Il comparaissait vendredi à la barre du tribunal correctionnel d'Arras pour homicide involontaire. Sa vie, et celle, surtout, de son ami d'enfance, Mehdi Dumain, 20 ans, ont basculé le 27 février dernier, sur l'autoroute A1, à hauteur de Riencourt-lès-Bapaume.
C'était un dimanche matin comme les autres, Nicolas W., fraîchement titulaire du permis de conduire, a pris la voiture de ses parents pour aller, avec ses copains du village de Ribecourt-Dreslincourt, dans l'Oise, en boîte de nuit. Sept jeunes partent à deux voitures. Une bonne soirée, arrosée, gratinée de quelques « tafs de cannabis » au Kes West à Bours. Qui tourne au drame, à la façon du pire des spots de prévention... « On s'est retrouvé vers 23 h. On est arrivé en boîte vers minuit. On a passé une bonne soirée. On est ressorti vers 6 h », raconte Nicolas, démonté, à la barre. « On s'est reposé ensuite une heure dans la voiture, sur le parking » continue le jeune homme. Et puis, il décide de partir.
« D'habitude vous dormez sur place... » souligne la présidente Woillez. Pas cette fois. Cette fois, Nicolas W. tape au carreau de la deuxième voiture qui transportait le reste de la bande. « On y va ? » « C'est mort, on dort », rétorquent ses camarades. Nicolas W. décide de rentrer quand même. Il a trop bu. Il le sait. Tous ont eu l'occasion de faire un test d'alcoolémie, proposé par l'établissement de nuit. Nicolas W. souffle à 0,67 mg/litre d'air expiré. « J'ai cru que j'étais quand même en état de conduire » souffle-t-il au tribunal. « L'inconscience », lâche-t-il.
D'autant que ce jeune conducteur ramène deux de ses amis d'enfance. « Avez-vous informé vos passagers que vous partiez ? » interroge la présidente. « Oui, je l'ai dit à Kévin (le passager avant). Mehdi dormait, je n'ai pas voulu le réveiller. » À l'arrière, le jeune homme est allongé sur la banquette. Il n'est pas attaché.
Au retour, à 8 h 15, sur l'A1, en direction de Paris, le conducteur s'endort au volant, en dépassant un bus. Un témoin voit la Fiat Brava partir, quasi à angle droit, dans le talus, sans raison apparente. La voiture fait plusieurs tonneaux, finit sa course sur le toit. Mehdi Dumain, 20 ans, est éjecté. Il décède sur le coup.
À l'audience, les parents de Mehdi, très dignes, pèsent par leur silence. Accablant.
« Si Mehdi avait été attaché, il ne serait pas mort. Et à aucun moment, il n'a eu la possibilité de décider s'il s'attachait ou pas ... » souligne la substitut du procureur, Élise Bozzolo. À la barre, le prévenu garde la tête basse. « Je suis stupéfaite , tempête la présidente, quand on est un jeune homme responsable, intelligent, des risques pris. » « Je m'en veux beaucoup, je suis désolé », répète Nicolas W. qui finit l'audience en sanglots retenus.
« On voit des jeunes qui présentent bien, et qui, par une immaturité terrible, transforment un moment festif en drame. Avec quatre mois de permis, il s'est senti invincible. Il faut qu'il comprenne, il faut une sanction » plaide l'avocat de la partie civile. « Aujourd'hui, tous les discours surviennent trop tard, Il faut que des sanctions servent d'exemple pour qu'il n'y ait pas d'autre Mehdi Dumain », s'insurge la substitut. Qui requiert deux ans d'emprisonnement dont un an assorti d'un sursis simple.
« Il est coupable, il le sait. Depuis le drame, il suit un traitement, il ne dort plus, il est toujours angoissé. Ce n'est pas un jeune qui boit régulièrement, ce n'est pas un drogué. Il vient de passer son bac, veut poursuivre ses études. Si la prison était une solution pour ce genre de chose, on le saurait... » plaide Me Chroscik, avocat de la défense.
La décision a été mise en délibéré. Elle sera rendue le 7 juillet. Dure tâche qui pèse sur les épaules du tribunal.
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Arras/actualite/Secteur_Arras/2011/06/25/article_drame-de-la-route-la-mort-de-son-ami-sur.shtml
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