Des voisins qui ne se supportent plus, qui s’accusent mutuellement de tous les maux, les querelles de voisinage se règlent souvent dans le bureau du conciliateur de justice. Ils sont une trentaine dans le département
Le bruit, la haie mal taillée, les feuilles dans la piscine, la place de parking qu’on se dispute, le droit de passage, les querelles entre voisins sont fréquentes et elles finissent parfois devant un tribunal (lire ci-dessous). La trentaine de conciliateurs de justice de l’Ain en voit de toutes les couleurs. Eux qui sont chargés de régler à l’amiable les problèmes de droit privé sont régulièrement saisis par le juge de proximité ou par une des parties en conflit.
« Nous écoutons, nous demandons la position de chacun, nous invitons les gens à se rencontrer, il n’y a aucune contrainte », raconte Guy Madelpuech, conciliateur de justice depuis onze ans à Bourg-en-Bresse. « Ce sont souvent des problèmes qui paraissent anodins, mais ça enfle, et ça devient invivable. » « Nous sommes des facilitateurs par rapport à un dialogue qui n’existe plus », ajoute son collègue Bernard Sonnet.
De la patience, du dialogue, il en faut face à ces voisins qui ne se supportent plus. « J’ai eu le cas d’un mur qui s’écroulait chez quelqu’un, mais qui refusait que son voisin entre chez lui pour réparer, se souvient Guy Madelpuech. On rencontre aussi beaucoup de droit d'échelle, le refus de laisser entrer chez soi pour repeindre un mur ou tailler une haie. »
« C’est parfois enfantin, mais ça devient le far-west, constate Bernard Sonnet. Il y a celui qui place son tas de bois exprès pour boucher la vue de son voisin, ou celui qui attend que l’autre invite à manger des amis pour mettre Luis Mariano à fond, ou encore qui met sa poubelle ou sa voiture devant la maison de l’autre pour l’embêter. Des problèmes bénins pour nous, mais qui prennent d’énormes proportions pour ceux qui n’ont que ça à penser de la journée. »
« Tout ça parce qu’il y a vingt ans on ne s’est pas dit bonjour, s’étonne Bernard Sonnet. Un jour une femme était persuadée qu’on jouait aux boules devant chez elle juste pour l’épier. Elle écrivait au maire, aux gendarmes. C’est parfois à la limite du risible, comme ce barbecue qu’on allume soi-disant quand le vent va vers la maison de l’autre ! »
« Quant aux problèmes immobiliers, ils sont quelquefois inextricables, selon Guy Madelpuech. En ville, les constructions sont parfois imbriquées, surtout quand elles appartenaient à un seul propriétaire, et maintenant, on ne sait plus si tel mur est à untel ou s’il est mitoyen, car le notaire ne l’avait pas noté. Il y a aussi les locataires qui ne connaissent pas un ancien droit de passage qu’ils prennent pour un parking. »
« Il y a beaucoup de problèmes de jalousies, on veut embêter le voisin parce qu’il a réussi. Parfois il est question d’un grillage qui a grignoté dix centimètres de terrain. Et la querelle concerne souvent d’anciens amis qui l’ont posé ensemble ! » relate Bernard Sonnet. « Parfois, les gens ont pris leurs aises parce que l’autre propriétaire était loin, ou alors il y avait un accord avec le grand-père pour échanger un bout de terrain pour laisser passer la remorque, mais l’héritier remet tout en question. Le problème apparaît souvent au moment d’un rachat de maison quand le bornage n’avait pas été fait. »
« Un conciliateur, c’est un peu comme un confesseur, le fait de prendre un problème au sérieux a déjà un rôle thérapeutique, explique Guy Madelpuech. La plupart des saisines ne sont pas fondées. Les gens viennent pour raconter et nous donnons des conseils. La fonction d’écoute est très importante dans notre société. »
Quand la négociation est possible, le conciliateur peut faire signer un accord qui est remis au greffe du tribunal. Si le problème est plus complexe, les parties sont invitées à voir un notaire ou un avocat.
« Plus que du juridique, ce que nous faisons c’est réamorcer un dialogue, avec 50 % de réussite », conclut Guy Madelpuech.
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