’une substance visqueuse et blanchâtre dans le vagin.

C’est un rapport réalisé en 1988 par trois praticiens français - un cardiologue, un toxicologue et un médecin légal – qui conclut à « une mort brutale », sitôt après l’injection, qui va servir de pièce principale à l’inculpation du Docteur Krombach. Les trois experts notent par ailleurs que le corps de Kalinka, exhumé, ne comporte plus d’appareils génitaux interne et externe…
Quinze ans par contumace en 1995
En 1993, Krombach est renvoyé aux assises pour « meurtre ». Pour le juge d’instruction, le médecin allemand « a menti en affirmant que l’injection avait été pratiquée plusieurs heures avant la mort ». Par ailleurs, l’injection a été pratiquée non pas dans « un but curatif » mais dans celui de « donner la mort ».

Jugé en 1995, à Paris, par contumace, il écope de 15 années de réclusion criminelle pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Las, la justice française ne lancera pas le moindre mandat d’arrêt avant 2004. Et comme l’Allemagne refuse obstinément d’extrader Krombach, blanchi Outre-Rhin, le médecin allemand ne sera jamais inquiété.

Il faudra toute l’obstination de Bamberski (voir par ailleurs), qui a sorti un livre en 2010 pour raconter son histoire (« Pour que justice te soit rendue», chez Michel Lafon), pour que Krombach comparaisse devant la justice française.

« Je suis serein et confiant », explique le père de Kalinka qui relève que le médecin allemand, aujourd’hui âgé de 75 ans, a été condamné en 1997 à deux ans de prison avec sursis pour le viol d’une patiente de 16 ans à laquelle il avait injecté un sédatif…
http://www.estrepublicain.fr/fr/france-monde/info/4831520-Justice-Il-aura-fallu-qu-Andre-Bamberski-fasse-enlever-le-meurtrier-presume-de-sa-fille-en-1982-pour-que-celui-ci-soit-enfin-juge.-Le-proces-debutera-mardi-La-tenacite-d-un-pere

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