L’affaire de mœurs, jugée en cours d’assises depuis jeudi, était délicate. Le verdict était attendu, et est tombé hier en début d’après-midi. Jean-Jacques Gauthier, présent à la barre, est condamné à 5 ans de réclusion criminelle, dont trois avec sursis et mise à l’épreuve. L’homme a une série d’obligations à respecter, dont un suivi médical.
L’enjeu de ce procès était bel et bien la peine à laquelle ce père de famille de 54 ans allait être condamné. Les faits, reconnus par l’accusé, ont été exercés sur sa conjointe, aujourd’hui décédée des suites d’un cancer, sur une période de 10 ans. La partie civile était donc constituée des trois filles du couple.
Les poursuites à l’encontre de Jean-Jacques Gauthier ont commencé le 28 août 2008 quand, de retour de vacances, la situation a dégénéré. Une scène de violence — coups de poing, bagarres, gifles, bousculades — commence sans réel motif. L’homme finit par menacer sa femme avec un couteau. Les forces de l’ordre, appelées par la fille aînée, interviennent. Il est amené au poste, où des tests d’alcoolémie révèlent que l’accusé est sous l’emprise de l’alcool. La conjointe décide alors de porter plainte contre lui. Et là, les révélations s’enchaînent.
Elle rompt le silence, et témoigne des violences physiques, psychiques et sexuelles, qu’elle subit depuis plusieurs années, de la part de son mari à un rythme soutenu.
Elle évoque « le sentiment d’être sa chose ». Des faits accentués par l’alcool. Sa fille aînée témoigne : « Notre père avait deux personnalités distinctes. Une où il était agréable, bon vivant et aimant. Une autre où, alcoolisé, il était violent et brutal. Mais il ne nous a jamais touchés ou frappées moi et mes sœurs ». L’épouse est décrite par les témoins comme une femme « discrète, naïve et à faible personnalité ». La révélation des faits a surpris tout le monde, tant le couple apparaissait « bien ensemble ». « Le problème à la maison est qu’il n’y avait pas de communication. On ne parlait jamais, à part de la vie courante », raconte devant la cour l’une des filles.
À la barre, Jean-Jacques Gauthier apparaît confus et distant vis-à-vis des faits qui lui sont reprochés, tant ses propos sont brefs. À la question de savoir pourquoi, il répond : « Il y avait des problèmes financiers à la maison, et je ne savais rien de tout ça. Cela m’énervait quand j’avais bu ». L’avocate générale, Virginie Deneux, s’interroge : « A-t-il conscience de la gravité des faits ? A-t-il évolué ? ». Sa personnalité révèle que « ce père est limité intellectuellement ». Son psychologue déclare devoir poursuivre le travail commencé avec son patient. « Le début du processus a été engagé, il en est capable mais il faut poursuivre dans ce sens. La prise de conscience a commencé » explique le médecin.
Reste LA question : l’homme gagnerait-il à être incarcéré une nouvelle fois ? Sachant qu’il a déjà fait trois mois ferme après les révélations du 28 août 2008. La partie civile a plaidé pour que Jean-Jacques Gauthier ne retourne pas en prison. Jeudi, l’un des filles avançait : « Nous avons un frère handicapé qui a besoin de son père. Il a déjà perdu sa mère. Ils se voient tous les week-ends, et mon papa s’occupe bien de lui. Que va-t-il devenir s’il se retrouve sans parents ? ». Des paroles déroutantes au vu des faits reprochés. « Aujourd’hui, j’en veux plus à ma mère qu’à mon père. Elle n’a pas mis un terme à la situation avant. Nous avons toujours regretté cette journée du 28 août, et ma mère aussi. Elle n’a jamais eu le courage de le quitter, car elle l’aimait », ajoute-t-elle.
« Mais le pouvait-elle vraiment ? N’avait-elle pas peur ? », lance Virginie Deneux. La plus jeune des filles révèle ne pas avoir souvenir des événements : « Oui, j’entendais des choses, mais je n’ai jamais vu de scènes de violences ».
La réalité est là : les trois filles en peine, le devenir de cet enfant handicapé, et le suivi psychologique du condamné à poursuivre. L’avocate générale plaide pour cinq de prison, avec un accompagnement renforcé. La défense et la partie civile se rejoignent et souhaitent d’avantage une peine de soins qu’une peine d’incarcération. Sans mandat de dépôt, l’homme est reparti « libre » du tribunal. Ses enfants se déclarent « soulagés. Nous avions peur qu’il parte tout de suite en prison sans dire au revoir à Benjamin et à sa famille ».
http://www.leprogres.fr/jura/2011/05/14/violences-et-viols-sur-son-epouse-le-pere-de-famille-reconnu-coupable
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