jeudi 26 mai 2011

La saga de l'héritage du comte de Paris continue au TGI

Sanguines de la main de Louis XIV enfant, tableaux, joyaux et archives, châteaux, chapelles et immeubles... La bataille autour de l'héritage du comte de Paris menée par ses enfants qui estiment avoir été lésés va connaître jeudi un nouveau développement au TGI de Paris. La 2e chambre civile du tribunal, dont le délibéré attendu fin avril avait été reporté d'un mois, ne devrait pas décider dès jeudi d'exiger, ou non, la restitution des biens légués de son vivant par Henri de France (1908-1999) à la "Fondation Saint-Louis" qu'il présidait, estime Me Olivier Baratelli, avocat de deux des plaignants.

Mais elle pourrait demander que soit versé au dossier un acte supplémentaire, concernant un petit-fils du comte de Paris, nécessaire pour déterminer les parts de chacun des neuf enfants encore vivants du comte et de son épouse Isabelle d'Orléans et Bragance (1911-2003). La décision sur le fond devrait donc intervenir plus tard, selon l'avocat. "Mais c'est très bon signe", selon Me Baratelli. Si les moyens invoqués par les plaignants avaient été rejetés d'emblée, dit-il, le tribunal ne chercherait pas à "savoir qui a droit à quoi".
Un patrimoine familial "bradé"
L'affaire est ancienne et imprégnée des relations exécrables qu'a eues le comte de Paris au soir de sa vie avec sa famille. "Ils n'auront rien, que leurs larmes pour pleurer", aurait dit le comte de ces enfants qu'il s'était mis à détester. Cette haine serait née de sa frustration, dans les années soixante, lorsque, descendant direct de Louis XIII, arrière-arrière-petit fils de Louis Philippe, il avait vu ses ambitions politiques définitivement anéanties. "Notre père, mis en échec systématiquement sur les objectifs qui donnaient un sens à sa vie (...), ne pouvait que sombrer dans la haine de nous tous (...) Son but final, j'en suis persuadé, était de nous détruire", a écrit son fils Jacques dans un livre paru en 1999*

C'est ainsi que le comte, qui vivait depuis des années avec sa dame de compagnie, aurait "bradé" le patrimoine familial et créé la "Fondation Saint-Louis", à laquelle il léguait ce qu'il n'avait pas vendu. Depuis la mort de leurs parents, les enfants déshérités réclament à la fondation qu'elle restitue ce qu'elle a reçu. Un trésor inestimable: châteaux d'Amboise et de Bourbon-L'Archambault, chapelle royale de Dreux, chapelle expiatoire de Paris, deux immeubles, en plus des oeuvres d'art, bijoux, archives, porcelaines, etc. "Le comte de Paris a dérogé aux règles de la République, il n'avait pas le droit de donner plus de 25% de sa fortune", justifie Me Baratelli, soulignant le caractère "historique" de cette procédure. "Imaginez, 70 dessins exécutés par Louis XIV enfant!", lance-t-il, en affirmant que ses clients sont décidés à montrer au grand public ces sanguines uniques, tout comme le reste des oeuvres réclamées.

La fondation se refuse à tout commentaire sur les décisions de justice à venir mais, selon son avocat, Me Thomas Rouhette, cité en avril par Le Parisien, elle ne serait "pas opposée à la restitution des biens mobiliers". En revanche, n'ayant fait que succéder à la "société civile du domaine de Dreux" créée en 1886, la fondation estime que les biens immobiliers "n'ont rien à voir avec la succession du comte de Paris".
http://lci.tf1.fr/france/justice/la-saga-de-l-heritage-du-comte-de-paris-continue-au-tgi-6504342.html
* Les ténébreuses affaires du comte de Paris, aux éditions Albin Michel.

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