jeudi 16 juin 2011

Assises / 30 ans de réclusion requis contre Bara Kasse Codevelle

Ce matin, l'avocat général convaincu de l'intention d'homicide a requis trente ans de réclusion criminelle contre Bara Kasse Codevelle. Cet après-midi, c'est au tour de la défense de prendre la parole. Elle devrait plaider le coup de folie et demander l'acquittement.

Réactualisé à 13h25. Hier, la cour s'est penchée sur la personnalité de Bara Kasse Codevelle, accusé d'avoir porté 49 coups de couteau à sa compagne. Des faits qu'il reconnaît, mais dont il indique ne pas se souvenir.
«J E ne veux pas la salir ou l'offenser. Je lui ai déjà fait assez de mal. Ça fait deux ans que je pense à elle, à sa famille, au mal que j'ai fait. Je vais être condamné, c'est une certitude… Oui, je suis possessif. Ça me rongeait. C'était plus fort que moi. Elle, je l'aimais trop. Plus que la normale. C'était fusionnel. Pour moi, c'était ma femme, la femme de ma vie. Je la voyais comme la future mère de mes enfants… Je l'aimais à mourir. » Debout, la tête légèrement baissée, Bara Kasse Codevelle, 23 ans, un jeune homme athlétique au regard étrangement enfantin, n'a jamais nié les faits qui lui sont reprochés.
Hier matin, il s'est tourné vers la victime, la fixant droit dans les yeux. « Il n'y a rien sur terre qui puisse effacer le mal que j'ai fait, mais je te demande pardon. »
Depuis mardi, Bara Kasse Codevelle dit « Junior » entend les différents témoins - policiers, pompiers, enquêteurs, amis de la victime, experts - raconter, détailler les moindres minutes de la scène de crime et les quelques jours qui ont précédé le drame… avec un regard troublé vers sa victime.Une jolie jeune femme brune à l'allure frêle et douce, au regard aujourd'hui encore apeuré, mais qui avec courage et dignité affronte l'insoutenable. Une épreuve insupportable pour la Sparnacienne (lire ci-après) qui s'est effondrée à plusieurs reprises, jusqu'à quitter la salle en milieu d'après-midi.


« Une personnalité de type limite »
Après les différents témoignages, la cour s'est donc penchée sur la personnalité de l'accusé.
L'expert psychologue a témoigné « d'une personnalité de type limite », présentant « la base d'une dangerosité criminelle non négligeable ». Il met en exergue « des troubles du développement psychoaffectif en lien avec des maltraitances maternelles précoces et des difficultés à appréhender et élaborer l'ensemble des affects ». Il évoque « une impulsivité d'enfant, un moment de confusion totale » lorsque l'accusé raconte les faits. « Il en fait un récit onirique. Il perd pied de la réalité. Il dérape, il a un trou de mémoire, une amnésie partielle. Il se rappelle avoir pris un couteau et s'être réveillé à l'hôpital. Il voit du sang. Il dit vouloir mourir. Dans son rêve, il se voit sauter. Il déclare : « ça a dépassé tout mon corps ». On peut imaginer un état de déni au moment des faits… ». Et de rapporter « un réel sentiment de regret, de remords et de culpabilité » de sa part.
De leur côté, les experts psychiatres ont conclu que le sujet « ne présentait pas d'état dangereux psychiatrique justifiant un internement », et qu'il « n'avait pas d'abolition du discernement et du contrôle de ses actes au moment des faits ». lls ont cependant estimé que « son discernement était légèrement altéré ».


« Je n'ai pas le cœur noir »
Dubitatif sur « l'amnésie » de l'accusé, Me Ludot a longuement questionné l'expert psychologue sur l'état mental de Bara Kasse Codevelle au moment des faits.
« J'assume mes actes… », a rétorqué l'accusé en invectivant l'avocat de la partie civile. « Je n'ai pas de tactique. Je ne me souviens pas d'avoir mis les coups de couteau. Je suis sincère et je ne mens pas. Quand on m'a dit ce que j'avais fait, j'ai cru à une blague. Même aujourd'hui, ça fait deux ans, je ne me rappelle pas ! Et Dieu merci que je ne me souvienne pas de ces images. Si je devais m'en souvenir, je ne serais pas là. Je me serais mis la corde au cou… Je n'ai pas le cœur noir. Je regrette amèrement ce que j'ai fait. Ça me dépassait… Il y avait une part en moi que je ne pouvais pas contrôler. L'homme qui comparaît devant vous n'a rien à voir avec celui qui a commis cet acte. »
De souvenirs, il ne garde que son arrivée dans l'appartement. Pour lui, une séparation de plus… « C'est vague dans ma tête. J'étais en train de m'alcooliser, de fumer… Quand elle est rentrée, j'étais complètement détaché. J'ai voulu lui parler. Elle faisait tout pour me pousser à bout… Elle m'a insulté : « Fils de… », « Enfant de la Ddass »… Je ne sais pas ce qui s'est passé après. J'ai des flashs. Parfois, je me vois avec un couteau à la main. J'ai des images qui me reviennent, mais je ne sais même pas si c'est la réalité ou mon imagination. »

http://www.lunion.presse.fr/article/marne/assises-30-ans-de-reclusion-requis-contre-bara-kasse-codevelle

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