mercredi 30 mars 2011

Meurtre de Farbus : le conjoint plaide coupable

John Szablewski a reconnu, hier devant la cour d'assises de Saint-Omer, avoir tué sa compagne, Laurence Maille, en novembre 2007 à Farbus. Un véritable coup de théâtre puisque l'homme avait toujours nié les faits et multiplié les versions durant plus de trois ans.
« Je plaide coupable », lâche John Szablewski, froidement. Dans la petite salle de la cour d'assises de Saint-Omer, l'émotion est à son comble. À tel point que l'audience a dû être suspendue quelques minutes, après que la mère de la victime eut fait un malaise. Car jusqu'alors, le Farbusien de 32 ans n'avait eu de cesse de confondre les enquêteurs et les magistrats en multipliant les versions des faits. Il avait d'abord fait croire que sa compagne Laurence avait disparu après être partie promener son chien, allant même jusqu'à lancer des avis de recherche le jour même. Une thèse qui ne tiendra pas longtemps la route au vu des éléments recueillis par les gendarmes. Ces derniers, suspectant une mise en scène, découvrent d'ailleurs, quelques jours plus tard, des tâches de sang sur le matelas du lit conjugal.
John Szablewski revient alors sur ses propos et déclare que la jeune femme s'est, en réalité, suicidée. Paniqué à l'idée de « ce qu'on aurait pensé d'elle », il avoue l'avoir enterrée dans le bois de Vimy, à proximité du mémorial canadien. Mais une fois le corps retrouvé, l'autopsie révèle une mort par strangulation ainsi que la présence, à forte dose, de sédatifs. Nouveau rebondissement deux mois plus tard, l'avocate du principal suspect, alors mis en examen, reçoit deux courriers anonymes mettant en cause l'ex-mari de Laurence et deux de ses amis que lui-même soupçonnait d'être mêlés à l'affaire. Enfin, lors des derniers interrogatoires, John Szablewski change encore son fusil d'épaule et accuse un certain Marcello, avec lequel il avait fait des affaires illégales, d'avoir tué sa concubine puis de l'avoir contraint, par l'intermédiaire de deux hommes de main, à l'enterrer.


« J'ai fui mes responsabilités »
Suite à ses aveux, c'est encore une tout autre version qu'a donnée l'accusé hier. Laurence aurait découvert qu'il lui avait caché sa perte d'emploi et sa situation financière difficile et le suspectait, notamment, d'avoir utilisé frauduleusement sa carte bancaire. Au cours d'une violente dispute à ce sujet le matin du 28 novembre 2007, il l'aurait étranglée avec le foulard et le collier qu'elle portait. « Je l'ai poussée dans le lit, j'ai sauté sur elle puis j'ai serré au niveau du cou et l'ai secouée pour qu'elle se taise, explique-t-il tout en reproduisant spontanément les gestes.
Quand j'ai vu qu'elle ne bougeait plus, je n'arrivais pas à réaliser ce que je venais de faire. J'ai fui mes responsabilités et j'ai tout inventé. » Il transporte alors le corps dans sa voiture puis ligote les bras et les jambes de la défunte et recouvre sa tête d'un sac plastique avant de l'ensevelir sous terre. De retour chez lui, il efface toute trace du crime et vaque à ses occupations, comme d'ordinaire. La suite n'est alors plus qu'un vaste tissu de mensonges « méthodiquement élaboré », de l'avis de la présidente Anne Cochaud-Doutreuwe qui, tout au long de ce premier jour de procès n'a cessé, tout comme les avocats de la partie civile, de mettre John Szablewski face à ses contradictions.
Pourtant, le jeune homme, décrit à multiple reprise comme « égocentrique », « vantard », « manipulateur » - voire même comme « un robot » dénué de toute émotion par son ex-femme -, ne se démonte pas et trouve réponse à tout.
Reste à savoir si ses aveux, accompagnés de timides remords, sont « sincères ou opportunistes ». « À force de raconter tout et n'importe quoi, on n'arrive plus à le croire, considère Me Bleitrach, l'avocate des parents de Laurence Maille. Nous allons devoir faire l'instruction à l'audience. » Le prévenu risque la réclusion criminelle à perpétuité pour homicide volontaire commis sur sa concubine. Verdict en fin de semaine.

http://www.nordeclair.fr/Actualite/2011/03/30/meurtre-de-farbus-le-conjoint-plaide-cou.shtml

Aucun commentaire: